Une fois de plus, je me réveillait en sursaut.C'était tout le temps pareil depuis la mort de papa. Je revoyais toutes les nuits cette scène où papa avait été assassiné, papa couché à terre dans un bain de sang, une arme braquée sur moi j'étais impuissante, je ne cessais de pleurer en le voyant ainsi. j'aurais tant aimé pouvoir le sauver cette nuit-là. Pouvoir revenir en arrière et lui dire qu'on devrait aller tous ensemble en voyage avec maman et Yanis. Tout était de ma faute, moi et mes caprices si je n'avais pas insisté pour voir le concert de Davido tous ceux-là ne se serait produit. Je m'en veux toujours 10 ans après ça, et je m'en voudrais jusqu'à la fin de mes jours.
Après la mort de papa, les malheurs se sont abattus sur nous comme la neige pendant l'hiver. Nous avons été chassés de chez nous par le petit frère de papa qui était également son avocat. Tonton George était la seule famille de papa. Il était la personne en qui papa avait le plus confiance, mais celui aussi qui après sa mort n'a pas hésité à chasser la famille de son frère et a détourné son entreprise. Papa n'avait jamais voulu que maman travail, il trouvait qu'elle était mieux à la maison à s'occuper de son foyer comme toute bonnes femmes soumises. Nous nous sommes donc retrouvés à la rue sans rien. Tout le monde nous avait tourné le dos. Les amies de maman qui après avoir appris la situation lui avaient fait pareil. Je ne connaissais aucun parent de maman et elle ne nous avait jamais parlé d'eux. Lorsque je lui demandais, elle changeait toujours de sujet. Personne ne voulait nous venir en aide. Je n'avais que 12 ans à cette période, mais j'étais consciente de ce qui se passait autour de moi. Maman nous disait à moi et mon frère que tout allait bien, elle essayait de nous rassurer, que tous allait revenir en ordre. Mais plus rien n'allait redevenir pareil, j'avais été témoin de l'assassinat de papa, je l'avais vu mourant, j'avais vu son corps livide dans un bain de sang. Avec les économies que maman avait nous avons pu nous trouver un appartement dans un quartier populaire d'Abidjan. Avec ce qui nous restait maman a pu ouvrir un commerce. C'est grâce à ce commerce qu'elle a réussi à payer nos frais de scolarité à moi et mon frère. Maintenant, que j'ai obtenu mon diplôme management de la logistique et des transports, je me dois de trouver un emploi pour subvenir au besoin de ma famille.
Yanis : encore le même cauchemar
Moi : oui désolé de t'avoir réveillé encore une fois
Yanis : t'inquiète pas pour moi, je ne dormais pas. Kenza pourquoi tu ne dis pas à maman que tu continues de faire le même cauchemar
Moi : ne t'inquiète pas, ça va passer et puis je vais bien.
Yanis : tu ne m'écoutes jamais, cela fait maintenant 1 an que tu fais le même cauchemar et tu ne veux pas en parler.
Personne ne savait depuis combien de temps, je faisais ce cauchemar. Je ne voulais pas en parler. Je ne serais jamais prête pour en parler. Je préférais le garder pour moi. J'arriverai à combattre ça toutes seules. En plus de tout cela, maman n'avait pas les moyens pour me payer une consultation chez un psychologue.
Yanis : oh, je te parle.
Moi : ça va là, Yanis sort de ma chambre.
Yanis : c'est aussi ma chambre.
J'avais oublié qu'on partageait la même chambre.
Moi : dis, tu n'as pas cours ?
Yanis : si, mais je suis tellement fatigué des cours.