CHAPITRE III

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Sanjay Shaikh
Enpire Rama.
Disparu.

Tout en marchant, elle me raconte que nous sommes dans la banlieue de l'une des sept cités Rishi. Les Rishis, dans la tradition indienne, sont des sages, qui ont la connaissance et le savoir des temps ancien. Et les citées dont elle me parle sont dans les légendes du Mahabarata et le Ramayana. Toutes ces histoires m'ont été racontées par grand-père. Mais elle, on dirait qu'elle y vit directement. Comme si, pour elle, il s'agit de faits qui se sont déroulé dans leur histoire. Elle me parle de vimanas, sorte de ville qui flotte dans les airs et que dans celles-ci, se trouve le peuple à l'abri du besoin, et d'une sorte de roi dieu immortel, et véritable tyran. Le dieu et constamment en train de faire la guerre ou de chercher tout ce qui a de la valeur au-delà du rose du ciel et des étoiles.

C'est une véritable pipelette, mais elle m'apprend beaucoup de choses sur son peuple... Mon sentiment et que, même si son peuple a l'air exploité et en souffrance, il n'est pas mien. Et je suis même impatient de passer pour un charlatan afin de repartir chez moi. Et là, j'hésite même à prendre Asha avec moi tellement, elle me met la migraine...

Je dois bien avouer par contre que l'endroit est beau. Il y a des champs de cultures partout autour de nous et tout est vert. D'un côté de la route, des champs de céréales qui ressemblent à du blé, et de l'autre côté, on se croirait en Thaïlande, ou en Chine dans les rizières, avec des terrasses vertes sur une petite colline qui monte en pente douce, remplis d'eau et de plantes. La lumière rose fait penser à un coucher de soleil perpétuel, existant dans certains coins de mon monde. Pourquoi Grand-père est-il parti d'ici ? Il aurait pu nous cacher dans ces bidonvilles que j'aperçois. Plus j'avance et plus une chose me frappe... Que ce soit sur le sol ou en habillage sur les façades des maisons, tout a des reflets or. Et effectivement, en me baissant, sur le chemin, je ramasse une pépite d'or comme on ramasse une pierre calcaire.

— C'est des pierres malléables me dit elle. Il y en a partout ici.

— Oui, je connais l'or. Vous êtes tous riche alors pour en avoir même sur les façades de vos maisons ?

— Riche ? Pour avoir partout des cailloux jaunes? Non, ici, nous vivons de nos cultures. Mais nous ne sommes certainement pas riches. Ceux qui vivent dans les villes flottantes sont sûrement riches. Mais riche de quoi ? Je ne sais pas. En-tout-cas, pour avoir une belle vie, il faut arriver à y monter et c'est bientôt le moment.

— Et si, je voulais y monter maintenant que je suis là ? Je dois faire comment ?

— Je ne sais pas si je peux te le dire. Si l'ancien trouve que tu en es capable, alors peut-être qu'il te le dira...

Puis, elle se tut. Cela me donne l'occasion de réfléchir.

Puisque je suis là, et que je vais avoir l'occasion de monter dans la ville vimana, je vais pouvoir gravir les échelons plus vite que je ne l'aurais pensé. Et qui sait, peut-être qu'avant la fin de la journée, j'aurai rencontré mon père... En parlant de journée...

— Comment compte-t-on le temps qui passe ici ? Vous avez des heures ? Des jours ? Des mois?...

Tout en se rapprochant de la ville, elle m'apprend que les heures sont comptées grâce au grand luminateur que l'on voit de loin. Elle me montre une sorte de lune, posée sur un pilier, mais de là où je suis, on dirait plutôt un fil de crin pour la pêche. Je ne comprends pas ce qui s'affiche dessus, mais il y a comme une minuterie qui défile et d'autres fixe. Cela doit être leur date et les heures. Quelque chose est bizarre avec cette sorte de gigantesque horloge. Quand on ne la regarde pas directement, les chiffres s'effacent, et la boule ressemble à un satellite autour de cette planète.

En regardant les numéros défiler comme des secondes de ma montre, je m'aperçois que le temps est identique a chez moi.

Je demande à Asha quand la nuit doit tomber. Et sa réponse me surprend. Non seulement les secondes défilent à l'identique, mais les heures aussi. Il y a donc vingt-quatre heures ici aussi. Elle me dit que la planète fait un tour complet autour de son étoile en un an, mais quelque chose m'intrigue quand elle me dit qu'il y a dix saisons dans une année. Cinq humides, et cinq chaudes. Et une saison fait trois-cent-soixente-cinq jours... et elle me dit qu'elle a en âge dix-sept saisons... et je comprends à son regard que ce que je lui ai dit tout à l'heure l'a surprise. Je lui ai dit que j'avais cent-soixente-dix saisons comme mon grand-père me le disait... Mais ce n'est pas possible en réalité. Car une saison chez eux vaudrait un an chez moi. Cela voudrait dire que mon grand-père comptait en temps de ce monde et que j'aurai donc cent-soixente-dix ans chez moi. Impossible...

Mais je n'étais plus le temps de me soucier de mon âge, car nous entrons dans sa cité. Il est impossible de décrire ce que je vois. Les maisons sont à la fois précaires, et parées de dorures, comme des serpents qui ramperaient sur les murs. Sur terre, tout cet or n'aurait pas pu rester accroché ainsi plus de cinq minutes sans disparaître. Mais ici, l'or est traité comme un vulgaire morceau de plastique. Il y en a partout. Nous nous arrêtons devant une bâtisse sur deux étages, toute biscornus, et Asha frappe à la porte. Un jeune homme d'à peu près mon âge ouvre la porte.

— Qui c'est lui avec les habits de ton père, demander l'homme à Asha avec un air de méfiance ?

— Travi, je l'ai sorti de l'eau, alors que je faisais la lessive ! Il faut que tu trouves l'ancien ! Nous devons nous réunir. Dis-lui que j'ai peut-être trouvé l'élu de la prophétie ! Asha était toute excitée en racontant son aventure.

— Tu es sûre ? Il ne ressemble pas à un dieu ou...

— Dépêche-toi, veux-tu ! Asha s'est mise en colère ! Elle fait une moue qui est à la fois drôle et mignonne, certainement pour essayer de paraître plus dure, mais cela ne marche pas. Enfin, cela ne marcherait pas pour moi.

— D'accord, d'accord, j'y vais, mais je n'y crois pas une seconde... Encore un animal perdu... Râle Travi. Puis, il part dans une ruelle à l'opposé de nous en soulevant les bras comme un arbre dont les branches seraient secouées violemment par le vent.

— Il est un peu antipathique non lui demandai-je ?

— Il a son caractère, mais il n'est pas méchant...

Je sens le doute s'installe dans sa voix. Je vais me méfier de lui. De toute façon, il ne sera pas une menace si jamais on doit en arriver aux mains... J'ai confiance en mes capacités. Grand-père m'a fait m'entraîner durant toute ma vie. Je ne crains personne.

Asha me conduit chez son père. Sa maison est toute petite et l'on devine que tout se passe dans cette unique pièce. Elle sert de salon, cuisine, et même dortoir, avec des hamacs dans différentes hauteurs. Elle m'explique que son père est encore au champ. Il prépare la moisson à venir, en même temps que tous ici. Mais ils seront bientôt de retour pour accueillir l'élu...

— C'est quoi cette histoire d'élu lui dis-je ?

— Il y a une prophétie, depuis bien des saisons. Elle dit... je ne peux pas te le dire encore... nous irons voir l'ancien, il en sait plus que moi. Mais d'abord, reposons nous un peu.

Elle me dit ça pour que je la laisse tranquille, car elle s’affère d'un côté et de l'autre de la maison. Elle me donne le tournis. En m'asseyant sur le plus bas des hamacs, entre ma peau et le haillon qu'elle m'a donné, je sens le pendentif me frotter le torse dans un balancier infernal. Je le sors pour l'examiner. Il est à la fois fascinant et bizarre. Et je bloque un peu dessus assez longtemps pour ne pas voir la paire d'yeux bleus s’approcher derrière mon épaule.

— Mais où as tu eu cet objet me demanda Asha d'un coup, très intéressé ?

— Mon grand-père me l'a donné juste avant que je n'atterrisse ici.

Je ne comprends que lorsqu'elle sort en courant de la maison qu'elle vient de m'arracher le pendentif. Alors, j'essaie de la suivre, et je me mets à courir frénétiquement derrière elle. Mais elle connaît mieux les environs que moi et courir pied nu sur le sol en terre avec des cailloux pointus, me ralentit énormément. Et le temps de réfléchir à ces obstacles me fait perdre de vue Asha qui disparaît à l'angle d'une maisonnette...

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