Partie 1

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« La première fois que je suis mort, cela m'a fait tout drôle. Pas tant de mourir finalement, mais parce que c'était nouveau. Je suis décédé de mon plein gré, avec une part d'égoïsme assumée : je voulais voir à quoi ressemblerait mon enterrement. J'ai toujours rêvé de vivre ce moment-là car, il faut bien l'avouer, il est frustrant d'assister à celui des autres et de toujours manquer le sien.

La vie n'offre finalement que deux occasions de réunir la famille et les amis autour de soi : son mariage et son enterrement. Ils viennent alors s'agglutiner dans une église et commencent à pleurer. De joie quand vous dites oui. De peine quand vous êtes allongé dans un magnifique cercueil en bois de vingt-deux millimètres d'épaisseur, équipé d'un dispositif d'étanchéité au fond et de quatre poignées sur les côtés.

Vu que mon mariage avait eu lieu il y a fort longtemps, dans l'intimité d'une cérémonie confidentielle et - pourquoi le nier ? - ratée, je voulais absolument vivre intensément mon enterrement. Je considérais cela comme un droit fondamental et inaliénable attaché à ma personne.

Cependant, il ne fut jamais question de mourir vraiment ; simuler était amplement suffisant. Après avoir été malheureux pendant plusieurs mois, creusé ma dette, laissé une lettre crédible évoquant un pont d'où l'on peut sauter, je disparus. Une semaine après, on organisait mes obsèques. Il n'avait pas été jugé utile de poursuivre la recherche du corps plus longtemps.

Aux dernières loges de mon enterrementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant