Sept en été

Samedi 2 juillet

        Ce matin-là, Madeleine se réveilla tôt, sans qu'elle ne sache pourquoi. Bien qu'il fût seulement huit heures et quart, on entendait déjà les cigales chanter tout autour de la maison et quelques timides rayons de soleil se déposaient sur son oreiller. Enchantée par cette atmosphère estivale, elle quitta sa chambre sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Valentine, referma doucement la lourde porte en bois puis dévala les escaliers. Une fois en bas, pour ne pas réveiller non plus les garçons qui ronflaient lourdement, elle enfila une paire de tongs qui trainait là et sortit de la maison. Une fois sur le perron, une douce odeur de pins et de lavande l'enivra. Ah, ce qu'elle aimait cet endroit ! Elle parcourut la terrasse puis déambula dans le jardin, faisant le tour de la maison. Elle admira les volets verts, le buis soigneusement taillé, les murs de pierre peints d'un doux beige. Tout ici inspirait le calme. 

        "Bonjour !" fit une voix guillerette derrière Valentine. Elle sursauta. "Pardon, je ne voulais pas te faire peur. Je pensais que tu m'avais entendue arriver", reprit la voix. Valentine se retourna et découvrit une jeune femme qui devait avoir à peu près le même âge qu'elle. Avant qu'elle n'eût le temps de répondre quoi que ce soit, l'inconnue poursuivit : "J'habite dans la maison d'à côté. Tu es nouvelle dans le coin ?" Valentine se mit à bredouiller, prise de court, expliquant qu'elle résidait dans la maison de son amie pour les dix prochains jours. L'inconnue lui sourit et repartit derrière un buisson, après un "à la prochaine !" chaleureux. Valentine se sentit bête ; à la fois bête de s'être laissée surprendre et tirer de ses pensées par un inconnue et bête de ne pas avoir su mieux engager la discussion. Après tout, cette fille avait l'air très sympathique ! La jeune femme se jura d'être plus aimable si elle la recroisait dans les jours à venir. Soudain, les voix de Simon et Malo lui parvinrent au loin. Madeleine décida de revenir vers la terrasse, où elle les trouverait sûrement.

        "Tu es bien matinale, Maddie", lui lança Simon. Elle lui répondit par un sourire. "La promenade fut belle ?", l'interrogea Malo avec une pointe d'ironie dans la voix. 

"_ Figurez-vous que j'ai rencontré une voisine et elle a l'air d'avoir notre âge. Elle m'a paru très gentille.

_ Ça, ça m'intéresse !", rétorqua Simon en riant. Elle est belle ?" 

Malo lui donna un petit coup dans l'épaule. 

"Qu'est-ce qui t'intéresse ?", demanda Lila en apparaissant sur le pas de la porte, devant la terrasse. "Ou plutôt... qui ?", reprit-elle. Madeleine lui résuma la situation et Lila parut surprise. 

"_ Tu es sûre qu'elle a dit qu'elle habitait la maison d'à côté ? 

_ Oui, oui. Pourquoi ? 

_ La maison n'est plus habitée depuis des années. Elle appartenait à une riche famille d'italiens mais on ne les a pas vu dans le coin depuis bien longtemps. Il ne semble pas non plus avoir vu d'écriteau "à vendre". C'est bizarre... Je vais envoyer un message à ma mère, elle en sait peut-être plus !

_ En tout cas, elle avait l'air vraiment sympa, reprit Madeleine.

_ On n'a qu'à l'inviter !, ajouta Simon.

_ Ne sois pas bête..., lui répondit Malo. 

_ Non ! C'est une bonne idée !, le coupa Lila. Si Madeleine dit qu'elle a notre âge et qu'elle est sympa, pourquoi pas ! Pour une fois que Simon propose un truc intelligent...", dit-elle avec un sourire en coin. 

        Les quatre amis éclatèrent de rire puis ils s'attablèrent sur la terrasse, chacun une tasse de café à la main. "Quelqu'un veut passer au village avec moi pour acheter un petit-dej' plus consistant ?", proposa Lila. Malo se porta volontaire et ils partirent tous les deux, enfourchant les vélos des parents de Lila.