Chapitre 1 : Compte à rebours - Partie 1

68 8 5
                                    

Chapitre 1 : Compte à rebours

Son armée, vaincue, avait été écrasée à ses pieds. Pas un seul de ses hommes n'avait échappé au terrible feu qui les avaient cueillis dans la fleur de l'âge. Il ne restait plus que lui, le dernier général, retenu captif par son ennemi mortel qui s'apprêtait à lui prendre la vie à son tour. Il se sentait amer. Humilié.

Même son propre frère, endormi depuis longtemps à son poste, n'avait esquissé le moindre geste lorsque le dragon s'était jeté sur son dos dans un combat final aussi intense qu'épuisant. Tout espoir était mort lorsqu'il avait franchi les portes de la caverne.

Attaché sur sa chaise, le général regardait le dragon chantonner en préparant l'immonde potion qui mettrait fin à ses jours, sans gloire ni honneur. Il avait été condamné à boire la terrible potion de Bashu, le pingouin maléfique, et à mourir dans d'atroces souffrances. Pourtant, le général restait digne. Il ne ferait pas l'honneur à son ennemi de supplier.

Satisfait, le dragon se retourna, une tasse en plastique dans la main, qu'il alla poser sur la table dans une lenteur dramatique. Il pointa ensuite l'immonde concoction, noire comme la nuit, pour lui ordonner de boire. Le général soupira. La fin était venue.

Ses mains tremblant d'émotion, il peina à rentrer son doigt épais dans la petite anse en plastique de la tasse. Prenant garde à ne pas renverser le liquide sur le sol de la grotte - il avait des standards, et très peur de Maman Dragon, qui l'observait d'un sale œil depuis son fauteuil, plus loin -, le général porta la potion à ses lèvres et la but d'un coup.

La potion fit rapidement effet, et le général fut pris de violents soubresauts. Dans une série de gargouillements dramatiques, il s'effondra sur le dos, les bras en éventail. Il aurait sorti sa langue s'il en avait une. Mort. Il était mort.

Mais alors qu'il livrait son dernier souffle, le dragon changea subitement d'avis et se jeta sur sa cage thoracique pour le réanimer.

— Papy ! Ne meurs pas, Papy ! s'inquiéta le dragon, terrifié. Papy ! cria-t-il plus fort.

Sa lèvre se mit à trembler et ses yeux se remplirent de larmes, ce qui attira immédiatement la fureur de Maman Dragon, qui se leva brutalement de son siège.

— Tu vois bien que tu lui fais peur, sombre crétin !

Elle appuya sa tirade d'un coup de pied douloureux dans son pelvis. Le général grogna, mécontent, mais Maman Dragon grognait plus fort et lui cloua le bec d'un simple regard meurtrier.

Papyrus décida que c'en était assez pour cette session de jeu qui tournait lentement au vinaigre. Frisk, déguisé en dragon, se débattit dans les bras de sa mère, la reine Toriel, pour descendre. Cette dernière céda, et reçut un regard culpabilisant de l'enfant.

— Pas taper Papy ! le sermonna-t-elle. Papy gentil !

— Mais oui, mon ange, je ne vais rien lui faire. À la seule condition qu'il nettoie tout ce qu'il a sorti de la caisse à jouets dans les trente prochaines secondes.

Le soldat croisa les bras pour tenter de résister, mais considéra finalement que le risque était trop important pour lui désobéir. Non sans une certaine agressivité, le squelette commença à jeter les soldats de bois dans le bac, pour bien montrer qu'il était contrarié. Par ailleurs, il donna un grand coup de pied dans le fauteuil où son grand frère, Sans, faisait la sieste depuis deux heures. Le petit squelette perdit l'équilibre et s'écrasa la tête la première sur la moquette bleue, ce qui ne le sortit pas de ses songes pour autant.

Papyrus soupira. Comment en était-il arrivé là ? De capitaine de la garde royale à nounou pour un gamin d'à peine cinq ans. Si on lui avait dit ça il y avait encore quelques mois, il aurait ri à gorge déployée, mais Frisk n'était pas un gamin ordinaire. Il était le septième humain, celui dont les monstres avaient besoin pour briser la barrière et détruire l'humanité, et, depuis peu, celui que le capitaine Papyrus de Snowdin devait protéger au nez et à la barbe d'Asgore, le roi des monstres. L'enfant avait traversé une partie des Souterrains mais, au moment de le laisser rencontrer son destin funeste, il avait su convaincre Sans, le juge, que ça n'en valait pas la peine et que laisser Asgore prendre son âme ne les conduiraient tous qu'à un génocide dont personne n'avait envie. Depuis, un pacte était né entre Toriel, Sans, Papyrus, Undyne, Alphys et Mettaton : ils se relayaient pour protéger l'enfant et lui offrir une vie décente dans les Souterrains, à l'abri du danger. Une affaire loin d'être simple quand la moindre traîtrise était rapportée au roi et finissait en exécution publique.

Sans faiblesse | Fanfiction UnderfellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant