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Nicky

Cette soirée est décidément pleine de rebondissements. Déjà rien que le fait qu'Aaron m'ait contacté pour venir dîner chez lui était, en soi, une belle surprise mais le fait qu'il soit à cet instant même dans mes bras, en est l'apothéose. J'ai attendu d'être plus ou moins certain qu'il serait réceptif à ce qu'il me fait ressentir pour enfin passer à l'action et je ne suis absolument pas déçu. Cet homme est un véritable trésor. Une personne en or que je veux garder coûte que coûte auprès de moi.

J'ai passé sept années dans une solitude que je m'étais forcée de respecter, par choix, par envie ou quoi que c'eût été à l'époque. À vivre dans l'ombre d'une vie inachevée auprès d'un fantôme. À attendre que cette demie vie s'arrête enfin, sans pour autant vouloir l'interrompre de moi même, pour enfin le rejoindre. Son absence me rongeait. Son manque me dévorait.
Cependant, mes plans ont changé depuis quelques temps. Depuis notre rencontre. Depuis cet éclat de vert que j'ai découvert au détour d'une bière, un soir où j'étais, encore une fois, si seul. Il était là, tout sourire, à me parler de choses et d'autres. A essayer de me connaître, de devenir un ami alors que je le repoussais autant que je pouvais. Il me fallait simplement ouvrir les yeux, prendre conscience que je n'étais pas mort pour enfin m'autoriser un peu de bonheur. Je pense qu'Aaron est celui qui me le permet. J'aimerais pouvoir lui dire tout ce qu'il m'apporte rien que par sa présence, mais je ne suis pas ce genre d'homme. Les mots ne sont pas mon fort et je suis persuadé qu'il l'a rapidement compris en me voyant.

Sa main paresse sur mon avant-bras et des milliers de frissons parcourent ma peau. Ce supplice devient un délice en sa compagnie et je ne sais comment me retenir de vouloir plus de contact avec lui. Parce que je me sens tellement vivant quand il me regarde, quand il me parle, quand il me touche... Je suis vivant et nom d'un chien que j'aime cette sensation nouvellement retrouvée.

Je repense à la soirée que nous venons de passer et j'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'il me fasse de telles confidences mais j'apprécie énormément son honnêteté. Peut-être devrais-je moi aussi avouer que je savais déjà certaines choses qu'il m'a dites. Bien sûr je le lui dirai mais pas maintenant. L'heure est à l'appréciation du moment que nous partageons. Cet instant rien qu'à nous. Et puis ce ne sont pas de grosses révélations que j'ai à lui faire alors mon esprit ne se torture pas dans tous les sens pour chercher à amorcer une discussion dans ce sens.

J'observe son profil et je ne cesse de me dire qu'Aaron est un très bel homme. Je comprends que Jim en soit tombé amoureux. Je crois que je l'envie de l'avoir connu avant moi. De l'avoir eu comme ami. De l'avoir embrassé comme amant. Oui, au fond de moi il y a une pointe de jalousie qui me tiraille dans les deux sens. Je suis jaloux de ces deux hommes... C'est une sensation si étrange. Si inconcevable il y a encore si peu de temps. Enfin... Espérons que cela me passera même si je pense qu'une petite part de moi en sera toujours envieuse.

Pendant ces deux dernières semaines j'ai eu le temps de finir de ranger les affaires de Jim qu'il me restait encore à trier. En fouillant dans ces papiers, je suis tombé sur de vieilles photos à lui. Certaines datant de son enfance, d'autres de son adolescence et j'ai aimé le découvrir comme je ne l'avais connu. Il ne parlait pas souvent de son passé, seulement quelques anecdotes futiles mais jamais de choses qui ont compté.

Dans un carton au fond de la remise, il y avait des photos de classe, d'autres de soirées avec ses amis. Il souriait sur tous les clichés, un sourire pour lequel j'ai longtemps damné mon âme. Même si je suis arrivé à situer à peu près les dates, il ne m'avait jamais vraiment expliqué qui était qui. Ses amis, ses amants ou son premier amour. C'est donc d'abord avec surprise que j'ai reconnu Aaron sur certaines d'entre elles. Je l'ai immédiatement identifié, son regard est toujours le même, à la fois intense et innocent. Donc oui, je dois plaider coupable parce que, ce soir, je savais déjà qu'ils se connaissaient sans pour autant être au courant de leur relation à l'époque.

Welcome to my (fuck***) life !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant