Prologue

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  La personne qui me faisait face m'offrît un sourire diabolique, me montrant son plaisir qu'elle avait à me faire du mal.

  Ses yeux reflétaient une vengeance pure, comme si cela faisait des années qu'elle attendait de me détruire, autant physiquement que moralement.

  Mais ne savait-elle pas que mon âme était déjà brisée ? Que chaque jour il me fallait une volonté de fer pour mettre un pieds devant l'autre ? Que si elle tentait de me faire du mal, je n'essayerai même pas de l'y empêcher ?

  Oui, c'est exactement pour ça qu'elle veut te tuer. Parce qu'elle veut supprimer ce corps qui ne vit qu'à travers les autres, préférant sombrer dans les ténèbres lentement.

  Alors tranquillement, la personne s'approcha de moi, une lame dans les mains. Cela ne servirait pas à grand chose, étant donné que je m'étais occupée de mon cas personnel quelques secondes plus tôt. Seulement je la laissai faire ce qu'elle avait à faire.

  C'était trop tard pour combler le manque, trop tard pour rattraper l'espoir qui s'était évanouit depuis des années maintenant.

  Plus elle s'approchait, plus je voyais en elle les mêmes résolutions que j'avais eu plus tôt. Celles de tuer. Lorsqu'elle fut suffisamment proche de moi pour m'atteindre physiquement, je lui tendis mon bras.

  Cependant elle ne l'attrapai pas, ne regardai même pas ce que je lui offrais. Elle se contentait de m'examiner droit dans les yeux. Et je pouvais voir qu'elle aussi était morte de l'intérieur, ses yeux reflétaient une souffrance pure qui lui était impossible de cacher.

  Je fronça les sourcils, attendant qu'elle déchaîne sa haine, sa douleur, sa peine, son impuissance, sa faiblesse sur moi. Mais elle n'en fit rien. Ses yeux toujours ancrés dans les miens.

  C'est à cet instant que je compris qu'il s'agissait de mon reflet. Je pouvais maintenant apercevoir le miroir qui me faisait face, et qui m'offrait une pleine vue sur ce que j'étais devenue. Je n'étais plus qu'un cadavre, attendant son heure pour rejoindre les étoiles. Prête à verser mon propre sang, à tuer mon propre corps.

  Alors je fis moi-même ce qu'elle était sensée faire, et me tailla les veines. Ça me procurait un sentiment de bien-être intense. Elle me faisait du mal tout en me regardant droit dans les yeux, et je pouvais lire du plaisir dans ses prunelles.  

  Alors encore et encore, elle enfonça la lame dans mon bras, et même si la douleur était lancinante, mon visage restait de marbre. Je la laissai me vider de mon sang, et plus ce liquide rouge se déversait sur mon bras, plus mes forces m'abandonnaient.

  Après de longues minutes où elle me scrutait, un sourire malsain aux lèvres, elle laissa tomber le couteau au sol. Ainsi mon calvaire était fini. Je m'écroula à terre, incapable de me tenir sur mes jambes plus longtemps. Et elle disparut à l'instant où mon corps entra en collision avec le sol. Lâche, elle était lâche.

  Ma respiration était lourde, et je pouvais sentir l'air se faire rare au fil des secondes qui s'écoulaient. Mon heure était venue. Enfin.

  Alors je me laissai m'allonger au sol, fixant le plafond moisi. Maintenant que ma vie commençait à s'envoler, je pouvais sentir cette paix en moi. Étaient-ce les effets secondaires des ses attaques ou simplement la mort qui m'ouvrait ses bras ?

  Mes yeux se fermaient petit à petit, mais alors que je voyais ma misérable vie défiler devant mes yeux, une silhouette se matérialisa devant moi. Je pouvais sentir ses mains me secouer, je pouvais entendre ses cris hystériques, je pouvais voir ses larmes perler aux coins de ses yeux.

  Mais pourquoi était-elle bouleversée, tout allait bien. Même très bien. Que rêver de mieux ?

MorettiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant