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8 : LE GRAND SAUT

Alyona

Sevastian se tourne vers moi et me regarde.

Ma question est sûrement bizarre. Je ne m'attends pas vraiment à ce qu'il réponde. Sevastian est un mystère ambulant.

Il ne me répond pas. Le silence devient lourd. Ça en devient limite gênant.

Bonne ambiance.

Alors que j'allais partir, il me demande :

- Et toi, à quoi penses tu Alyona ?

Euh je ne m'attendais pas du tout à ça. Je ne vais pas lui dire que je l'imaginais torse nu sortant de la douche, c'est moyen.

Je baisse les yeux et ils se retrouvent sur sa main.

- Qu'est il arrivé à ta main ?

Son visage s'assombrit d'un coup. Ce n'était peut-être pas mieux, tout compte fait.

Je crains que ma question quelque peu intrusive me mette dans une position peu agréable.

Je ne sais pas quoi faire, Sevastian demeure muet comme une tombe. C'est plutôt difficile d'avoir une conversation avec une personne qui met 5 min avant de vous répondre.

Soudain, il prend une grande inspiration.

- Je me suis fait poignarder.

Je suis censé répondre quoi à ça ? Le grand Sevastian Mironov s'est fait planter !

Pourtant, je sens que c'est quelque chose de plus important qu'une simple lame. Et j'aimerais bien savoir. Je ne sais pas si c'est l'alcool qui me rend aussi curieuse, mais je ne peux pas m'empêcher de lui demander comment.

- моя принцесса est curieuse. Je ...

Il a l'air de chercher ses mots, ça doit être plus grave que ce que je pensais.

- Quand j'avais 19 ans, j'entretenais une relation avec une fille, commence-t-il.

- Tu veux dire un couple ? lui demandais-je comme si c'était la chose la plus folle sur terre.

- Oui, on peut appeler ça comme ça. Cela faisait 2 ans qu'on était ensemble quand j'ai découvert qu'elle me trompait. Elle le préférait lui. Quand elle me l'a annoncé, j'étais dans une colère terrible, elle a eu peur de moi, et m'a tranché la main, finit-t-il par      raconter.

Je m'approche de lui, je ne sais pas du tout quoi dire. Merde. Je suis sacrément conne d'avoir demander.

- Oh, je suis désolé je, enfin ... bégayais-je.

- Ne le sois pas. J'ai tiré des leçons de cet, comment dire, échec, trahison ? demande-t-il en marquant une pause. J'ai été faible, j'ai baissé ma garde, je l'ai laissé me planter un couteau, sans mauvais jeu de mot bien sûr.

Son ton est froid et sans appel. J'ai du mal à imaginer cet homme sans coeur, au côté d'une femme. Il paraît si solitaire et si glacial, que l'imaginer faire copain copine avec qui que ce soit semble étrange. Néanmoins, son visage trahit l'once de tristesse qu'il ressent.

- C'est ta seule relation ? osais-je demander.

Au vu de son regard, ma curiosité va me tuer.

- Oui. Ça ne sert à rien. Ya pas de réel utilité, tu perds ton temps pour quelque chose qui est éphémère. Un jour, la haine remplacera ce sentiment, et tu te sentiras coupable d'avoir ressenti de telles choses pour une personnes aussi peu méritantes.