Be like me

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 On m'a toujours dit qu'il n'existait pas de lumière sans ténèbres, qu'il n'y avait pas de bien sans mal, pas de bonheur sans souffrance.

Quand tu es partie, on m'a dit que ça irait, que je me relèverais, que ce sentiment de douleur et d'impuissance disparaîtrait.

Quand mon cœur s'est fendu en deux, on m'a dit que le temps me guérirait, que je te reverrais, que rien n'était définitif, qu'il n'y avait pas de réel adieu.

Mais après toutes ces années passées à errer, à attendre, à espérer, à laisser les choses se faire, les minutes et les heures s'écouler, je crois avoir le droit d'affirmer que ce n'étaient que des mensonges.

Où est-elle, la lumière, dans cette âme vide et sombre qui est la mienne ? Est-ce une lumière noire qui m'habite, une qui ne brille pas ?

Où est-il, le bonheur, dans cette vie emplie de douleur et d'incompréhension ? Est-ce un bonheur fade que mes sens repoussent ?

Où est-il, le bien, dans ce monde chaotique et désespérément abruti ? Est-ce un bien meurtrier qui a été perverti par la méchanceté ?

Je suis toujours au sol, face contre terre, à suffoquer contre la nature craquelée et l'herbe brûlée. Je suis toujours impuissante, je n'ai pas réussi à te ramener.

Je suis toujours blessée, une cicatrice béante me coupe le souffle et je n'ai plus jamais recroisé ton regard océan. Je n'ai pas réussi à te garder près de moi, tu m'as dit au revoir.

Je n'en peux plus, de ces mensonges, de ces foutaises que le monde vomit. C'est puant et horriblement insupportable.

J'aimerais que tout s'efface, que tout disparaisse, que tout soit aussi vide que mon esprit. J'aimerais me noyer dans le noir, étouffer dans une tempête de silence qui hurlerait ma souffrance, qu'elle brûle ces gens trop aveugles pour voir autre chose que leurs propres envies.

Je ne supporte plus les sourires autant que les larmes, chaque pas que je fais m'enfonce un peu plus dans ce puits de mal-être que personne ne veut voir, ni comprendre.

J'aimerais que tout soit aussi mort que mon être, pour qu'une justice existe. J'aimerais que le monde cesse de tourner autant que j'ai arrêté de vivre.

J'aimerais tout briser de mes doigts, tout détruire de mes yeux, j'aimerais que tout explose en un centième de seconde. Qu'ils se vident de leur âme, sans prévenir, qu'ils ne soient soudainement plus que des coquilles vides.

Qu'ils soient comme moi. Un fantôme matériel pris entre la mort et la peur.

Car c'est tout ce que je ressens, finalement. La peur.

J'aimerais qu'ils aient la trouille. Au point qu'ils en crèvent, lentement et douloureusement. J'aimerais qu'ils subissent ce qu'ils me font. Je veux voir leurs yeux vides et brillants de terreur. Je veux voir la Mort dans leur regard de pierre, je veux la voir leur tourner autour sans les prendre.

Je veux qu'ils puent la souffrance. Qu'ils soient l'incarnation même d'un cœur meurtri.

Je veux qu'ils soient moi. Je veux qu'ils soient juste une erreur, une honte, un scandale. Une horreur.

Je veux qu'ils soient leur fin.

Constellation ☆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant