Chroniques d'Eldaren

Chapitre 2

Erwan sentit tous ses membres se figer alors que sa découverte le frappa de plein fouet. Le mot Varalië se répétait en boucle dans son esprit alors que la vision d’une terre rougeâtre et désolée se mêlait avec la forêt enneigée. Son poing se resserra sur la poignée de son épée sans même qu’il s‘en aperçoive. Mais la Varalië en question était-elle encore seulement en vie ?  Les traces de blessures qui parcouraient son corps le mettaient en doute. Ses jambes lui criaient de courir et effacer cette vision de sa mémoire et en même temps tout son corps était tétanisé.

Le froissement qu’il avait entendu plus tôt se reproduisit, le sortant de sa stupeur. Il leva les yeux vers l’origine du bruit. De l’ombre ressortaient des points de lumière qu’Erwan comprit avec effroi que c’étaient des yeux. De l’obscurité ressortait le museau d’un loup, dont les pattes faisaient grincer la neige sous leur poids.

Il pouvait voir son souffle saccadé se dissiper dans l’air glacé et pourtant, il sentait des gouttes de sueur perler sur son front. Il n’eut à peine le temps de s’interroger que la bête se jeta sur lui le temps d’un battement de cœur. Son épée fila dans et le sang pourpre tacha la neige. Il voulut jeter un coup d’œil à la Varalië, mais son souffle se coupa d’un coup alors qu’il fut violemment propulsé contre un tronc d’arbre. Son épée rencontra la mâchoire menaçante de la bête in extremis. Il tressaillit en se rendant compte qu’elle était sûrement assez puissante pour lui arracher un membre. Il tenta de la rejeter mais un cri étouffé sortit de sa gorge sèche alors qu’il sentit ses trois griffes lui déchirer la peau. Dans un élan d’adrénaline il réussit à la repousser violemment. Son épée vibra dans l’air avant d’atteindre sa cible dans un sifflement acéré. Erwan se laissa tomber à genoux, le souffle coupé. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau, tentant d’ignorer la douleur insupportable à son flanc. Sa vision brouillée le laissa à peine se rendre compte que son adversaire s’élançait vers lui. Il ferma les yeux, prêt à l’impact…

… Qui ne vint pas.

Erwan rouvrit les yeux. Il eut à peine le temps d’apercevoir une masse de plumes brunes et du tissus bleu remplacer la fourrure grise devant lui. Les deux masses roulèrent un instant dans la neige avant que la bête prenne le dessus. Dans un élan de fureur, elle ouvrit sa mâchoire pour saisir la première chose qui lui vint sous les crocs. Erwan eut tout juste le temps de fermer les yeux pour entendre un cri de douleur qui résonna dans la forêt. Il sentit des frissons parcourir son corps lorsqu’il découvrit une aile dans les crocs de la bête. La Varalië s’écroula à terre, le dos en sang. Dans un élan d’adrénaline, ses jambes s’élancèrent d’elles-mêmes vers elle, ses doigts douloureusement enroulés autour du pommeau de son épée. Mais son adversaire l’esquiva et, avec un dernier regard noir, s’enfuit dans la profondeur de la forêt.

-         Eh !

Sa voix résonna quelques secondes avant de s’éteindre pour laisser place au silence complet. L’odeur écœurante du sang lui faisait tourner la tête. Erwan prit quelques secondes pour reprendre son corps engourdit de chaleur. La baisse d’adrénaline lui fit réaliser la douleur de sa blessure. Ses pensées s’enchaînèrent à toute vitesse dans sa tête alors qu’il reconstituait la situation. Il venait de tirer une Varalië des griffes d’un animal à sa poursuite qui peut revenir à tout moment et il est à présent blessé et désorienté avec une Varalië inconsciente sur les bras. Ses pensées s’organisèrent finalement en une conclusion.

Je suis foutu.