PDV Anh-Lee
Six yeux.
Trois paires d'yeux qui me regardaient fixement.
Je passai mon regard sur chacun des visages présents autour de moi.
Regard déterminé, fixe et froid.
Les visages des trois autres personnes ne transmettaient pas une émotion différente de la mienne. Je pouvais même ajouter qu'ils me regardaient férocement. Le moindre mouvement de ma part, et je pouvais me considérer comme morte.
L'appréhension augmenta en moi au même titre que l'adrénaline. Celle qui vous empêche de rester tranquille, calmement assis sur une chaise. Ma jambe tressautait ; mouvement qu'il m'était presque impossible d'arrêter. Les vieilles habitudes ont la vie dure, me direz-vous. Néanmoins, une partie de moi était rassurée de savoir que la table autour de laquelle nous étions tous les quatre assis, permettait de cacher ce geste incessant qui pouvait clairement me trahir, pour être honnête.
Je devais rester concentrée sur un seul objectif : pouvoir sortir de là vivante.
Je ne devais laisser passer aucune émotion, au risque de montrer ma faiblesse et que mes ennemis - oui ils se résumaient à ce simple titre pour moi à ce moment même - ne puissent anticiper mes moindres gestes.
En soufflant un bon coup dans ma tête, bien obligée de ne pas réaliser cette respiration physiquement au risque de courir à ma perte, je jetai un dernier coup d'œil à ces monstres assis en face de moi.
Tu peux le faire Anh-Lee !
Cinq heures plus tôt, je sortais du café situé en face de l'agence abritant ma maison d'édition. Le sourire aux lèvres et mon corps gigotant encore à cause de ce débile de Seokjin, mes pieds s'arrêtèrent juste devant l'arrêt de bus.
C'était vendredi soir, et dire que je n'étais pas contente d'être en week-end serait mentir. Mon travail en tant qu'écrivaine ne prenait pas forme dans un certain emploi du temps hebdomadaire - je ne pouvais me forcer à écrire si l'inspiration ne me venait pas - mais ce jour signait mon premier jour de repos de la semaine en tant qu'employée dans une galerie d'art indépendante.
Bien que ce travail me permettait de payer mes factures, et qu'il n'était en aucun cas la définition d'un travail pénible, j'étais bien contente de ne pas faire plus d'une heure de bus pour le quartier de Hyehwa.
Le bus arriva, et je me plaçai contre la fenêtre au fond.
Une brise de vent vint faire s'agiter les branches assez fragiles des arbres qui bordent le fleuve Han. Beaucoup étaient de sortie en ce temps doux et agréable d'une soirée d'août. Les gens flânaient, faisaient des pique-niques, riant aux bêtises du plus rigolo de la bande. Des parents prenaient en photos les enfants dans le carrousel en marche. Du moins, j'espérais que ce soit bien leurs parents.
Mon regard ratissait le moindre centimètre de cette baie touristique. Les cerisiers bordant le fleuve, qui n'attendaient qu'une seule chose : la venue du printemps pour espérer un nouveau cycle de fertilisation. La décision de venir me promener ici demain prit rapidement forme dans mon esprit, et il ne me fallut qu'une seule demi-seconde pour approuver ma propre idée.
J'avais déjà hâte.
Mon téléphone sonna bruyamment, me décrochant de cette contemplation.
Putain, j'avais oublié de le mettre en silencieux.
Et la vieille à côté ne se priva pas de me rappeler cet oubli, en tiquant, loin de cacher son agacement.
Avec un regard de mi-excuse, mi-exaspération - parce que, oui, c'est bon, ça peut arriver à tout le monde - je décrochai rapidement et répondis abruptement.
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FILM OUT • jjk
FanfictionLe syndrome de la page blanche. Connaissez-vous ce terme ? Kim Anh-Lee est une écrivaine dans un tournant important de sa carrière. Elle ne sait plus comment faire pour ne pas décevoir son armée de fan, comme elle aime les nommer. Jeon Jungkook est...