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       Y'avait des jeunes qui voulaient pas vieillir et des vieux qui savaient pas grandir

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Y'avait des jeunes qui voulaient pas vieillir et des vieux qui savaient pas grandir. Dans l'incandescence de l'adolescence, y'avait des jeunes qui refusaient de mourir, et d'autres qui faisaient tout pour arrêter de vivre. Y'avait ceux qui parlaient forts, ceux qui ne se taisaient jamais et d'autres encore qui l'ouvraient pour pas grand chose ; tous en avaient des choses à dire, des choses à revendiquer. Y'avait ces adolescents qui faisaient changer les choses, et d'autres qui rêvaient que les choses changent depuis leur vieux canapé défoncé. Les hommes sont tous intéressants à leur manière, certains plus pertinents que d'autres sans doutes, mais ceux qui suivent sont pas ceux qu'on aurait qualifié de différents, pas qu'ils soient moins intéressant que d'autres, c'étaient des monsieur tout le monde comme on en croisait des milliers par jour. Mais eux aussi ils ont une histoire qui mérite d'être racontée, peu importe sa profondeur.

Ils étaient pas plus idiots que d'autres, pas moins bêtes que certains non plus, juste une bande de marginaux en quête de révolution comme parmi tant d'autres. Ils ne font pas partis de ceux qu'on écoutent, de ceux qu'on adulent, au contraire, leur côté décalé — enfin c'est ce qu'on avait dit d'eux — leur avait valu d'être ignoré de nombreuses fois. Ils étaient ceux qui parlaient forts, ceux qu'on détestent mais qu'on admirent secrètement parce que putain pour vivre, ils le faisaient libres et forts. Dans les couloirs du lycée on se retournait souvent en les croisant, pas qu'ils étaient populaires, c'était des gens comme les autres, des élèves parmi tant d'autres, mais lorsqu'on les croisait, on ne pouvait s'empêcher de les dévisager.

Y'avait une certaine liberté qui se propageait dans l'air lorsque les premières notes du mois d'août faisaient leur entrée. Le mois de juillet avait été vite balayé par le travail payé une misère dans les champs de maïs, ne les laissant à peine souffler le week-end. Des soirées ils avaient eu le temps d'en faire, coincé entre deux tas de paille mais rien qu'on puisse raconter. Pourtant, il ne suffit pas que l'exceptionnel devienne lucide pour qu'on puisse poser des mots sur une aventure, parfois le rien et le banal suffit bien plus que l'exceptionnel pour construire une histoire. Leur histoire est banale, sans aucun rebondissements ; ils finiront pas par devenir le grand groupe populaire du lycée, deviendront pas non plus la risée de ce dernier. Ils deviendront ni grand PDG d'une multinationale ni chômeur ou toxicomane. Ils deviendront sûrement des âmes parmi tant d'autres, des hommes quand on en croise tous les jours, sauf que les hommes du toujours on en parle jamais et ils méritent eux aussi qu'on parle haut et fort pour eux. Parce qu'eux aussi ont une histoire, et quand le normal n'existe pas, on pourrait affirmer que la leur est spéciale.

Le premier week-end d'août avait été brûlant, croupissant sous le toit d'un vieil appartement, les huit amis avaient passé un week-end croulant de sueur, se noyant dans l'eau d'une petite baignoire pour se rafraîchir. Plongés dans l'ivresse câline de leurs espoirs, ils avaient peints de leurs mains calleuses leurs rêves sur l'immense toile du destin. L'illusion de la toile les avaient alors rendus ivres de folies qu'ils avaient lentement consumé à coup de chant et de cri. Le second n'avait pas été bien différent, si ce n'était qu'ils s'étaient retrouvés chez des inconnus pour la énième fois, partageant l'extase d'un moment avec de parfaits inconnus.

CHAMPAGNE DIET.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant