Prologue

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À toutes celles et ceux qui ont toujours été le second choix.

































Lambeth, Sud de Londres - 6 ans plus tôt.

Une vague d'eau gelée s'écrasa sur mon corps entier. Endormie, je me réveillai en sursaut, un petit hoquet de surprise s'échappa de mes lèvres tandis que les battements de mon cœur se firent plus rapides. Lorsque j'ouvrai les yeux, la silhouette de mon père, à peine dissimulable dans l'obscurité de ma chambre, se dessina devant moi.

- Allez lève-toi, c'est l'heure, il m'ordonna d'un ton sérieux.

Je me levai de mon lit en écartant ma couette désormais toute trempée et je le suivis sans broncher en dehors de la maison. J'avais appris depuis bien longtemps que tenir tête à mon père n'était tout sauf bon et que quoi que je dise ou fasse, tant que lui ne voulait pas, alors je n'aurai pas mon mot à dire.

Depuis petite déjà, j'avais droit à ce genre de réveil.

Brutal.

Surprenant.

Traumatisant.

Une fois, je m'étais retrouvée perchée au sommet d'un toit d'immeuble, un autre jour, je m'étais réveillée sur des rails d'un train en approche, échappant une mort assurée. Ou encore, j'avais été forcée de dormir dans une cave complètement insalubre et fétide rongée par toutes sortes d'insectes.

C'était comme ça que mon père m'apprenait à vivre quotidiennement. Très durement et excessivement.

Dans l'extrême.

Nous descendions dans un silence absolu, les escaliers sombres de l'immeuble qui menaçait de s'écrouler à tout moment tant les murs et plafonds étaient fissurés. Nous nous rendions dans un parc à proximité de chez nous.

Il était vide la journée.

Le soir, c'était une toute autre histoire. Tous types de drogués, de prostituées ou encore de vendeurs de substances y faisaient leur propriété.

Seuls les chants des oiseaux s'éveillant doucement, résonnaient dans la ville de Lambeth. En ce mois de juin, l'air était doux, les températures agréables, les paysages renaissaient et retrouvaient leurs couleurs chaudes. Après des mois sous la neige et les tempêtes torrentielles, ça faisait un grand bien.

En revanche, qu'il neigeait, qu'il pleuvait ou qu'il faisait grand soleil. Rien de tout ça ne changerait encore mon sort ce matin. Tous les matins sans faute. J'avais un emploi du temps très précis (évidemment élaboré par mon père et peut être un peu mon frère).

Cinq heures d'exercice intensif le matin dès 4 heures du matin. Cinq autres heures en fin d'après-midi vers 16 heures. Puis trois heures le soir venu après le dîner, entre 20 heures et 23 heures.

Jamais une minute de plus ni de moins.

- Trente pompes pour t'échauffer, m'indiqua-t-il.

Je gardais en moi l'envie violente de réprimander et je me positionnais au sol de béton, encore un peu dans les vapes. Je prenais une grande inspiration avant de me lancer difficilement dans cette série de pompes tandis que mon père sortit de sa mallette, quelques armes, des cibles, des mannequins faits de pailles et une arbalète de chasse munie de ses flèches.

- Continue, ne regarde pas ce que je fais. Concentre toi !

Je détournais le regard et poussais plus fort sur mes mains lorsque je décollai du sol. J'effectuais les mêmes mouvements, me relever, me baisser, me relever en usant du peu de force de mes bras.

J'avais juste envie de vomir honnêtement.

Mes trente pompes achevées, je commençais à me relever mais le pied de mon père me replaqua brusquement au sol, décidément pas du même avis. Mon menton manqua de se cogner brutalement au sol, je me suis retenue heureusement à l'aide de mes mains. Je sentis mon sang ne faire qu'un tour mais une fois de plus, je gardais mon calme.

- Dix de plus vu que t'es pas trop réveillée ce matin. Allez ! Et plus vite que ça !

Je m'exécutais malgré moi. Je bouillonnais de l'intérieur. Quelques minutes s'écoulèrent et j'avais enfin terminé. Je pouvais cette fois ci me relever. Encore essoufflée, mon père me lança une arbalète que j'attrapais de justesse.

- Place toi devant la cible, je veux un sans-faute aujourd'hui, Evie.

Je ne répondis rien et me positionna comme demandé. Je plaçai correctement mes mains sur l'arme avant de viser du mieux que je pouvais

- Vise. Maintenant.

La flèche s'envola à toute vitesse avant de s'abattre violemment contre la cible à de nombreux mètres de nous. C'était un presque sans faute et je m'attendais à recevoir les foudres de mon père mais on dirait qu'il avait décidé d'être plus indulgent ce matin. Il lâchait seulement un soupir d'exaspération.

Peut-être que le fait que ce soit l'anniversaire de maman aujourd'hui jouait sur son humeur. Elle aurait eu quarante-trois ans. J'aurai tant aimé la connaître davantage. Je n'avais que des bribes de souvenirs d'elle de mon enfance. J'avais seulement douze ans et ma plus grande peur aujourd'hui était que je finissais par totalement l'oublier. Le son de sa douce voix, la forme de son visage, ses yeux, son nez. Elle était morte si subitement. La seule explication à laquelle j'avais eu droit concernant son décès était qu'elle a eu un accident de route car elle avait pris le volant, bourrée.

Après sa mort tragique, plus rien n'était pareil. Que ce soit à la maison où dehors. Des chuchotements à mon égard, des regards insistants à l'école, des moqueries sur la mort de ma maman. Comment c'était humainement possible d'être à ce point cruel ? Les choses avaient très rapidement dégénérées et j'avais fais tous les collèges de la ville à force de me faire exclure.

Je crois même que c'était à partir de la mort de maman, que mon père avait commencé à me rendre la vie minable et déjà bien plus compliquée qu'elle ne l'était avant le décès de ma maman.

Depuis si je faisais tout ça, si je tenais c'est pour elle.

- Ok, assez pour ce matin je pense.

- Déjà ? je fronçai mes sourcils, suspicieuse.

On avait fait seulement une heure d'entraînement ce qui était beaucoup trop peu qu'habituellement.

Il me donna une tape à l'épaule avant de se lever en inspirant longuement. Il s'étira et ramassa la mallette après avoir tout rangé. On ne s'était servis que d'une arbalète et d'une cible finalement ce matin.

Et ce n'était pas plus mal, je n'aurai pas supporté faire de la course à pied dans tous le quartier pendant quarante minutes, enchaîner avec de l'escalade pendant une heure. Puis devoir conclure la séance matinale de cinq heures en atelier d'une heure et vingt minutes, consacré aux bases de survie. Juste après, je devais me rendre au collège, déjà épuisée.

Chaque jour j'apprenais de nouveaux concepts, de nouvelles méthodes, par mon père. Si ce n'était pas mon père, alors c'était mon grand frère.

Comme si tout cela allait me servir un jour. J'avais beau vivre dans un des quartiers les dangeureux de Londres, jamais je ne comptais user d'armes, de couteaux, ou encore d'arbalètes.

Jamais.




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Coucou!! Je suis trop contente d'enfin vous dévoiler ce tout premier bout de l'histoire! Voici le prologue, j'espère qu'il vous a un minimum séduit pour vous donner envie d'en savoir plus...

En attendant, n'hésitez pas à me faire part de vos avis !

On se retrouve très bientôt pour le premier chapitre 💌

Love,F.

THROUGH THE DARKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant