CHAPITRE 5

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Huit heures. Et encore moins de monde qu'hier. Aucun élève n'est pourtant au courant du drame. Ça continue. Ça continue et ça continuera jusqu'à ce qu'il ne reste personne.

J'ai pas cours de toute la matinée, m'annonce Euiwoong d'un ton épuisé.

Alors pourquoi venir ?

Je me suis dit que t'aurais besoin de ne pas être seule. Puis mes parents sont au courant de rien, ils trouveraient ça trop chelou que je vienne pas.

Je lui fais un timide sourire, sans répondre autre-chose. Nous entrons dans le lycée, et allons nous poser au foyer où sont quelques élèves, les derniers survivants j'ai envie de dire...

Moi aussi j'ai pas cours, de la journée même. J'avais juste envie... d'être en bonne compagnie.

Regarde combien on est... reprend-il après un moment de silence. Personne d'autre ne viendra aujourd'hui.

Tu t'es jamais posé de questions par rapport à Calvin ?

Je pense tout le temps à lui en ce moment. J'ai peur d'apprendre ce qui lui est arrivé, je crois qu'une part de moi a envie de rester aveugle face à la réalité... et toi avec Esther ?

J'ai peur aussi. Je pense même qu'à ce stade là c'est plus de la peur, mais je sais pas ce que c'est. Et puis elle me manque, continuai-je au bord des larmes.

La dernière fois que je l'ai vue elle était pleine d'entrain, elle faisait tout pour qu'on passe une journée tranquille, sans stress, et maintenant je n'ai pas de nouvelles, que mes yeux pour pleurer, mon cœur pour la garder et mon cerveau pour la retrouver.

Il faut qu'on parle. Mais que tous les deux, y a trop de gens ici.

Ça m'a l'air un peu ironique quand même.

Oui bon c'est vrai que le moment est mal choisi pour dire ça, mais il faut qu'on parle de quelque chose.

Je sors rapidement alors que Euiwoong ne semble pas comprendre pourquoi je veux aller aussi vite, mais une fois qu'il est dehors je me cache dans ses bras et fonds en larmes. Il se laisse aller également et glisse ses bras autour de moi en calant sa tête au creux de mon cou.

Je l'entends renifler, avant de sentir une larme me tomber dessus. Alors du mieux que je peux j'essaie de le rassurer, mais c'est difficile quand moi-même je pleure à cause des propos que je porte.

Quelques longues secondes passées, nous nous redressons tous les deux, j'essuie ses larmes et les miennes, puis il me prend la main et m'emmène dans un couloir bien éclairé par la lumière du jour. Là nous nous asseyons et restons un peu sans rien dire, mais je décide de briser le silence et de lui exposer mon idée.

Je suis absolument sûre de rien, ni de ce que je pense, ni de ce que je veux faire. Mais on devrait essayer de quitter le lycée une heure.

Mais Ava, on n'a plus le droit...

Je sais mais, coupai-je, on passe par-dessus le portail quand personne regarde. Et puis là on peut plus dire que c'est compliqué de se faire remarquer.

Sérieusement Ava, je suis d'accord pour qu'on fouille le lycée, mais pas sortir. Y a un truc en moi qui me dit qu'on devrait pas...

Je l'ai aussi ce truc qui veut pas y aller, mais ce truc comme on l'appelle, il refuse de voir la vérité en face, il a peur, il veut pas savoir, c'est la part de nous qui veut pas essayer de comprendre mais c'est celle qu'on doit pas écouter. S'il-te-plaît Euiwoong. J'ai besoin de toi, je veux pas y aller seule.

Les sifflements des trains - LEWOù les histoires vivent. Découvrez maintenant