Le fruit interdit

L'avis

"Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec persévérance"
-Romains 8:25

* 5 ans plus tard *

- Eve faut vraiment qu'on aille manger au restaurant qui vient d'ouvrir. J'en entends que de bons avis.
Dis Jane, ma collègue de travail.

- Demain soir, vers 20h c'est bon pour moi si tu veux?

Elle sourit, et me fit un pouce pour approuver.

Jane et moi nous ne sommes pas meilleures amies.

À vrai dire je ne sais pas comment qualifier notre relation, assez pour être plus qu'une simple relation entre collègues de travail mais moins pour la qualifier d'amie.

Cela fait 4ans que je n'ai plus d'amis.
Enfin, si on regarde bien dans le contexte des choses, je n'en ai jamais eu.

Mais avec Jane je me sens assez bien, elle ne me pose pas de question par rapport à mon passé et elle est très solaire.

Elle sait que ma vie n'a pas toujours été rose de part ces cicatrices qui resteront à jamais gravées sur mon corps et le petit tatouage que je porte en bas du poignet.
Un point-virgule.

Mais à mon grand étonnement, elle n'a jamais été curieuse.

Et c'est bien pour cela que je l'apprécie.

Je finis par regarder l'heure qui figure en bas de mon ordinateur et m'aperçois que je viens tout juste de finir le travail pour cette journée.

Il est pas loin de 21h et le soleil est déjà couché.

Pas très bon temps pour un mois de printemps.

Je finis par rassembler mes affaires, et fais un signe à Jane qui en me remarquant m'en fait un à son tour.

Elle est mignonne quand elle veut.

Je me dirige vers la sortie, fatiguée par cette longue journée.

Mes journées de chômeuse me manquent presque.

Avant même que j'atteigne la porte pour sortir, quelqu'un m'appelle.

Mon patron.
Monsieur Law.

Depuis quelques temps je travaille dans son agence, on est des "agents littéraires".

On a pour but de représenter des œuvres et des auteurs pour en faire la promotion, on participe à la négociation et aux ventes de tout un tas de types de choses.

Ma spécialité est celle des livres, Jane se spécialise plus dans le milieu du cinéma.
Mais elle a commencé avec des œuvres littéraires.
À présent elle alterne entre les deux.

Ce travail a toujours été celui de mes rêves, depuis petite j'en suis en grande partie intéressée.

Monsieur Law me regarde toujours, perplexe.

Je suis tellement submergée par ma conscience que j'ai complètement oublié de lui répondre. Trop occupée à rêvasser, comme toujours.

- Euh, O-oui?
dis-je en bafouillant.

- Dans mon bureau.

Oh non, pas maintenant.
Et si il me vire?

Et si il finit par dire que je ne suis qu'un déchet de la société et que je suis virée?
Ou bien qu'il veuille que je ne travaille plus ?
Ou encore si il trouve que je n'en fais pas assez?

Je finis par lui emboîter le pas.

Son bureau est remarquablement loin purée.
J'ai juste envie de me faire pipi dessus à cause du stress qui submerge mon corps à cet instant et de partir en courant comme une folle.