Tempête et nuit étoilée

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La tempête faisait rage au dehors, les volets battaient au vent et les rideaux claquaient violemment dans l'air. La puissance de la nature se ressentait partout dans la maison, les éclairs déchiraient le ciel et le tonnerre grondait faisant trembler les murs en bois.

Une bougie illuminait la pièce centrale de la cabane mais elle tentait de résister tant bien que mal aux nombreux courants d'air qui s'infiltraient par la cheminée. Cette unique source de lumière éclairait le visage d'un homme aux traits usés par le temps et les épreuves de la vie. Le relief d'une large cicatrice barrait son visage et se perdait dans sa chevelure coiffée en un catogan ébouriffé.

Le tonnerre gronda une nouvelle fois, plus fort, plus puissant, plus bouleversant.

Il était l'heure.

Enfin.

L'homme se leva de sa chaise, se dirigea vers un katana qu'il décrocha du mur et il sortit de son logis.

Il se plaça face à un mannequin de bois qui tournait dans tous les sens à cause du vent et dégaina d'un geste vif et rapide son sabre. Il le tint un instant à la verticale face à lui et commença des mouvements lents et précis qui tailladèrent le pantin de bois. Le vent lui fouettait le visage et l'empêchait presque de respirer, mais il ne se laissa pas faire, décala ses appuis, se baissa, donna un coup d'estoc, se releva, pris une bouffée d'air... se décala, ramena sa main vers lui, tourna et abaissa sa lame.

Éclats de bois.

Ses yeux pétillèrent de bonheur alors qu'il faisait virevolter sa lame d'un côté et de l'autre, de plus en plus vite, réduisant le mannequin en fins copeaux de bois qui s'amassaient en un cercle grossier autour de lui.

Les éclairs déchirèrent les nuages une nouvelle fois, s'ensuivit le grondement intense du tonnerre qui laissa le vieil homme de marbre.

L'heure était toute proche, la fin aussi.

L'homme tourna sur lui-même et donna une vitesse létale à son arme et décapita le mannequin. Il continua son mouvement et pirouetta pour se remettre en garde. Il commença à enchainer les coups dans le vide, les bottes secrètes qu'il avait eu le temps de perfectionner, ne reprenant son souffle qu'au meilleur moment pour que sa lame jamais ne s'arrête de bouger.

La sueur perlait partout sur son corps et se mêlait à l'eau imbibant ses habits et, alors que le vieil homme terminait un mouvement rapide sur le côté et qu'il le finissait à genou, la lame plantée dans le sol face à lui, tout s'arrêta.

La pluie cessa de tomber.

Les éclairs et le tonnerre cessèrent leur fracas.

Le vent cessa de siffler.

L'heure était venue. La fin était là.

Le temps du renouveau était arrivé.

L'homme se redressa et leva les yeux vers le ciel piqueté d'étoiles qui scintillaient de toute leur lointaine puissance. Aucune lune ne venait troubler leur éclat et un sourire se dessina sur les fines lèvres de l'homme. Plus aucune cicatrice ne barrait son doux visage. Un catogan strict coiffait ses cheveux noirs de jais.

Le cycle avait pris fin et un nouveau commençait.

Le katana retrouva sa place dans sa gaine et le jeune homme le mit en bandoulière avant de se diriger vers le chemin de terre qui partait de la maison et se dirigeait vers la forêt. Il se mit à siffloter un air gai et disparu rapidement derrière le premier rideau d'arbre.

Dans la cabane, la bougie termina de s'éteindre et une fine fumée s'éleva dans l'air, bientôt dispersée par la brise s'infiltrant par la cheminée.

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