PARTIE III - LE VRAI SUPER-POUVOIR

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« - Non mais t'as fumé le vieux !? Un super-héros ! C'est dans les BD ça !

- Tu sais bien que non ! Tu serais pas le premier... Et là le monde en a besoin...

- Tu parles du Frankan ?

- On dit juste Frankan !

- Désolé j'ai pas étudié pour cette interro d'Histoire là. Les vieux et leurs exploits pendant la guerre ça m'intéressait pas. Je sais juste qu'il est mort, capturé par les nazis qu'il combattait. Il sauvait les prisonniers Juifs des camps de la mort en Pologne... Un type vraiment bien. Mais taré...

- Eh bah tu vois ! T'en connais déjà un rayon... Donc tu sais que tu as le pouvoir de devenir le symbole que Frankan représentait à l'époque ? Deviens notre symbole ! Contre ce monde débile, contre ce système de merde !

- Comme j'ai dit, Frankan est mort ! Et comme une merde. Mourir pour des idéaux à la con ça me dit rien ! La vie c'est ce que c'est, et c'est mieux que rien même si il faut galérer. Et puis je suis un homme de parole ! J'ai dit à mon employeur que je lui ramènerai Albert Pilzer.

- Comme tu voudras... Je suis tout à toi. Tue moi et ramène ma tête chez ton abruti de patron pété de thune. Je mourrai en sachant que c'était pas pour rien, car j'aurais essayé de guérir l'humanité !

- Comment !?

- Les rêves. Les rêves c'est tout ce qui compte encore pour les Hommes. Voir leurs désirs les plus intenses se profiler à l'horizon pour devenir un jour réalité. Tu sais, les jeunes yeux voient le monde tel qu'ils le veulent, mais cette vision s'en va avec le temps et il ne reste que les cauchemars. Et ces temps-ci, ils ont tendance à ressembler à la réalité.
Mais moi putain, moi je n'ai jamais vu que la vérité. Je rêvais la nuit et je pleurais le jour... Le monde a toujours

été moche, vrai. Les autres le voyaient comme un endroit parfait. J'étais le seul à me rendre compte des atrocités que nous vivions... De la bétaillère vers laquelle on se précipitait. De toute ma putain de vie, je n'ai jamais eu la force de prendre les choses en main.

Et toi aussi, quoi que tu me dises, tu es comme ça... C'est pour ça que tu es différent et que j'ai besoin de toi !

- Tu dis que tu es comme moi ? T'as pas idée de ce que j'ai traversé pour devenir ce que je suis... Tu crois que je fais ça par plaisir ? Je ressens plus rien quand on me demande de tuer un Homme ! Tu te rends compte d'à quelle folie je suis soumis ! Peut-être que le monde est trop moche ! Mais mec je suis le monde ! Je suis le monstre...

- J'en ai traversé des choses aussi tu sais... Et comme toi j'ai réussi à croire ce que les autres disaient. Que j'étais la cause de tous les maux... On m'a emmené dans un château plein de barbelés pour soi-disant me rectifier, me rendre meilleur. Là bas on me faisait travailler comme une machine ! Et un jour je me suis rendu compte que tous mes camarades qui étaient appelés par nos hôtes dans une immense file ne revenaient jamais. Là j'ai compris qu'ils avaient pas l'intention de me guérir. C'est la nuit qui a suivi que je l'ai vu ! Descendre des putains de SS avec un bâton. Il est venu près de moi, il m'a agrippé et il m'a emmené à l'extérieur ! Oui, j'ai eu de la chance. Des monstres avaient essayés de me faire passer pour le diable... pour une putain d'histoire de religion. Quand tout ça était fini, la guerre, les nazis, la Shoah. Je me suis caché dans mon trou comptant chaque seconde qu'il me restait avant que la nature termine leur travail. Parce que j'étais persuadé que le monde était pourri et que je ne pouvais rien y faire. Que la mort était une fatalité que la vie d'aujourd'hui la rendait désirable. J'étais con. Mais je sais que tous les deux on peut devenir ce que seul, je n'ai jamais eu la force d'être.

APOCALYPSE - CHAPITRE UN : SAETHUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant