Mal 3

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Il est 23h48, dans le silence feutré de la nuit naissante. Je revêts délicatement un pull bleu nuit, venant recouvrir mon polo blanc immaculé. Mes jambes se glissent dans un pantalon de jogging noir, tandis que mes pieds se laissent envelopper par des chaussures aussi sombres que la voûte céleste. Penché sous mon lit, j'attrape avec précaution le carton dissimulé et retire doucement les couches de scotch qui le retiennent prisonnier. Je laisse ensuite s'épanouir les vêtements à la surface de mon lit, tels des papillons endormis. Mon sac, témoin de mes aventures à venir, me tend les bras, assoiffé de découvertes. Je l'emplit de mes précieuses possessions et, prêt à partir vers l'inconnu, j'ouvre la porte de ma chambre avec une infinie douceur. Avançant sur la pointe des pieds, je m'assure que le sommeil de mes parents est véritablement profond avant de franchir le seuil vers l'extérieur.



C'est une première expérience pour moi, être seul à cette heure-ci. Et je dois bien avouer que cela éveille en moi une inquiétude profonde. Je réside au sein d'une cité qui s'endort tôt et se réveille aux aurores. Les ruelles se retrouvent presque désertes, à l'exception de quelques voitures occasionnelles. Les lampadaires crachotent leur lueur habituelle, tandis que les chats émettent des miaulements étranges. Mon cœur tremble à l'entente de ces sons, qui me semblent malfaisants, tant je suis effrayé de me retrouver seul à cette heure-ci. Cette mélodie furtive serait sans doute due à leur période de chaleur, mais je ne peux m'empêcher de la trouver angoissante.




Quand j'y pense, un sentiment d'envie me traverse l'esprit à l'évocation de mes camarades de classe. Eux, peuvent se prélasser dans leur lit douillet sans la moindre préoccupation. Tandis que moi, tel un fugitif dans l'obscurité, je m'enfonce dans la nuit, le poids de mes fautes pesant dans mon sac à dos.

- Tu es en retard.

- Il est à peine minuit dix, répliqué-je en tentant de rejoindre son niveau. J'ai dû prendre des détours pour éviter les sombres ruelles.

- Tu as peur, c'est ça ? Se moque Jungkook en se dirigeant vers une fenêtre basse à l'arrière.

- Bien sûr que non, je n'ai pas pe... Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'un objet tombe derrière moi. Je me précipite sur Jungkook, m'accrochant à son cou comme si ma vie en dépendait. Qu'est-ce que c'est ?! Je hurle presque, à bout de souffle.



Jungkook laisse échapper un rire vibrant, se rattrapant au mur pour éviter qu'il ne succombe sous mon poids.

- Tu... Tu n'as aucune peur, n'est-ce pas ? réitère-t-il, éclatant de rire une fois de plus alors que moi, rougissant de honte, je descends rapidement de son dos. Ce n'était qu'un simple fruit qui était tombé de l'arbre...

- Tout est réglé ? On peut poursuivre maintenant ? dis-je boudeusement, la gêne me submergeant.

- C'est bon, j'arrête de rire... Viens, me répond-il. Il grimpe sur le rebord de la fenêtre, l'entrouvre doucement puisqu'elle n'était pas entièrement fermée, et me tend la main.

- Que faisons-nous ici, Jungkook ? lui demandé-je avec hésitation.

- Viens, je te dis, susurre-t-il.


Les couloirs baignent dans un silence enveloppant. C'est une expérience nouvelle pour moi d'être ici au cœur de la nuit. Il y a quelque chose de captivant à défier l'interdit de la sorte. Je me sens comme un rebelle, un hors-la-loi.

- Tu crois que le surveillant va nous surprendre ? dis-je à voix basse.

- C'est jeudi aujourd'hui, et le jeudi, le surveillant ne fait jamais son boulot, répond Jungkook d'un ton tranquille, s'arrêtant devant notre salle de classe. Il préfère dormir de l'autre côté du bâtiment.

𝐹𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑢 𝑀𝑎𝑙 𝓣𝓴 🧡🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant