Breathe

Chapitre 3 : La fête

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Plus tard, dans la soirée, Je contemple le bout de papier pour la énième fois.
Non, je n'ai pas rêvé, il m'a bien refilé son numéro de téléphone.
D'abord je pense à en parler à Nora, mais je n'ose pas.
Peut-être que je me suis faite des films ?
Ça veut sûrement rien dire après tout ?
Je regarde encore une fois l'objet de ma frustration.
Et qu'est-ce que je suis supposée faire ? L'appeler ? Lui envoyer un message ? Et qu'est-ce que je peux bien lui dire ?
Machinalement, je prends mon téléphone, mais je le repose immédiatement.
Puis je le prends à nouveau pour enregistrer le numéro de téléphone dans mon répertoire.
Je m'apprête à le reprendre, quand j'entends la voix de ma mère depuis la cuisine:
- Hailey ? Tu es là ?
- Oui maman, J'arrive !
Je descends rapidement les marches de l'escalier , puis me jette dans ses bras.
- Wow! Qu'est-ce qui te prends ? s'écrie ma mère tout en me rendant mon étreinte.
- Tu m'as manquée, c'est tout.
Je la serre jusqu'à l'étouffer.
Une sonnerie de téléphone interrompt ce rare instant mère-fille.
Ma mère décroche le téléphone fixe.
- Oui ?
Une ride d'inquiétude se dessine sur son front, et elle passe une main dans ses cheveux.
- Oui, je vois, d'accord, pas de souci. J'y vais tout de suite.
Je ressens une pointe de déception en écoutant ses mots. Mais je ne lui en veux pas. Tout cela, est uniquement la faute de mon géniteur, et de Nicole.
- Je dois y aller. Je suis désolée, chérie, je me faisais vraiment une joie de rester avec toi ce soir.
- Ne t'en fais pas, maman, je comprends. Je lui souris et elle me serre à nouveau dans ses bras.
- C'est qui, cette fois ?
- Brandon, on a d'énorme clients, en ce moment, et j'ai beaucoup de dossiers à remplir.
Je lui lance un regard plein de compassion. Je connais Brandon; c'est sûrement le meilleur avocat de la ville, mais il n'est même pas fichu de se préparer une tasse de café tout seul.
Il dépend beaucoup de ma mère, ce qui m'exaspère au plus haut point.
Elle m'embrasse et me laisse à nouveau seule.
Je remonte dans ma chambre et prends mon téléphone pour appeler Nora. Elle décroche à la troisième sonnerie:
- Hey ! Comment ça va !
- Super. Je t'appelle pour savoir si t'aurais envie qu'on sorte ce soir ?
- Oui, bien sûr ! On pourrait aller à la fête de Jordan !
Jordan est l'ex petit-ami de Nora. Et je suis quasiment certaine qu'il l'aime toujours. Ses fêtes sont plutôt réputées. Toutes les stars du lycée, ce et dqui implique Izzie et sa bande de lèche-bottes, y font un tour.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée...
- Allez ! On va s'amuser !
Je soupire.
- OK.
Je l'entends applaudir à l'autre bout du fil.
- Super ! Je passe te chercher dans vingt minutes. Et pour l'amour du ciel, maquilles-toi !
Je grogne et raccroche. J'enfile rapidement un jeans slim et un petit haut blanc mettant en valeur ma poitrine généreuse et ma peau bronzée.
Je me regarde dans la glace, mes cheveux sont une pluie de boucles brunes qui partent dans tous les sens.
J'essaie au mieux de les discipliner avec quelques épingles.
Je m'apprête à partir quand je repense à Nora et son obstination au maquillage.
Je me dirige vers le miroir et applique une touche de mascara. J'hésite un peu avant de mettre du rouge à lèvres, couleur rouge vif.
Il met en valeur, mes lèvres pulpeuses, et me redonne un peu confiance en moi. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, enfile une paire de ballerines noir, sors de la maison, et ferme la porte à clé, juste avant de rejoindre Nora, qui m'attends dans sa modeste Fiat bleue.
Ses yeux s'écarquillent quand je monte dans la voiture, côté passager.
- Wow, Hailey ! Tu es magnifique.
Je souris timidement et attache ma ceinture.
Elle démarre la voiture et je la détaille.
Elle n'est pas mal non plus: elle a enfilé une jolie robe noir lui arrivait juste au dessus du genou, et a détaché ses cheveux qui retombent en une cascade blonde sur ses épaules nues.
- T'es pas mal non plus ! T'as décidé de te rabibocher avec Jordan ?
Elle éclate de rire:
- Je ne refais jamais la même erreur une seconde fois.
- Il a l'air pourtant de toujours t'apprécier.
- Eh bien ce n'est pas mon cas.
- Tu restes fidèle à Andrew ?
- Andrew est à l'autre bout du monde et on ne se voit pas avant quatre mois. J'ai bien l'intention de m'amuser ce soir. Et toi aussi.
Je lève les yeux au ciel.
- Je ne crois pas qu'on ait la même conception du mot "s'amuser".
- Oui, la tienne revient à passer tes vendredis soir devant Netflix vêtue d'un pyjama à motif snoopy.
J'éclate de rire et lui donne une tape sur l'épaule.
Le trajet arrive à sa fin. Nora gare n'importe comment, sa voiture devant l'allée de l'immense baraque de Jordan.
Nous pénétrons dans la maison, et déjà, le bruit de la musique me martèle les tympans.
- Salut les filles ! crie Jordan en nous rejoignant.
Il n'est vêtu que de son jean. Je m'attarde un peu trop longtemps sur sa musculature, et heureusement il ne semble pas le remarquer.
Il prend Nora dans ses bras et la fait tournoyer.
- Ça fait un bail Bennett ! J'adore ta robe.
Il tire sur le tissu de celle-ci et elle lui retire sa main, en riant comme une attardée.
Je décide de les laisser, avant qu'ils ne se mettent à faire des cochonneries et me dirige au salon.
Quelques garçons posent un regard insistant sur moi. Je fais mine de ne pas m'en apercevoir, même si ce brin d'attention me flatte.
Je traverse la pièce bondée et me sert à boire.
Il ne reste que de la bière. Je me force à boire quelques gorgées, mais rien à faire je déteste le goût. Toutefois, il me faudra un peu de courage pour affronter tout ce monde; je me force à terminer mon verre et m'en resserre un deuxième.
- Salut !
Je sursaute et me retourne vers mon interlocuteur. Dean. Il va me falloir un troisième verre.
- Sa-salut ! articulé-je avec peine.
Il s'esclaffe. Son rire est très agréable à entendre.
Il porte un pull bleu foncé, dévoilant une musculature qui ne me laisse pas insensible, un jeans noir, et des vans. Ses cheveux couleur caramel sont emmêlés, comme à leur habitude, et je réprime une forte envie d'y passer mes doigts.
- Tu ne m'as toujours pas envoyé de texto. dit-il en fronçant les sourcils.
Je rougis.
- Je suis désolée, j'avais... oublié.
Il pose une main sur son cœur est affiche un visage outré:
- Tu as oublié ? C'est vexant.
Je souris timidement.
Il me rend mon sourire et mon cœur se réchauffe.
- Tu es très belle. murmure-t-il.
Je rougis encore et il rit de plus belle.
- Dean ! Qu'est-ce que tu fais ! crie la voix aiguë de Izzie, On t'attend !
- J'arrive ! lui dit-il, puis à moi, ravi de t'avoir vu Hailey, envoie moi un texto!
Il recule et se détourne pour rejoindre Izzie qui s'accroche à son bras aussitôt.
Puis je me rends compte que je souris comme une demeurée.

Le reste de la soirée se déroule, comme toute fête de ce nom, le fait: alcool qui coule à flot, des couples montant dans les chambres, et deux ou trois gars qui dégueulent dans la cuisine.
On me tend un verre et je le bois sans me soucier du contenu de celui-ci.
Le liquide brûle ma gorge, mais je n'en tiens pas compte.
L'effet de l'alcool s'insinue peu à peu dans mon organisme, et je marche maladroitement à la recherche de Nora.
Je la vois à l'autre bout du séjour, fourrant sa langue avec passion dans la bouche de Jordan.
Je grimace et vais à la direction opposée. Je heurte quelque chose et m'écroule dessus.
Je relève la tête, c'est Derek Sullivan, le meilleur défenseur de notre équipe de football.
Il me sourit largement et m'aide à me rasseoir.
- Tu es une rapide, toi. dit-il en essayant maladroitement de me caresser la joue.
- Vous avez besoin d'une chambre, les amoureux ? se moque Izzie qui est assise en tailleur face à nous.
Je me redresse et regarde autour de moi; je remarque subitement un groupe de personnes assises en tailleur avec une bouteille de bière vide au milieu.
Ava chuchote quelque chose à Léna qui éclate de rire. Izzie continue de me regarder fixement, l'air de dire dégage.
À côté d'elle, je vois Dean qui arbore une expression indéchiffrable.
- Qu'est-ce que vous faites ? demandé-je innocemment.
- On joue au jeu de la bouteille,explique Derek, on choisit un défi, et celui que la bouteille désigne doit le faire. Tu veux te joindre à nous ?
Je m'apprête à refuser, quand je vois Izzie ricaner.
- OK ! Ça pourrait être marrant.
Je m'assieds en tailleur et regrette aussitôt ma décision.
La première à être défiée et Kaylie, on lui demande d'embrasser un grand brun dont j'ignore le nom. Ce qu'elle fait sans la moindre hésitation. Ensuite, vient le tour de Izzie, qui a comme défi de retirer son haut. Elle le fait en décochant Dean de l'un de ses sourires ravageurs. Il lui rend son sourire et je serre les poings.
Elle porte un soutient-gorge rose effet push-up.
Elle prend la bouteille et dit:
- Je défie le prochain joueur d'embrasser Dean !
Dean se redresse:
- Et si c'est un mec ?
Tout le monde éclate de rire, sauf moi.
Mon cœur tambourine.
- Je suis sûre que tu aimerais ça ! dit-elle en souriant malicieusement.
Elle pose la bouteille au centre de l'assemblée et la fait tourner.
La bouteille tournoie à toute vitesse, avant de ralentir peu à peu et de s'arrêter devant moi.
Tous les visages se tournent vers moi.
Je déglutis difficilement.
Une ombre de sourire se dessine sur le visage de Dean.
- On peut recommencer, si tu en as envie, Dean. On n'a pas le droit de le faire, mais on peut faire une exception dans ce cas-là...
Je lance un regard noir à Izzie qui me sourit diaboliquement.
- Non, ça va aller. dit-il en se levant pour partir en ma direction.
- Tu es sensée te lever, me souffle ma voisine.
Je me lève et cesse de respirer.
Il n'est qu'à cinquante centimètres de moi.
L'effluve de son parfum m'enivre; un mélange de menthe et de lessive.
De son pouce, Il me caresse la joue et ma peau s'enflamme à ce contact.
- Bon, c'est quand vous voulez ! siffle Izzie entre ses dents.
Il l'ignore et prend délicatement mon visage entre ses mains, juste avant d'approcher lentement son visage du mien. Il affiche un sourire de triomphe quand sa bouche n'est plus qu'à quelques centimètres de la mienne.
Mais je me retire au dernier moment et fuit dans la direction opposée.
J'entends les rires des autres et les moqueries de Izzie.
- Où tu pars comme ça , Mère Theresa ?
Ma vue s'embue et des larmes froides roulent le long de mon visage.
J'appelle Nora, mais elle est injoignable.
Je lui envoie un message et décide de rentrer à pied.