All The Young Dudes.

- une tempête se prépare

TW : pour un peu de violence

Dimanche 1er septembre 1974

Alors que Remus se dirigeait vers la gare de King's Cross pour la quatrième fois, il se sentit totalement invincible. Il avait encore grandi au cours de l'été, et son visage avait changé - il n'était plus enfantin et rond ; sa mâchoire était serrée et ses yeux plus sombres. Dans ses lourdes bottes noires (vernies jusqu'à ce qu'elles brillent ce matin-là) et ses nouveaux vêtements élégants, Remus ressentait un sentiment d'identité plus fort qu'il n'avait jamais eu. Ste avait été très enthousiaste à l'idée de lui faire un tatouage avant qu'il ne retourne à l'école, mais Remus avait hésité - il avait déjà assez de notes.

- Ils penseront tous que tu as rejoint un gang, dit Matrone, dissimulant à peine son dédain alors qu'elle le déposait devant la gare. Tu ressembles à un délinquant.

- Allez vous faire voir, marmonna-t-il, qu'est-ce que ça peut vous faire ?

Elle lui donna un coup sec autour à l'oreille, et il grimaça. Elle devait maintenant lever le bras pour le faire, mais elle savait toujours exactement où ça faisait le plus mal.

- Tu seras à l'école avant qu'il ne fasse nuit, n'est-ce pas ? dit-elle d'un ton professionnel.

Il hocha la tête, maussade. C'était la pleine lune cette nuit-là.

- Bon, acquiesça-t-elle, à l'été prochain, alors.

Il entra seul dans la gare et traversa la foule avec une démarche masculine pratiquée - les jambes écartées, les mains serrées en poings. Les gens s'écartèrent rapidement de son chemin à son approche et un homme de la sécurité le regarda avec méfiance. Remus les ignora tous et s'avança à grands pas, délibérément, directement vers le mur magique, déboulant sur le quai neuf trois-quarts sans même broncher. Il était en retard, et la plate-forme était déjà presque vide, avec seulement les quelques derniers parents en larmes des premières années qui s'attardaient pour dire au revoir. Un rapide coup d'œil indiqua à Remus que les trois autres maraudeurs étaient déjà dans le train, alors il monta à bord et se dirigea directement vers leur compartiment habituel, bousculant rudement les autres étudiants - dont beaucoup lui semblaient très petits maintenant - alors qu'il luttait avec sa vieille malle cabossée. Ils étaient là, tous les trois assis entassés du même côté du compartiment, blottis derrière l'édition du matin de La Gazette du Sorcier.

- Ça va ? dit Remus en entrant.

James, qui était assis au milieu, tenant le papier, l'abaissa, et trois paires d'yeux fixèrent Remus. Peter avait l'air blanc et nerveux, ce qui était assez normal, et commença à mâcher sa lèvre inférieure, regardant James pour une réponse appropriée. James sourit, essayant d'être amical, mais ses yeux bruns errèrent sur Remus, de ses bottes à bout d'acier à son crâne rasé de près. Sirius était le plus difficile à lire ; ses yeux s'écarquillèrent légèrement, mais son expression resta neutre. Remus se laissa tomber sur le siège d'en face comme s'il ne l'avait pas remarqué.

- Bon été ?

- Pas mal, dit James, prudemment, comme d'habitude, tu sais... comment était le tien ?

- Bien.

Remus sortit un petit étui en étain de sa poche arrière et l'ouvrit pour révéler cinq cigarettes pré-roulées. Il en plaça une entre ses lèvres et l'alluma avec une allumette alors que le train commençait à s'éloigner de la gare. Peter regardait maintenant Remus avec sa bouche légèrement ouverte, comme s'il ne le reconnaissait pas. James avait l'air inquiet, un petit pli se forma entre ses sourcils.