Likiaë

Chapitre 15.2

         Ne nous laissant pas même le temps d'être surpris, l'elfe commença à marcher dans les broussailles sans nous attendre, visiblement sûr de lui. Mais nous ne bougiâmes pas d'un pouce. Il s'arrêté quelques mètres plus loin, surpris et légèrement agacé.

- Alors ? Vous venez ?

- Attendez, l'ai-je coupé. Nous ne sommes pas des âmes égarées ! On est là de notre plein gré.

        Nivalis est revenu sur ses pas. Il paraissait intrigué.

- De votre plein gré ? Ça alors ! C'est bien la première fois que j'entends ça !

      A en croire ses prunelles ébahies, on pourrait croire que je venais de lui annoncer que j'étais son fils caché depuis le début. Il avait l'air sincèrement surpris. C'était sûrement légitime, étant donné que les humains habituels qu'il croise devaient être paniqués et perdus, ce qui n'était pas loin d'être notre cas. La seule différence était que nous savions dans quel monde nous nous trouvions. Il a ensuite croisé les bras sur sa poitrine avant de reprendre d'un air suspicieux.

- Et si nous parlions de tout ça dans un endroit un peu plus accueillant ?

       Je me suis tourné vers mes compagnons, attendant un soutient moral. Mais ils se contentaient de dévisager Nivalis d'un œil inquiet. Le choix me revenait donc puisqu'apparemment, j'étais le seul en capacité de réfléchir.

- On te suit.

      L'elfe s'est contenté d'hocher a tête avant de se retourner et partir dans une direction inconnue. Il pouvait nous emmener dans un « endroit plus accueillant » ou directement dans la gueule d'un dragon, je ne verrais pas la différence. Nous l'avons alors suivi, la boule au ventre.

      Cela faisait quelques minutes que nous marchions dans la forêt sans que le paysage ne change. Je commençais à me lasser des arbres infinis et des libellules orange, j'avais l'impression que nous tournions en rond depuis tout ce temps.

- Adam ? fit une voix masculine tellement basse que je ne l'aurai pas entendu si mon interlocuteur se trouvait à peine plus loin qu'il ne l'était maintenant. On est vraiment en train de suivre un inconnu de notre plein gré ?

       Je pousse un soupire entre l'inquiétude et la lassitude. Olive avait raison d'être inquiet, et moi-même je ne sais pas ce qui me poussait à accorder un minimum de confiance à cet individu des plus étranges.

- On dirait bien que oui... Mais tu as une meilleure idée ? C'est ton truc les plans foireux normalement.

      Mon ami rigole d'un rire sans joie avant de reprendre, déjà plus sûr de lui.

- C'est vrai. On dirait que j'ai une mauvaise influence sur toi.

- Faut croire... Mais au moins, peut-être qu'il pourra nous aider à trouver Daphné ?

 - J'espère juste qu'il ne nous conduit pas dans un piège, avoua-t-il, encore plus bas.

      J'ouvrai la bouche avant de la fermer. Je n'avais rien à dire. L'inquiétude d'Olive était légitime, je la ressentais moi-même. Rien de ce que je pourrais dire pourrait le rassurer, et je n'avais pas envie de raconter de mensonges.

       La discussion aurait pu s'arrêter là, le silence de notre groupe aurait pu recommencer. Mais ce n'était pas maintenant que j'allais pouvoir écouter à nouveau les oiseaux chanter : Elana venait de poser ses mains sur nos épaules, ce qui me procura un frisson de peur se faisant ressentir dans tout mon corps.

- Ha ! Mais tu es tarée ! chuchotais-je à crier.

- Pas plus que toi visiblement. Tu aurais fait quoi si Olive avait eu une meilleure idée ?