Prologue

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- Bonjour, Julie. J'espère que tu as fait ce que je t'ai dit.

- Absolument, monsieur. Cela arrivera. Dans quelques minutes, tout au plus.

- Bien. Il doit mourir, tu le sais, non ?

- Oui, monsieur.

- Bien. Quand tout sera fini, je ferai en sorte que tout aille bien pour toi. Donnant-donnant.

Julie acquiesça. Elle n'aimait pas le fait de faire du mal à l'homme qu'elle avait aimé - et qu'elle aimait toujours secrètement - mais sa situation était désespérée. Elle avait attendu trop longtemps dans la maison abandonnée. Longtemps après le départ de ses parents vers un village campagnard où ils voulaient finir leur vie. Longtemps après qu'une patrouille soit venue fouiller la maison, longtemps après qu'elle aie tué les gendarmes de patrouille ce jour-là, longtemps après qu'elle aie barricadé sa maison et creusé un tunnel secret dans le jardin pour se ravitailler. Elle a attendu Éric trop longtemps. Lorsqu'elle a entendu dire par son cousin qui était allé la visiter qu'il avait vu Éric en compagnie de deux filles, la nuit, sur les toits de Paris, sa jalousie avait atteint des sommets au-dessus de la raison. Elle s'était promis de les retrouver, tous les trois, et les tuer. Mais, au bout d'un mois, elle s'était découragée. Chercher son homme était trop difficile, sa tête étant mise à prix par l'État.

C'est alors qu'elle avait reçu la visite d'un homme cagoulé, portant des lunettes de soleil épaisses, mais dont l'allure trahissait la hauteur de son rôle dans la société. Il lui avait proposé quelque chose de très simple : écrire pour lui une lettre dans une autre langue qui utilisait le même alphabet qu'elle. Julie écrit donc la lettre, et, sous les ordres du mystérieux homme, alla au sommet de dôme de verre et la plaça dans une sorte de réceptacle où elle tenait parfaitement. La seconde d'après, la lettre avait disparu. Ce phénomène avait beaucoup intrigué Julie, mais elle n'y avait pas prêté une grande attention : elle voulait juste se sortir du pétrin dans lequel elle s'était mise.

- J'imagine que cette escalade t'a fatiguée : tu peux te reposer dans cette salle.

L'homme ouvrit une porte et Julie, fatiguée et rendue naïve par les épreuves qu'elle avait traversées, entra dans la pièce sans vraiment la regarder. Dès qu'elle fut à l'intérieur, l'homme referma la porte - blindée - et elle put entendre le cliquetis des clés tournées et retournées dans une serrure. Prise de panique, elle se rua sur la porte, avant de se rendre compte qu'il n'y avait pas de poignée à l'intérieur.

Découragée, épuisée, effrayée, elle se laissa glisser contre la porte. Elle contempla la pièce et fut frappée par le nombre incalculable de machines présentes, et par la modernité et la complexité de celles-ci. Elle ferma les yeux et essaya de s'assoupir, lorsqu'elle entendit un bourdonnement. Les machines, une à une, se mettaient en marche, produisant des rayons colorés qui se concentraient en un point à quelques mètres de la jeune femme. La terreur se mit à bouillonner dans son être et elle se colla à la porte blindée, se raccrochant à elle comme à sa vie, qui, selon elle, n'aillait pas tarder à être emportée par cet équipement futuriste.

Soudain, le rayonnement devint plus fort et se plaqua sur Julie, l'illuminant de toutes parts. Elle sentit son corps se modifier, ses vaisseaux sanguins la brûlaient, sa tête pesait trop lourd pour son petit cou affaibli, ses jambes...ses jambes semblaient avoir disparu. Mais le pire était son dos. Quelque chose semblait en sortir, déchirant sa chair dans un long supplice. Quand enfin son calvaire s'arrêta, elle s'évanouit, deux grandes ailes noires derrière le dos.

Nina - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant