Chapitre 2

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Lana se réveilla dans une petite maison, dans une petite chambre, sur un petit lit de fer, une fine couverture la recouvrant. Elle se frotta les yeux, l'esprit embrumé par les événements de la vieille, auxquels elle s'efforçait de ne pas trop penser, car elle devait garder la tête froide si elle voulait échapper à l'Etat et à cet ennemi tapi dans l'ombre, qu'elle ne connaissait pas, dont elle n'avait aucune preuve de l'existence, mais qu'elle ressentait, comme un mauvais pressentiment qui ne s'en allait jamais, car ce sentiment ne concernait pas un événement, mais une personne.

Elle entendit du bruit derrière la porte de bois qui paraissait bien trop lourde pour ses gonds. Elle sursauta, se redressa sur le lit et, tandis qu'elle regardait autour d'elle, sa solitude se fit frappante. Elle était seule ; sans amis à qui parler, sans personne pour la conseiller, mais surtout, elle était seule contre le monde. Jamais la situation ne lui avait semblé plus désespérée.

« Il faut que je sorte d'ici », se dit-elle tandis que les pas se rapprochaient. Lorsque la porte s'ouvrit, elle ferma les yeux très fort. Elle savait que, si son hôte était armé, elle n'aurait absolument aucune chance. Mais cette technique était, en quelque sorte, une façon de se détacher, de fuir la réalité.

- Bonjour ! Tu es Lana, non ?

Elle ouvrit les yeux. Un jeune homme se tenait devant elle. En d'autres circonstances, elle aurait dit qu'il était beau, mais là, elle était trop occupée à tenter de deviner ses intentions.

- Tu es recherchée par l'Etat, tu dois le savoir.

- Ou...oui...

- Bon. Je me présente. H, dix-huit ans.

- ...Euh...La...Lana, seize ans...

- Oui, je sais. J'en sais plus sur toi que tu ne le penses. Mais t'inquiète, je cafterai pas, si tu me permets de venir avec toi.

- Ve...venir avec toi ? Euh... je veux dire...avec moi ? Pourquoi ça ?

- Je suis mi-humain, mi-eïla. Je n'ai pas d'ailes, mais je peux voler. Je ne peux pas entendre les pensées des autres, mais je peux influencer leurs esprits. Emmène-moi avec toi ! Tout ce que je veux, c'est que notre race soit libre.

- Libre ? Comment ça, libre ?

- Les eïlas se cachent, tu le sais, non ? Eh bien, avant, nous vivions avec les humains. Mais c'est avant Silaro, enfin, avant son père. Je veux rendre à notre peuple sa liberté.

Lana recula d'un bond. Leur peuple, vivre avec les humains ? On lui a pourtant toujours appris que les humains étaient des monstres, qu'il fallait les éviter. Naomi... « Naomi est peut-être la seule exception », pensa-t-elle.

- Tu peux venir avec moi, dit-elle d'un ton soupçonneux, mais je doute que les humains veillent des eïlas. Je ne sais même pas si ils savent que nous existons.

- Merci ! Merci, merci beaucoup ! Et, tu sais, pour les humains...ça ne m'étonnerais pas que la moitié d'entre eux soient eïlas. En tout cas, un bon quart.

Il se tourna vers la porte, puis vers Lana.

- Tu viens ? J'ai fait le petit-déjeuner. Et vu que tu as dormi toute la journée d'hier et toute la nuit dernière, tu dois avoir faim. Nous partirons quand tu seras reposée.

- Attends une minute !

Il s'arrêta et se retourna.

- Oui ?

- Je veux que tu me jures trois choses, si tu veux venir avec moi.

- Euh...d'accord.

- Premièrement, je ne veux jamais – mais alors, jamais ! – que tu prennes le contrôle de mon esprit.

- Juré, dit-il en mettant le dos de sa main sur son cœur, une coutume eïla pour accompagner un serment qu'on ne rompra jamais.

- Deuxièmement, toutes les opérations se passent sous mon contrôle. Je te dis de courir, tu cours. Je te dis de voler, tu voles. Je te dis de tuer, tu tues. Je te dis de t'enfuir, tu t'enfuis.

- Juré, dit-il en mettant le dos de sa main sur son cœur.

- Et enfin troisièmement, je veux que tu restes avec moi jusqu'à ce que cette affaire soit terminée. Je veux dire, pas forcément par une présence physique – si je te dis de fuir, ça va être difficile –, mais je veux que tu restes mon allié, même extérieur si besoin, jusqu'à ce que tout soit fini. Tu ne pars pas en plein milieu, même si c'est pour ne rien dire à l'Etat. L'engagement que tu prends, tu le prends jusqu'à la fin.

- J'espérais que tu dises ça. Juré. Il mit une troisième fois le dos de sa main contre son cœur.

Lana se détendit visiblement. Il avait accepté ses conditions, il avait juré, de surcroît. Et puis, un allié ne lui ferait pas de mal.

- Bon, on va manger ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 18, 2015 ⏰

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Nina - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant