Chapitre 1 - Le chalet

142 8 9
                                    

— Récupérez vos sacs et mettez-vous en rang ! tonne pour la quatrième fois, Monsieur Caldwell. J'ai l'impression de parler à des collégiens.

Il soupire ses derniers mots. Je le regarde et je souris en saisissant ma valise dans la soute du bus. Monsieur Caldwell est très mignon. Il est arrivé dans notre lycée, en novembre de l'année dernière, pour remplacer notre ancien professeur principal parti à la retraite — et temps mieux ! Il commençait à devenir gâteux.

Lui, Monsieur Caldwell, a eu vingt-six ans cette année. J'ignore exactement en quel mois, mais cette année lui a donné ou lui donnera vingt-six ans. Comment j'le sais ? Facile. Je le lui ai demandé le jour de sa venue dans notre classe. Il avait l'air un peu stressé et pour détendre l'atmosphère, il nous a autorisé à lui poser des questions. Je n'allais donc pas me gêner. Je ne suis pas du genre direct, mais pas timide non plus — c'est un équilibre, même si depuis, en sa présence, mes joues se carminent un peu trop facilement. Cette question l'a fait bégayer et moi, ça m'a amusée.

Pour en revenir à mon professeur principal et son côté mignon, il l'est, oui. Il a des yeux en forme d'amande, de couleur jade. Son nez délicat va parfaitement bien avec son visage. Ses fines lèvres sont rosées et ses cheveux bruns bouclés semblent soyeux. Des mèches lui tombent sur le front, et ça lui va parfaitement bien.

Parfois, je me demande d'où m'est venue cette attirance pour mon professeur. Son physique ? Oui, mais ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Apprécier un physique, ça me parait différent de ce que je ressens. De ce qu'il me fait ressentir.

Au collège, il y a eu Monsieur Ross. Kate et moi, nous le trouvions beau. Pourtant, ce n'est pas comme avec Monsieur Caldwell. Monsieur Ross, je ne pensais pas à lui comme je pense à Monsieur Caldwell. Il était beau et ça s'arrêtait là.

C'est si étrange... Je me rappelle son entrée dans notre classe, comme si c'était hier. Je me rappelle que mon cœur s'est mis à battre de manière plus vive qu'à l'accoutumée. Je me rappelle qu'il m'a suffi d'une seconde pour tomber sous son charme. Une seconde pour qu'il ne quitte plus mes pensées. Son sourire, sa voix... Le coup de foudre non partagé ? Probablement.

— Mia ? Rêves-tu ?

Je secoue la tête et reviens à la réalité. Tout en vous le décrivant, les pupilles noisette foncé de mes yeux légèrement tombants s'étaient perdus sur lui.

— Oui, professeur, pardonnez-moi, m'excusé-je.

Il me sourit.

— Allez, viens.

Je hoche la tête et suis les autres élèves qui marchent dans la neige. J'attrape discrètement le bras de Kate, une brune aux yeux miel.

— Tu aurais pu me dire que tu avançais ! chuchoté-je. Traître !

Elle rigole et ralentit pour marcher à mon rythme.

— Ça ne t'a pas plu de te faire légèrement réprimander par Monsieur Caldwell ? me demande-t-elle d'une voix moqueuse.

Je lève les yeux au ciel. Elle n'a pas tort et un léger sourire se dessine sur le bord de mes lèvres pour lui donner raison. Face à mon comportement, elle s'esclaffe et tout le monde se tourne vers nous. Même lui. Je donne un coup de coude à Kate qui se retient de rire.

— Remercie-moi, sourit-elle.

— Oublie. Il va penser que je suis folle à le regarder comme ça.

— J'ai un doute, pouffe-t-elle pour me taquiner.

— Raaah, étouffe-toi !

J'accélère le pas en m'agaçant. Quand je veux, je marche assez vite. Je ne suis ni petite, ni grande : entre la moyenne, sans doute.

Station Romance [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant