Prologue

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Huit ans plus tôt :

Malgré la journée passée à me baigner dans la mer Ligurienne, la chaleur a eu raison de moi. Affalée sur mon lit en short et débardeur, j'essaie de ne pas suffoquer en écoutant le dernier tube de Miley Cyrus. Maman dit toujours qu'en naissant sweeties, nous sommes, d'office, habitués aux variations de température. La sélection naturelle explique cette assertion : selon elle, un vrai natif du Sweetenstein prouve sa légitimité en s'adaptant aux conditions climatiques, parfois capricieuses, de notre île.

Une journée comme celle-ci me fait pourtant douter de mon droit à faire partie de ce peuple restreint. Si ça se trouve, le destin a prévu autre chose pour moi. Peut-être que plus tard, lorsque je serai adulte, je voyagerai partout dans le monde et déciderai que notre cher pays s'avère bien fade comparé aux splendeurs qu'offre la Terre. Peut-être même qu'un jour, je naviguerai dans l'espace. Qui sait ?

Rigolant de mes bêtises, je tourne la tête vers les posters ornant ma chambre. Passionnée d'astronomie et de nouvelles technologies, je me situe bien loin des préoccupations des filles de mon âge. C'est pour ça que je traîne surtout avec Sacha, mon meilleur ami et accessoirement prince benjamin du Sweetenstein. Ensemble, nous pouvons parler informatique et consoles de jeux plutôt que d'acteurs sexy ou de maquillage. Non pas que je ne m'intéresse pas à ces sujets, il est vrai qu'à presque quinze ans je ressens les changements du corps qui me poussent à scruter frénétiquement les dernières photos que Liam Hemsworth poste sur Facebook.

Avec Sacha, tout est facile. Nous sommes nés la même année, par conséquent, nous avons accompli notre scolarité ensemble. Il est mon allié depuis les premières minutes en maternelle : alors que je venais de renverser, sur mon dessin, le verre d'eau dans lequel je rinçais mon pinceau, il a collé des gommettes sur son visage pour me faire rire. A cet instant précis, Sacha est devenu mon meilleur ami pour la vie. Rien ne pourra jamais nous séparer, j'en suis sûre.

Même pas Pedro et Tiago, mes idiots de frères aînés, tous deux persuadés que le prince les apprécie plus que moi. Complètement tarés, ceux-là. Ils se prennent pour des beaux gosses et n'arrêtent pas de me rabaisser. C'est vrai qu'à force de pratiquer le paddle en pleine mer, ils étrennent une silhouette musclée tandis que mon effort sportif le plus intense a lieu lorsque je porte un dragibus à ma bouche. Les noirs sont mes préférés, mais je dévore les autres couleurs avec plaisir quand même.

Justement, en parlant d'eux : mes imbéciles de frangins doivent être de retour, car je perçois du brouhaha au rez-de-chaussée. Ils se disputent encore. Probablement au sujet d'une fille, à moins que ce ne soit pour savoir lequel arbore les plus gros biceps. Tiens, maman s'y met, c'est rare de l'entendre crier. D'ailleurs, ça me tord le ventre alors je saisis mon téléphone et augmente le volume de la musique. AVICII, j'adore !

Mon pied bat la mesure un instant avant que je sorte mon corps de sa torpeur pour m'agenouiller sur mon lit et danser en sautillant. Tant pis si je dois prendre une autre douche ! Papa râlera pour la forme à cause de la dépense supplémentaire, mais il ne me résiste jamais très longtemps lorsque je lui adresse mes yeux tristes. Privilège d'être la dernière de la fratrie et la seule fille de surcroît.

— So wake me up when it's all over, chantonné-je joyeusement en me trémoussant avec mon téléphone en guise de micro.

Un refrain plus tard, des bruits sourds me font sursauter. Maman hurle toujours tandis que j'ai l'impression qu'on traîne les meubles sur le carrelage. Que se passe-t-il ? Mes frères ont dû faire une sacrée bêtise pour qu'elle soit aussi fâchée. Zut, c'est seulement le début des vacances d'été, ils vont foutre en l'air l'ambiance avec leurs âneries.

Jetant mon smartphone sur le matelas, je m'approche de la porte à pas feutrés et plaque mon oreille sur le bois, mais les voix ne s'en révèlent pas plus perceptibles. Je soupire de frustration avant de hausser les épaules et de m'allonger à plat ventre sur le lit. Le paquet de dragibus s'avance dangereusement de moi et quelques confiseries s'en évadent, m'obligeant à les gober. Un bonbon sorti est un bonbon mangé.

Bienvenue au Sweetenstein - Tome 2 : Zaccaria - Roman éditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant