Bambi | JUNHAO

11. Still Loving You

Les jours s'étaient tristement écoulés, et le grand jour était finalement arrivé. Depuis l'incident avec la guitare, Junhui et Minghao n'avaient pas eu l'occasion de se revoir. Bien que Junhui ait multiplié les visites à la grande boîte de nuit, cherchant désespérément à croiser Minghao, le hippie avait pris soin d'éviter toutes les occasions de le rencontrer. Il se contentait de fréquenter les lieux uniquement pour les dernières répétitions avec son groupe, évitant soigneusement tout contact avec Junhui.

Pendant ce temps, les paroles de leur nouvelle musique avaient été méticuleusement composées par Minghao, qui, malgré sa propre tristesse, avait brillamment sublimé ses émotions à travers ses créations. Le groupe avait été enchanté par son talent, même si Minghao lui-même était tiraillé entre la composition de Jihoon, qu'il allait jouer ce soir-là, et celle qu'il avait créée lui-même, qu'il préférait de loin.

Une fois les répétitions terminées, Minghao se précipitait à l'extérieur, comme s'il cherchait à échapper à une scène dont il se sentait étrangement détaché. Ses amis, inquiets et déconcertés par son comportement, se retrouvaient désemparés face à son désir de fuir plutôt que de partager un moment crucial avec eux. La tension était palpable dans l'air, et chacun sentait que quelque chose devait céder pour que la soirée se déroule sans heurts.

Personne ne semblait vraiment comprendre le mal-être que Minghao ressentait. Bien que ses amis étaient préoccupés par son comportement étrange, personne ne percevait l'ampleur de sa culpabilité et de son embarras. Le poids de ses actes et l'angoisse de devoir affronter Junhui le paralysaient. Il savait au fond de lui que le rockeur ne lui ferait aucun mal, mais il préférait éviter de le voir, ne serait-ce que pour échapper à la colère ou à la déception qui pourraient briller dans ses yeux. Il était enfin seul, sans le rocker comme il le lui avait demandé lors de leur premier échange farfelu dans le placard à balai. Mais pourquoi la vie lui parraissait-elle si fade et ennuyeuse ?

Contrairement à Minghao, qui avait choisi de se rendre à la boîte de nuit à la dernière minute pour éviter toute confrontation, Junhui s'était levé aux aurores ce matin-là. Il avait pris la direction du luthier, impatient de récupérer sa guitare restaurée. Pour financer les réparations, il avait vendu le modeste bureau en bois de son appartement du centre-ville, un geste désespéré mais nécessaire pour couvrir les frais probablement élevés.

Le vent frais et humide soufflait dans les longs cheveux bruns de Junhui alors qu'il se dirigeait avec impatience vers la petite boutique que lui avait indiqué Seungcheol la veille. Le directeur avait fait appel à des ouvriers pour les dernières installations de la salle de concert, libérant la journée pour ses musiciens l'ayant suffisament aidé.

Lorsque le rocker entra dans la boutique rustique, il fut impressionné par la quantité d'instruments décorant chaque recoins de la pièce. Des modèles de collection étaient à la disposition de ses yeux ébahis, et il aperçu finalement un vieux monsieur souriant qui sortait de son atelier pour l'accueillir au comptoir. Il lui retourna son sourire et s'approcha du vieil homme, les mains fourrées dans les poches de son long manteau en cuir noir.

"Quelle classe jeune homme. Vous devez être le propriétaire de la Harley Benton rouge. Très beau modèle."

Un petit rire s'echappa des lèvres glacées de Junhui, et il répondit d'une voix forte lorsque l'artisan s'éclipsa dans son petit atelier pour récupérer la guitare.

"En effet, vous êtes perspicace. Je voulais vous remercier pour votre efficacité. Et vous tenez une très jolie boutique."

L'artisan fut touché par les mots de Junhui, et un grand sourire apparut sur le visage de ce dernier à la vue de sa guitare dans les mains usées de l'ouvrier. Il la récupéra avec excitation par dessus le comptoir en bois avant de la ranger dans sa housse qu'il avait soigneusement apporté. Elle avait été racomodée avec perfection, et si Junhui n'était pas au courant qu'elle avait été abîmée, il ne l'aurait probablement jamais remarqué.