8. Excitable

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Minghao se tenait là, au milieu de la piece, absolument déconcerté par le regard intrigué de Junhui. Tellement de pensées traversaient son esprit qu'il ne parvenait même plus a se souvenir de la raison première pour laquelle il souhaitait parler au rocker. Il se ressaisit rapidement et prit finalement la parole, mettant fin à l'angoisse de Junhui qui s'attendait à la pire des nouvelles.

"T'aurais pas vu des feuilles dans la salle de répétitions ? J'ai y ai laissé mes compo hier soir et ce matin elles ont disparu. Jeonghan m'a dit que t'étais un des premiers à être arrivé aujourd'hui. "

Un sentiment de soulagement envahit Junhui, heureux de savoir qu'il n'y avait eu aucun meurtre. Il prit quelques secondes pour réfléchir a son emploi du temps de la veille et de ce matin. Seule la musique rock du tourne disque résonnait dans la piece, et Minghao reconnu la voix de Mingyu et les riffs puissants de Junhui.

Le rocker ne comprenait pas comment Minghao pouvait être aussi calme dans cette situation. S'il était dans cette situation, il aurait probablement fait une attaque. La vérité était que Minghao avait bien dépassé le stade de l'énervement, et que désormais un rien pouvait le mettre au bord des larmes. Il était tout simplement trop drainé physiquement et mentalement.

"J'ai pas souvenir d'être allé dans la salle de répétitions. C'est ça qui te rends tout pâle comme ça ? on dirait que t'as vu un fantôme. Je sais que je suis pas maquillé aujourd'hui mais quand même, je me sens insulté." Plaisanta Junhui, un grand sourire aux lèvres.

Il retourna à ses occupations, penché dans ses papiers. Minghao ne répondit rien, donnant raison au guitariste. C'était un très bon prétexte pour justifier son anxiété. Même si les feuilles n'étaient pas ce qui faisaient paniquer Minghao. Les feuilles on s'en fout. C'est le mantra qu'il se répétait, mais au fond de lui cette sensation de ne jamais faire assez était toujours présente. Dès qu'il se bougeait un peu, il se prenait une balayette de la vie. C'est comme si rien n'allait jamais dans son sens.

Minghao ne pouvait supporter la sensation dans sa poitrine, qui se tordait et se serrait comme un étau. Il essayait désespérément de se détendre, mais se sentait bien idiot face à Junhui, toujours aussi décontracté. En comparaison, Minghao se trouvait rigide et mal à l’aise. Évidemment, Junhui avait plus de succès que lui sur tous les plans.

"Je me sens comme une merde," avoua finalement Minghao, décontenancé.

Junhui leva légèrement la tête, le regardant du coin de l’œil tout en feuilletant un gros livre posé sur la table. Il était surpris que Minghao ouvre la conversation et montre une telle vulnérabilité. Junhui se retrouva tiraillé entre l’envie de le réconforter et son hésitation, incertain de la façon d’aborder la situation. Il percevait une douleur profonde chez Minghao, et une partie de lui voulait comprendre ce qui le tourmentait.

"Tu en as l'air aussi. Vu les valises sous tes yeux, tu devrais pouvoir y trouver de quoi aller mieux," plaisanta Junhui avec un sourire moqueur.

L’humour était l’arme favorite de Junhui pour désamorcer les situations émotionnelles. Il avait appris que, face à Minghao, il valait mieux éviter l’approche trop émotionnelle, car cela le faisait souvent se fermer. Junhui était amusé par la petite bouille fatiguée de Minghao, qui avait l’air si fragile qu’une pichenette aurait pu le faire tomber.

Minghao se sentit embarrassé par cette remarque, réalisant à quel point son état pitoyable était visible. Malgré ses efforts pour paraître présentable le matin même, rien ne pouvait masquer les séquelles de ses longues insomnies. En contraste, Junhui, même vêtu simplement, avait une présence qui ne passait jamais inaperçue. Minghao n’avait jamais vu Junhui sans maquillage, et il était frappé par la douceur de ses traits sans la tonne de noir et d'eye-liner habituel.

Bambi | JUNHAOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant