Cette histoire remonte à la nuit des temps et se passe un soir à vous glacer les os, jusqu'à la moelle...
Au coeur d'une vaste forêt ; entouré de multiples espèces végétales et conifères des plus imposant, reposait un petit sapin. Dénué de tout charme et d'intérêt, le petit être déprima. Il n'avait ni la taille, ni la fière allure des autres... Ces épines, tranchantes et tordues ne ressemblaient en rien à celles que revêtaient les autres. Les leurs, petites et fines, rayonnaient dans toute leur splendeur.
"Tu verras avec l'âge" lui disait-on...
Mais ni les minutes, ni les heures, ni les mois, ni les années et décennies qui s'écoulèrent n'y firent quelque chose. Il resta le rejeton à la laideur sans égale. Pris en grippe des autres arbres, il s'enfonça encore plus. Il était laid, difforme, minuscule, maculé d'imperfections...
Il était différent, tout simplement.
Les fourmis et autres insectes s'en prirent également à lui. Il n'avait plus la force de se dépêtrer de leurs morsures, ni celle de vivre d'ailleurs. A quoi bon vivre lorsque nous sommes rejeté de tous et la bête noire de notre propre espèce ? Il accepta donc son triste sort, renonçant à l'avenir glorieux qu'on lui avait prédit.
Dans des années je serais grand et fort ? J'éblouirai le monde entier de mes atouts ? J'émerveillerai petits et grands ?
Tu parles, se disait-il, que des bobards...
Il se laissa alors aller au chagrin et se donna littéralement corps et âme aux insectes grouillant sous ses épines disproportionnées. Au moins, avait-il une utilité auprès de quelqu'un ! Il laissa les petits êtres le ronger, comme la tristesse le rongeait. Ou moins n'était-il plus seul...
Des années passèrent, défilèrent sans qu'aucun changement ne pointe le bout de son nez. Le petit sapin vit s'enchaîner les saisons, l'hiver cédait place au printemps qui était bien vite remplacé par l'été avant de se changer en automne et de reprendre le cycle depuis son début.
L'hiver, contrastait avec sa noirceur, le printemps lui rappelait son immonde existence et l'été lui prouvait à chaque passage la majesté des autres devant sa laideur. L'automne habillait le reste de la forêt de couleurs des plus splendides ! Chacun revêtait alors une robe propre à lui-mêmes et agitait son feuillage semblant valser au gré du vent. Lors de ces spectacles à en couper le souffle, il s'affligeait encore plus, revêtant toujours et encore son vieil habit démodé et emmêlé.
La seul saison qui ne le chagrinait moins que les autres étaient l'hiver. La seule saison où un fin manteau de neige le recouvrait, tandis que la végétation en toute pudeur se gelait les branches. C'était la seule saison lors de laquelle les autres arbres lui lâchaient les branches. De plus, il eut un soir la chance d'apercevoir une aurore boréale illuminer les cieux au-dessus de lui. Cette beauté céleste lui coupa le souffle et réchauffa son petit cœur, glacé par les méchancetés des autres géants.
Le jour de ses cent ans, des fées passant par la eurent vent de l'accablement du malheureux. Aussi, décidèrent-elles de le revêtir au mieux ! Elles le revêtirent de fragments d'étoiles, par dessus son manteau de neige et l'enrobèrent de lumière.
Elles lui offrirent la lumière et la beauté mais le prévinrent, qu'un jour cela s'estompera. La magie n'étant pas éternelle, la leur du moins, elles lui firent promettre de ne pas abuser de cette lumière.
Il possédait enfin quelque chose qu'on lui enviait ! Décoré de pareils splendeurs, il attira le regard de plus d'un. On dit même que les arbres s'inclinèrent devant sa majesté !
Le petit sapin aurait même pu être comparé à l'aurore boréale dont il avait été spectateur, tellement il éblouit l'univers entier !
Les animaux passant par là s'inclinèrent devant son imposante beauté. On le reconnut enfin à sa juste valeur !
Un peu plus loin, des bruits de pas se firent entendre. Et quelques minutes plus tard, jaillit un homme des fourrés. Un homme tout de noir vêtu, traînant une longue corde à sa suite. Il ne portait ni manteau, ni moufles et encore moins de bonnet. Petit sapin en fut surpris, d'habitude, les humains qu'ils voyaient à cette période de l'année s'habillaient plus chaudement pour ne pas geler sur place ! À y regarder de plus près, l'homme était nu pieds dans la poudreuse blanche s'étalant à perte de vue. Une barbe de plusieurs jours, aussi emmêlée que l'étaient les épines de notre petit conifère, ornait la figure terne et osseuse de la personne. La corde qu'il traînait à bout de bras semblait se rejoindre en une boucle en sa fin.
Lorsque le petit arbre comprit ce que projetait de faire l'homme, il irradia la vallée de son éclat, de sa chaleur...
S'il y avait la moindre chose qu'il pouvait faire en ce jour pour aider l'autre, il le ferait ! Après tout, il faut bien se serrer les épines entre dépressifs !
L'homme arrêta sa marche macabre et se tourna vers l'endroit d'où provenait cette lueur divine. Lorsque son regard croisa celui de son sauveur, la corde lui échappa des mains. Il le fixa intensément, comme on s'émerveille de la vie, des larmes lui roulant sur les joues. L'homme s'effondra ensuite dans l'entité glaçante et immaculée. Petit sapin paniqua, il devait lui venir en aide, mais comment faire ??
Le vent porta jusqu'à lui le bruit de recherches intensives et de cris désespérés. On le cherchait...
Il puisa encore dans ces derniers ressources et laissa échapper la lumière que lui avait confié les êtres graciles à la bonté inégalée. Il venait peut être de perdre le présent qui venait de lui être fait, mais il refusait de demeurer impuissant devant la mort certaine de cet homme.
La lumière dut les guider, car quelques instants plus tard, la vallée était pleine à craquer d'humains de toutes sortes. Ils emportèrent avec eux l'inconscient frigorifié.
Petit sapin s'applaudit il venait sans doute de sauver la vie de quelqu'un ! Bien que la végétation lui hurle l'échec cuisant et sa débilité au visage, il resta debout. Il a bien réagi, il en est certain ! Qu'importe s'il est redevenu le laideron qu'il était ! Après tout, on ne peut pas changer sa nature profonde...
Une semaine plus tard, un groupe de bûcherons s'invita dans la vallée et se dirigea vers le petit sapin. Il lui coupèrent le tronc et le déplacèrent.
Mais où allaient-ils l'emmener ??? Était-ce la fin ??
Ils atteignirent bientôt un village et le déposèrent devant un chalet. Ce même chalet où on l'installa confortablement au coin du feu.
Une jeune fille s'émerveilla de la beauté du petit être.
Petit Sapin s'étonna, qu'a-t-il donc qui lui vaille un tel accueil !? Ou la petite voit-elle la beauté qu'elle décrit !?
La petite le revêtit d'une guirlande colorée et l'entoura de bougies.
- Père n'arrête pas de parler de toi comme un don de Dieu. Tu l'as sauvé ce soir là ! Il voulait qu'on te ramène et que tu protèges cette maison et ce village tout comme tu l'as sauvé ce soir-là. Ce soir, c'est Noël, une fête de partage. Alors accepte d'en devenir le symbole, car après tout, tu as redonné vie à mon père, et la vie, n'est-ce pas le plus beau cadeau que l'on puisse offrir ?
La fillette l'embrassa et rejoignit les autres à table, dans la pièce voisine.
Ce soir-là fut égaillé par les rires de la famille, réunie au grand complet. Petit sapin, quant à lui, trouva enfin sa place dans ce monde !
Le plus beau des cadeaux, c'est la vie ! Aussi, le sapin devint le symbole de la vie, de Noël et du partage !
La tradition se perpétua, si bien que de nos jours, le sapin décore encore et toujours nos maisons en période festive !
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Recueil De Mon Imaginaire...
General FictionEnfant dans l'âme aux questionnements multiples avec pour seule barrière le déni. Dans ce genre de situation, on a tendance à formuler nos propres réponses à partir de nos interrogations profondes. Voici une partie de l'enfant que je suis, avec ses...