Confession sur papier

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***,

Je décide de t'écrire sur ce bout de papier, que je jetterais probablement, une fois de plus, après avoir libéré ma pensée.

Pourtant, c'est plus fort que moi. Dans un sens, j'ai ce besoin de t'écrire, dans un autre, je ne peux me résoudre à te faire part de cette confession. Nous allons à la même école, nous sommes dans la même classe et nous partageons le même groupe d'amis. Par conséquent, tu l'as bien compris, je ne peux pas t'éviter, en cas de rejet.

Cela dit, je ne te remercierai jamais assez d'être apparu dans ma vie, ce mardi matin. Un mois après la rentrée des classes, un nouvel élève avait été introduit à la classe, c'était toi. Je me souviens que tu ne t'es pas laissé impressionner par ton arrivée tardive. Tu souriais à tout le monde et avançait d'un pas fier. Je me souviens avoir pensé que tu devais être le genre de personne égocentrique, prétentieuse et méprisante vis-à-vis de ceux qu'il n'estimait pas à son niveau. Ta façon de t'habiller en costard et de coiffer tes cheveux en arrière ne faisait que confirmer mes impressions. Néanmoins, je trouvais remarquable cette capacité à avoir autant confiance en soi.

Je me souviens aussi de tes fascinantes histoires sur tes voyages aux quatre coins du monde avec ta famille. Ces récits avaient le dont de rassembler tous les élèves de la classe, et parfois de l'école. Je t'enviais follement. J'étais dans cet établissement depuis deux ans, et je n'avais jamais réussi à me faire des amis.

Je savais que j'en étais la seule responsable, parce que j'étais terriblement renfermée sur moi-même, ainsi que pas du tout ouverte à la discussion, par peur qu'on ne me trouve pas intéressante. Je me demandais comment tu arrivais à montrer tant d'assurance, à aller vers les autres, et à avoir toujours quelques choses à raconter sans jamais lasser autrui. Je dois t'avouer, que je te détestais du plus profond de mon cœur pour tout cela.

La vie était absolument injuste, de donner autant de qualités à une personne et de donner tant de défauts à une autre.

Cependant, grâce à toi, je sais, à présent, que mon opinion était erronée.

Deux semaines après ton arrivée dans la classe, il a fallu réaliser un travail en binôme. Un moment, dont j'ai eu horreur, pendant si longtemps... Pendant, que tu croulais sous les demandes, je contemplais tristement le planisphère devant moi, faisant mine de le trouver soudainement intéressant. Hélas, je savais déjà à quoi m'attendre. Tout le monde trouverait un partenaire, et moi, je me contenterai de la dernière personne, qui, sans grand étonnement, marmonnera en comprenant qu'elle devra faire équipe avec le fantôme de la classe. Puis pour éviter toute situation embarrassante, je proposerai d'effectuer le travail seul et elle acceptera. J'en avais l'habitude, c'était mon quotidien et je l'acceptais, car je ne faisais rien pour y remédier.

Pourtant, cette fois-ci, les évènements ne se sont pas déroulés comme à l'accoutumé. Tu es venu devant moi et tu t'es gentiment mis à rire. Puis, tu as déclaré que tu ne savais pas qu'il était possible de faire équipe avec une carte du monde. Je me souviens avoir légèrement souri à cette taquinerie. Et soudainement, tu as posé un genou à terre et tu m'as demandé de la plus mignonne des manières qui soit, si je souhaitais faire ce projet avec toi. Mon cœur battait la chamade, je n'étais pas sûre de ce que je venais d'entendre, mais en voyant toute l'attention des autres élèves vers nous, je ne pouvais me rendre qu'à l'évidence, tu voulais faire équipe avec moi et personnes d'autres. Pour te forcer à te relever le plus rapidement possible, j'ai accepté ton offre. Je ne le regrette pour rien au monde.

Ensuite, les choses se sont enchaînées rapidement, nous avons travaillé sur le projet tous les deux, tu m'appelais au téléphone le soir sans forcément aborder le sujet du travail. Tu restais à mes côtés à l'école pendant les pauses en prétextant vouloir être sûr d'avoir compris la tâche que tu devais réaliser. Puis au fil du temps, tu m'as questionné sur mes passions, mes passe-temps, mes impressions sur telle ou telle actualité et sans m'en rendre compte, je m'ouvrais de plus en plus à toi. Au commencement, ton obstination à toujours vouloir être en contact avec moi, m'épuisait, et je trouvais cela agaçant. Malgré tout, j'acceptais par gentillesse et parce que je n'osais pas te prier de me laisser en paix.

Un jour, je me suis surprise à attendre ton appel. J'ai attendu pendant plusieurs heures, en vain. Je me suis inquiétée. Je t'avais vu dans la journée en classe et tu étais en pleine forme. Je ne comprenais pas ce silence soudain, alors j'ai pris mon courage à deux mains et je t'ai téléphoné. Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai fait cela. Tu as décroché et t'es excusé d'avoir eu un imprévu t'empêchant de me téléphoner et après, tu as pensé qu'il était trop tard pour m'appeler. Je me sentais honteuse, d'avoir réagi si impulsivement. Cependant, une fois de plus, tu as su trouver les mots pour faire disparaître ce ressentiment chez moi : "ça me fait énormément plaisir que tu te sois inquiétée pour moi". Je suis contente d'avoir été derrière mon téléphone à ce moment-là, car je pouvais sentir mon visage devenir rouge. Tes paroles peuvent sembler anodines, mais elles ont un fort impact sur moi. Ce soir-là, nous avons parlé toute la nuit, pour la première fois de ma vie, parler avec quelqu'un me remplissait de bonheur et j'étais contente que ce quelqu'un ce soit toi.

Je ne pouvais plus le nier, j'étais tombée amoureuse de toi.

Tu as su me mettre en confiance tout en supportant ma façon d'être. Je te remercie infiniment, pour avoir les bons mots quand tu t'adresses à moi, pour ne pas me brusquer en m'en demandant trop. Je te remercie, tout simplement, d'être toi. Je suis heureuse que tu m'aies donné l'opportunité d'apprendre véritablement à te connaître. J'avais tout faux à ton sujet, tu es une personne formidable. Grâce à toi, j'ai pu m'ouvrir petit à petit aux autres et même réussir à me faire des amis. J'ai pris confiance en moi par le seul fait de ta présence à mes côtés.

Je ne sais toujours pas, si tu partages les mêmes sentiments que moi. Pour l'instant ce bout de papier me suffit, mais j'espère de tout cœur, qu'un jour ou l'autre, j'arriverais à me présenter devant toi, comme tu l'as fait autrefois pour moi, et te crier haut et fort, que je t'aime.

~Fin.~

Confession sur papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant