Inconcevables- OS [MHA/KATSUDEKU]

Inconcevables

     Dès l'enfance, les adultes nous inculquent les règles et usages qui régissent notre monde. C'est pour cela que dès la maternelle, il avait dû apprendre à se contenter d'une vie remplie de solitude. En effet, qui voudrait sympathiser avec un enfant du Malin. Dans le royaume d'Ascovie comme dans tous les autres, les enfants du Malin, aussi dits les Inconcevables, sont les enfants nés lors d'une éclipse lunaire.

Ces derniers sont abandonnés dès leur naissance, certains placés dans un orphelinat comme il estime avoir eu la chance de l'être, d'autres confiés à des familles qui la plupart du temps ne les considèrent même plus comme des humains.

Il est difficile pour un enfant de 5 ans de convaincre sa classe de ne pas le traiter comme un pestiféré à cause des rumeurs qui courent sur ses semblables. Surtout quand celles-ci sont en grande partie vraies.

Depuis petit, Izuku se sentait différent, et à raison ! On lui a toujours dit que la mort n'était qu'une question de malchance. Cependant, dès son plus jeune âge, il voyait déjà la grande faucheuse et son cortège avançant lentement à travers les rues afin de récupérer l'âme de la personne dont le contrat ante vitam était arrivé à terme.

Tous semblent oublier leur rencontre avec la mort avant qu'elle ne leur octroie la vie et c'est en grande partie pour cela que les Inconcevables sont dépeints comme des monstres ayant pactisé avec le mal, car ils ont connaissance de ce qui, pour un humain est la plus effrayante chose qui soit.

Ces hommes méprisés de tous sont les gardiens de ces contrats passés avec la faucheuse.

Lorsque les bougies de leurs 8 ans sont soufflées, la mort, une fois la nuit tombée se penche vers eux et leur chuchote à l'oreille quel sera leur rôle dans le fonctionnement de la machine de la vie. C'est à ce moment que l'existence de ces enfants prennent tout leur sens. Eux dont la vie et la mort ne sont pas déterminées au préalable.

Comme la plupart des enfants maudits ayant atteint leur majorité, Izuku a vécu toute sa vie reclus de la société, marchant seulement à travers les ruelles escarpées des petits villages alentours lorsque le soleil s'est couché, pour veiller au bon déroulement des contrats, et se cachant la journée, chez lui ou à l'abri des regards pour ne pas effrayer les villageois.

Il se souvient encore avec remords, de la première fois où il a failli à son devoir. Il se souvient de cette femme morte, tuée lors d'un accident de charrette alors que son contrat n'était pas encore arrivé à terme. Il se souvient de l'effroi qui l'a saisi lorsqu'il a vu l'âme de la pauvre femme prendre la forme d'un nuage charbonneux appelé Ombrume, et revenir auprès de son mari, et qui, triste de ne plus pouvoir communiquer avec lui, le hanta, lui communiquant son désespoir en détériorant son enveloppe corporelle, jusqu'à ce que, à son tour, l'âme du pauvre homme soit fauchée une fois que son heure ait sonné. C'est au moment où il avait vu cet homme sur son lit de mort qu'il a, pour la première fois, compris l'intérêt de ce qu'il s'entêtait à faire depuis des années.

Les âmes parties trop tôt deviennent des parasites et s'approprient une partie de la vitalité de la personne qu'ils veulent le moins quitter, tout cela à cause du mur fin, mais infranchissable qui les séparent.

C'est pour ne pas avoir à ressentir une nouvelle fois ce sentiment d'inutilité et d'impuissance qu'Izuku a fini par accepter l'image et l'idée que l'on se fait de lui.

Aujourd'hui encore, il attend le crépuscule, tournant en rond dans sa pauvre chaumière en attendant le gong puissant de sa cloche pour enfin pouvoir profiter de l'extérieur. Lorsque enfin un bruit sourd retentit dans l'entièreté de la maisonnette, faisant trembler les murs et le sol comme à son habitude, il empoigne dans une main son bâton taillé par la faucheuse elle-même en guise de cadeau et de l'autre sa cape blanche qui, rapidement, lui a valu le surnom de Spectre par tous les habitants plus terrifiés les uns que les autres. Une fois ses affaires prises, le jeune homme sors de chez lui, fermant sa porte d'entrée puis son portail, devant lequel il trace avec habileté et rapidité un cercle entre deux croissants de lune, fermant par ce moyen de voile d'ombre qu'il avait pris le temps de dresser il y a 4 ans de cela, après que certains villageois l'aient suivi jusque chez loi et tenté de brûler sa chaumière et lui dedans.