Le ruisseau des belles dames.

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La pluie tambourinait sur la vitre de la voiture alors que le paysage defilait à toute vitesse. Mon père rompit le silence :
- Tu te sentiras mieux chez elle..
- Surement, chuchotais- je.
Nous roulons dans le silence et sous la pluie encore une heure. Mon père et moi n'avons jamais été proche. C'est d'ailleurs sans doute pour cela qu'il m'envoie vivre chez ma tante en Dordogne. Plus nous rapprochons de chez ma tante et plus le paysage me semble boisé et naturel, il y a des champs à perte de vue et lorsque j'ouvre un peu la vitre alors un parfum de foin rempli toute la voiture, j'aime beaucoup cette odeur.

Au bout d'une d'heure mon père gare la voiture face à une vieille maison qui fait plus penser à un manoir : les fenêtres sont abimées et les volets ont une couleur grise terne. Il est 19h30 et le soleil s'est déjà couché. Mon père entre dans la demeure sans même frapper, je lui suis mes valises dans les mains.
- Nathalie c'est nous ! Crit-il.
Aussitôt une femme accoure dans l'entrée, elle est brune et ses yeux sont d'un marron foncé intense, elle porte sur elle un châle bleu ciel qu'elle me mets sur les épaules :
- Bonjour Catherina, comme tu as grandis! Elle me caresse la joue de sa douce main, elle sent la lavande.
Puis elle se tourne vers mon père et l'embrasse sur la joue avant de le questionner sur la route. Ensuite elle me montre la chambre qui deviendra mienne et me laisse m'installer. La chambre est toute petite et n'est meublée que d'un lit, d'une table de chevet située a droite du lit, d'un miroir et d'une grande commode en bois. Je m'observe dans le miroir. Je ressemble étrangement a ma tante, Nathalie. J'ai de long cheveux brun m'arrivant au bas du dos et mes yeux sont aussi marron que les siens, aussi froid et ont un côté démoniaque a faire peur mais sur Nathalie ça ne donne pas le même effet. Ma lèvre inférieur est assez pulpeuse mais ça, je le tient de ma mère.
Je termine de ranger quelque vêtement et descend rejoindre mon père et ma tante. Je les surprend en pleine discussion :
- Tu sais Louis ça fait quand même une année et elle n'est toujours pas passée à autre chose..
- Comment peux-tu dire ça Nathalie? Tu t'ai remis de la mort de papa toi? Tu n'y pense plus peut être ? Tu n'en pleure plus?
- Si mais.. Dit-elle en baissant les yeux.
- Alors retire ce que tu viens de dire!
- Oui, pardon.. Excuse-moi..
Mon père soupire, plonge la tête entre ses mains puis finis par se lever et enlace ma tante.
- Désolé Nath je ne voulais pas m'énerver.. C'est compliqué tu sais.. Merci beaucoup de l'héberger.
Ils s'écartent et ma tante m'aperçois, aussitôt un sourire se colle sur son visage. Elle pose une main sur mon épaule et m'entraîne vers la salle a manger.
- Suis-moi, le dîner est prêt.

***

Je me réveille, le lendemain il pleut toujours autant. J'entends un bruit d'eau dehors mais ce n'est pas la pluie.. La pression est bien trop forte, je m'approche alors de la fenêtre et vois un superbe torrent juste devant la maison. C'est donc de la que vient ce bruit.. J'observe ce torrent qui pour moi est une merveille de la nature encore un moment, son bruit me berce, il m'apaise.. C'est drôle je ne l'avais même pas entendu hier soir.
Je descend enfin dans la cuisine prendre mon petit déjeuner. Une odeur de croissant et de chocolat chaud réveille mon appétit.
Ma tante entre dans la pièce.
- Alors ? Bien dormi ? Le bruit du torrent ne t'a pas empêché de dormir ?
- Oui.. J'ai bien dormi.. Non pas du tout au contraire il m'a apaisé.
Elle me sourit, des petites rides se forment dans le coin de ses yeux. Je ne sais pas quel âge elle a.. Elle doit avoir entre quarante et cinquante ans.
- Le ruisseau qui suit le torrent s'appelle le ruisseau des belles Dames, si tu longe ce ruisseau tu arriveras dans une forêt. Elle continue. On l'appelle la forêt D'Apollon.. C'est une jolie forêt.. Tu pourras t'y promener si tu le souhaite..
- Oui.. J'irais quand la pluie aura cessé. Papa dort encore?
Elle hoche la tête et je bois mon chocolat chaud.
- ..Ou est la salle de bain ?
Elle me désigne une pièce dans le couloir et j'y entre. La salle de bain, a la différence de ma chambre est gigantesque, elle fait au minimum trois ou quatre fois ma chambre. Je m'approche de la baignoire et enclenche l'eau chaude. J'attends quelque minute, de la vapeur s'échappe de la baignoire. Je retire mon pyjama et plonge délicatement dans l'eau. Depuis la baignoire je peux voir la grosse cicatrice de mon dos. Elle part du bas gauche de celui-ci pour arriver sur mon omoplate droit. On dirait qu'elle barre mon dos. Je me lave, m'habille puis sors de la pièce. Mon père est réveillé, il est dans la cuisine. Il m'embrasse :
- Ma chérie.. Je vais devoir partir plus tôt que prévu.. Ajoute-t-il tristement.
- Ah.. Et tu pars quand ?
- Ce midi..
Je regarde l'heure sur la grande horloge qui domine toute la cuisine : 10h30.
Mon père est très prit par son travail. Son départ prématuré était donc inévitable. Je ne lui en veut pas. Je comprends..
Dehors il ne pleut plus. Je me décide donc à sortir, voir ce ruisseau et cette forêt de plus près. J'enfile mon manteau et préviens Nathalie. Dehors les oiseaux chantent, ils parlent. J'ai toujours adoré écouter les discussions des oiseaux. A Paris il n'y avait pas beaucoup d'oiseaux.. Juste des bruits de klaxons.
Je marche pendant un moment longeant le ruisseau. L'eau dévale gentiment la pente dans un petit bruit qui me semble être une mélodie. Enfin j'entre dans "La forêt d'Apollon".
C'est encore plus calme, je continue de marcher. Je me sens bien, j'ai l'impression d'être seule au monde et Dieu sait que cette impression est géniale, je m'allonge dans l'herbe. Par terre c'est chaud, le soleil éclaire toute la forêt. Elle me semble irréelle, si un farfadet ou tout autre bête dite inexistante apparaissé a l'instant même je ne serais même pas étonnée, j'ai la sensation de rêver.

Je ferme les yeux tout doucement, me concentrant seulement sur chaque petits bruits de la nature. Je sens mon coeur battre, une brise légère vient me carresser le visage avant que je ne tombe dans les bras de Morphée.

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