L'Espoir de te découvrir || Chilumi

1 - Solitude

Assise sur le bord de la falaise des Monts Tianheng, les jambes pendantes dans le vide, Lumine fredonnait tout doucement. Cette jolie mélodie qu'elle avait en tête depuis qu'elle avait perdu la trace de son frère ne manquait jamais de lui insuffler un doux souvenir dans son esprit. Un air doux, que les feuilles frémissantes des arbres entourant les Statues de Sept semblaient lui chuchotaient chaque fois qu'elle obtenait leur bénédiction, tandis que la brise emportait au loin cette mélopée.

En contrebas, toute la ville de Liyue était baignée par la lumière dorée du soleil du matin, et des perles de rosée se déposaient sur l'herbe tout autour de la jeune fille. Le lys verni qu'elle tenait entre ses doigts s'épanouissait au fur et à mesure que son chant venait à lui et que les rayons du jour caressaient ses pétales. Le souffle calme du vent qui faisait flotter les cheveux dorés de la Voyageuse auraient dû l'apaiser, mais malheureusement, il n'en était rien.

Ces derniers jours, elle avait commencé à se réveiller aux aurores, et à marcher sans but précis aux alentours des camps qu'elle avait établis avec Paimon à travers Liyue, afin d'être seule avec ses pensées. Elles possédaient bien sûr la Sérénithéière que Mme Ping leur avait offerte, mais le grand air faisait du bien aux deux amies le temps que les salles de la jolie bâtisse soient toutes meublées. La pixie avait insisté de toutes ses forces pour qu'elles commencent par la cuisine, mais Lumine n'avait pas cédé, connaissant la capacité de l'estomac sur pattes qui lui servait de compagne de route à vider son porte-monnaie dès qu'il s'agissait de nourriture. C'était pourquoi la fillette s'était mise à faire semblant de bouder pendant quelques temps, même si cela faisait plus sourire la blonde qu'autre chose.

Lasse, elle lâcha la fleur bleue qui se perdit dans la brume, virevoltant pendant sa chute, alors qu'elle ramenait ses genoux contre sa poitrine. Ses nuits étaient de plus en plus difficiles au fur et à mesure que les lunes s'écoulaient, tout cela à cause de cette solitude qui lui serrait le cœur. Cette solitude étrange qui avait toujours été présente, mais qui s'était diablement amplifiée lors de la disparition d'Aether. Comme si une part d'elle manquait, comme si elle était incomplète... Ce sentiment était si fort, et si troublant... la jeune fille en avait assez de le ressentir. Elle était pourtant loin d'être peu sociable, se faisant des amis formidables partout où elle allait, sans parler de Paimon, son alliée de toujours, mais étrangement, ce n'était pas la même chose.

En soupirant, Lumine se remémora les dires de Zhongli, alias Morax, l'ancien Archon Géo, quand elle l'avait questionnée à ce sujet.

L'homme sirotait son thé de jasmin, les yeux fermés, son habituelle expression fermée toujours au visage, certainement en pleines réflexions. Lumine était quant à elle les mains sur ses genoux, assise bien droite sur la chaise de la meilleure table du Pavillon Liuli . Embarrassée à l'idée d'avoir exprimé un tel sentiment à son ami du Funérarium, la Voyageuse ne parvenait cependant pas à le lâcher du regard, espérant de toutes ses forces que le plus ancien des Dieux des Éléments pourrait l'aider.

Zhongli reposa sa tasse sur le plateau placé entre eux, paupières closes, avant de déclarer de sa voix grave :

« Je pense que je vois de quoi vous voulez parler.

- Vraiment ? s'écria Lumine, pleine d'espoir.

- En effet. »

Il leva ses yeux d'ambre vers le ciel, dans lequel voletaient quelques papillons cristallins.

« Certains humains ont besoin d'une personne en particulier dans leur vie pour se sentir pleinement heureux. Cela fait tout simplement partie de leur personnalité.

- Une personne ? s'étonna-t-elle. Qui ça ?

- Ce vide que vous ressentez est peut-être une sorte de manque d'affection, de tendresse, devrais-je dire, expliqua posément le brun. Ou tout simplement un sentiment fort. Une fois que vous aurez trouvé quelqu'un avec qui partager ce sentiment, ce vide se dissipera.