Il parait que le génie artistique vit la nuit. Quatre heure trente du matin déjà et dans mon insomnie j'espère toujours croiser le mien.
Tu es tombée malade il y a un peu plus d'un mois maintenant. Burn out, c'est ce qu'ils ont dit. Surcharge de travail, c'est la raison officielle. Mais toi comme moi, on sait.
D'abord on a cru qu'on te tirerait de là maman. Nous, ta famille. On s'occuperaient de tout pour que tu ne manques de rien, on partirait à la mer, on te changerait les idées. Mais même la mer tu ne l'as pas regardée. Tu étais déjà trop loin. Trop abimée.
Les trois derniers jours à la Baule pourtant je t'ai retrouvée. Tu avais enfin quitté ta chambre. On s'était même baignées - comme avant, tu sais, quand on jouait dans les vagues. Un matin le chant du piano a même rempli toute la maison sous nos yeux mouillés de bonheur. Tu étais là, à nouveau, lumineuse et souriante. Tes mains courraient sur le clavier. L'espoir nous a envahit. L'espoir que tout allait revenir comme avant.
De retour à Paris j'ai encore mis toute mon énergie pour te rappeler ces petits plaisirs du quotidien qu'on partage ensemble et qui t'accrochent à la vie - flâner parmi les bouquinistes des quais de Seine, déguster une glace chez Bertillon, visiter la collection de peintures du musée Montmartre. Et puis, je suis partie.
A mon retour de vacances dix jours plus tard, tu délirais sans pouvoir t'arrêter de parler. Les phrases se succédaient sans cohérence. Le lendemain, le 27/08 on t'hospitalisait.
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Maman
Non-FictionA la femme brillante et solaire que j'ai la chance d'appeler maman depuis 26 ans. Journal de ta lutte quotidienne contre la maladie mentale, devenue la mienne.