30 ans après la guerre

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La lumière divaguante des révèrbères éclairait à peine la rue, et la lune cachée par les nuages n'apportait aucune lumière.

Le froid me donnait des frissons et je ne sentait quasiment plus rien. Mon corps était entièrement engourdi. Quel calvaire d'aller faire ses courses dans un froid pareil.

Au loin, je pouvait entendre des éclats de voix et de musique provenant du palais impérial. "Ils feraient d'utimiser leur argent pour aider les pauvres"marmonnai-je en comparant deux salades.

Le vieux Samir s'approcha en silence, me sourit et prit une salade dans le bac avant de me la tendre en me disant "c'est celle ci la meilleure".
Je souris en le remerciant en retour.

Dans mon quartier, tout le monde le connaissait et l'appréciait, lui et son magasin. Il était vieux, voûté et plein de rides mais toujours souriant.

C'était une de ces personnes qui cachent leur malheur derrière des sourires et de la bienveillance.

À ce jeu là, il était fort, pourtant il ne trompait personne. Chaque habitant savait ce qu'il était arrivé à sa famille pendant la guerre, tout le monde savait qu'il s'était élévé plus ou moins seul.

Mais par respect pour son histoire, personne n'en parlait. C'était un accord tacite.

Alors tous●tes discutaient avec lui du temps qui passe et du temps qu'il fait. Chacun sait que c'est lui qu'il faut venir voir lorsqu'on a un souci de santé avec son animal ou sa plante, étant un elfe il communique avec la faune et la flore et est donc le plus apte à soigner les maux de chacun.

Je finis mes achats et alla payer lorsqu'il me dit:

"alors, Eileen, comment va ta bleue de morlandre ?"

Je relève la tête de ma monnaie et lui sourit:

-"elle va très bien, de nouveaux boutons ont éclos hier et des oiseaux de paradis sont venus  chanter à ma fenêtre ce matin même" répondis-je

Il hocha la tête et laissa un temps avant de répondre.

-"bien, dit il, n'oublie pas que c'est l'une des dernières plantes de mon pays, alors prends en soin."

Pendant un très court instant, je crus voir de la nostalgie sur son visage, mais il masqua cela derrière un large sourire et me souhaita une belle soirée.

Quand je fûs rentrée, je récupéra le courrier et une fois n'est pas coutume, il y a avait, parmi les factures et le journal, une lettre.

"À l'occasion du 30ème anniversaire de l'unification des pays, le palais royal convie tout les habitants de la capitale à venir assister à trois jours de festivité dans ce dernier. Vous trouverez sur place gratuitement à votre disposition vêtements de cérémonie et logements.
Nos respects les plus sincères,
Le Grand Chancelier Anton."

Une invitation pour une fête au palais.

Dans l'enveloppe il y avait un laisser passer décoré à la feuille d'or. La lettre était écrite dans un papier à lettre très fin du Palais et l'encre était  visiblement très coûteuse.

"Si seulement ils pouvaient mettre autant de soin et d'argent pour s'occuper du peuple" gromellai-je en posant la lettre dans un coin de ma chambre.
J'ignorais si j'irais, mais honnêtement, je n'en avais aucune envie.
"Ça ne sert à rien après tout" pensais je, et je m'endormis"

Les descendantes de jadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant