Chapitre 3

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« Bonjour Tim,

J'ai le plaisir de vous annoncer que vous avez réussi les tests d'admission à notre école ! La rentrée aura lieu le lundi 22 Septembre. N'oubliez pas de m'envoyer ou de me déposer une copie de votre diplôme du baccalauréat ainsi que le chèque concernant les frais de scolarité.


Toutes mes félicitations,

Anne Tissier »

- Olivier ! J'ai eu la réponse de l'école !

- Alors tu es pris ? me demanda-t-il, encore haletant de la course qu'il venait d'effectuer pour me rejoindre.

- Bonjour Tim, j'ai le...

- Viens-en aux faits ! Pris ou pas pris ?

- Il semblerait que le futur patron du New-York Times se tienne devant toi frangin.

- Génial ! Je suis fier de toi, tu le mérites.

- Merci.

Après plus d'une heure à appeler ma famille et mes amis pour leur faire part de la bonne nouvelle, je m'asseyais enfin. Café dans la main gauche et cigarette dans l'autre, je repensais à toutes les difficultés que mon frère et moi avions vécues pendant un an, après la mort de ma mère. Je ne pouvais m'empêcher d'être fier aujourd'hui. Je sortais enfin de cette spirale négative (c'est le moins qu'on puisse dire) et j'allais de l'avant, pouvant désormais afficher ma réussite récente sur mon visage au quotidien. Evidemment, une partie de moi ne put se détourner de la joie que j'aurai ressentie en partageant ce moment avec ma mère. Mais je chassais vite ces pensées qui avait tendance à me saper le moral, un peu comme quand on se voit forcé de payer son loyer avant de percevoir son salaire mensuel. L'heure était à la bonne humeur, ces pensées reviendraient bien assez tôt, laissons-les de côté pour le moment. Je décidais plutôt d'aller voir Audrey, avec qui je n'avais pas besoin de parler pour me faire comprendre ou pour me sentir bien. On se donna rendez-vous dans un café où on avait nos habitudes, La Cour, juste à côté de la cathédrale de ma petite ville. Je voyais Strasbourg comme une ville magnifique. Les nombreux cours d'eau, les rues étroites, les places, les maisons à colombages... Je m'arrêtais souvent, en pleine journée, pour contempler le charme de ma ville natale, et me rappeler à quel point c'était plaisant de se sentir chez soi. Mais la cathédrale m'attirait peu. Bien que majestueuse, emblématique d'une architecture extraordinaire et véritable attrape-touristes, je détestais l'atmosphère de ce lieu. Cela n'était pas typique de la cathédrale, les églises en générale me faisaient fuir. Je m'y sentais seul et tellement loin d'une éventuelle force supérieure. J'y voyais surtout la naïveté de l'Homme ainsi que ses vices, le pouvoir et le mensonge en tête de liste. Mais quelle importance cela avait-il de toute façon ? Le jour où j'aurai des réponses à ces questions, je ne serai plus là pour m'en rendre compte.

J'avançais rapidement vers le café, pressé de la retrouver. J'empruntais tous les raccourcis que je connaissais pour me rapprocher le plus vite possible du moment où je serai à ses côtés. Ce sentiment me paraissait tellement improbable. Pourtant, je le ressentais tous les jours depuis près de deux ans et j'avais l'impression qu'il ne me quitterait jamais. Plus qu'une rue. J'accélérais le pas. Plus que dix mètres. Cinq mètres. Elle était là, son sourire habituel aux lèvres.

- Bonjour chérie, lui dis-je en l'entourant de mes bras.

- Bonjour mon amour.

On s'assit en terrasse, comme d'habitude. Je commandais rapidement une Grimbergen blonde et un sirop de pêche pour elle, sans même avoir à lui demander ce qu'elle souhaitait. Nous prenions toujours la même chose, bière et sirop de pêche s'il faisait beau et chaud, café et chocolat chaud si ce n'était pas le cas. Elle me raconta sa journée et je l'écoutais, rien de plus. Elle pouvait me raconter sa journée plusieurs heures durant et j'adorais cela. Ces moments étaient tellement précieux pour moi. J'étais heureux, tout simplement.

La seule contrepartie était ma consommation excessive de cigarettes. Le beau temps, une terrasse et une bière se devait d'être accompagnés de ce petit plaisir destructeur. Cela semblait sans doute idiot mais j'aimais fumer. Mes quinze cigarettes quotidiennes n'étaient évidemment pas toutes un plaisir extrême, certaines découlaient plus d'une habitude que d'autre chose, mais la plupart me mettaient de bonne humeur, me faisaient décompresser ou accompagnaient simplement un bon moment. Audrey me faisait la guerre par moment pour que j'arrête de me détruire la santé, ce qui semblait tout à fait légitime et même censé, mais pour une fois dans ma vie je faisais passer mon plaisir à court terme avant mes peurs de l'avenir. Cela dit, je ne souhaitais pas être dépendant toute ma vie et j'avais déjà prévu d'arrêter de fumer d'ici deux ou trois ans.

On resta assis là plusieurs heures, alternant involontairement entre sujets légers et volonté de changer le monde. On s'arrêta manger des sushis sur le chemin du retour avant de définir le programme de la soirée. C'est finalement l'idée d'un film qui nous séduisit le plus, sachant tous les deux que la nuit se terminerait par des étreintes amoureuses.




N'hésitez pas à me donner votre avis, il est très important pour moi ! :)

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⏰ Dernière mise à jour : May 06, 2015 ⏰

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