BROKEN

7.

Rosa

— Assieds-toi, Cara, — m'invite Benito en me voyant entrer dans le bureau, tapotant la chaise vide à côté de lui. Je m'y installe, évitant le regard scrutateur de DeRossi.

Je m'efforce de comprendre l'utilité de ma présence ici, malgré l'étiquette que ce fou m'attribue.

— DeAngelis m'a proposé un accord, — commence DeRossi, son ton sec trahissant une pointe de mépris. — Il m'a invité à son gala pour qu'on le signe.

Rien qu'entendre le nom de ma famille me donne des frissons. Pourquoi diable parle-t-il d'eux maintenant ?
Mon esprit tourmenté peine à concevoir comment DeRossi me perçoit réellement : suis-je juste la fille de son ennemi, ou bien un simple outil dans son plan ? Mon père n'a jamais mentionné le nom de DeRossi. Peut-être même ignore-t-il son existence.
C'est comme si DeRossi livrait une guerre solitaire contre un adversaire inconscient de sa haine.

Ridicule.

Et pourquoi envisagerait-il même d'accepter un accord venant de son soi-disant ennemi ?

— Évidemment, je ne compte pas l'accepter, — poursuit-il, son ton narquois frisant la moquerie. — Pourtant, il avait cet air confiant... Comme s'il était certain que j'allais le faire.

— Ton plan a marché ? — demande Zack, brisant le silence. Un simple hochement de tête lui sert de réponse.

J'observe, perdue, essayant de suivre leur conversation pleine de sous-entendus.

— T'as découvert qui c'était ? — Benito entre dans la discussion, ses yeux pétillants d'une curiosité sincère.

— Non, pas encore. Mais les seuls à connaître ce plan étaient présents lors de la réunion. Maintenant que j'ai confirmé la présence d'une taupe, c'est tout ce qui compte. Ce qui signifie que DeAngelis m'observe... assez pour placer quelqu'un ici. Une taupe infiltrée depuis un moment, sans doute.

Dit comme ça, son raisonnement tient la route.

S'il y a une taupe chez lui, cela signifie que, malgré l'absence de communication directe de mon père, des tensions existent. Ou pire encore, mon père considère DeRossi comme une réelle menace.

Soudain, les prunelles émeraude de DeRossi se braquent sur moi avec une intensité presque insupportable, comme si elles cherchaient à sonder mes pensées les plus enfouies.

— D'ailleurs... — Un sourire narquois étire ses lèvres fendues, trahissant son plaisir à garder le contrôle.

Il marque une pause, se détendant contre le dossier de son fauteuil, le cuir crissant sous ce simple geste. Ses jambes s'écartent légèrement, et son bassin glisse pour retrouver une position plus confortable.

— Il n'est pas au courant que sa fille est avec moi.

Ah, il espérait vraiment que mon père se soucie de moi ? Même moi, j'ai cessé d'y croire depuis longtemps.

Toujours sans me lâcher du regard, ses doigts fins extirpent une cigarette de son paquet. D'un geste fluide, il l'allume, laissant la première bouffée effleurer ses lèvres.

— Je pense que ça te réjouit... Tu vas pouvoir revoir ta chère famille, comme tu viendras en mission avec nous, — lâche-t-il, balançant cette bombe sans la moindre hésitation.

Mes yeux s'écarquillent d'étonnement, l'information s'abat comme une douche glacée. Aussitôt, une angoisse sourde s'installe dans mon ventre.

Ma famille.

Celle que je fuis.

Non. Non, non, non. Je ne veux pas les revoir.

— T-tu n'as pas besoin de moi, — bafouille-je, paniquée. Les bouffées de chaleur envahissent ma peau, et ma voix vacille.