Chapitre 1: dernière localisation : Yokosuka

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*clac *  claac * claaac *

Les chocs de ses poings, poignets et avants bras contre le mannequin de bois étaient loin de faire vaciller Wei. Ce jeune étudiant et élève de boxe chinoise faisait bondir ses poings contre la tête du mannequin de bois à la vitesse de l’éclair, ses mouvements étaient minutieusement travaillés et étudiés en conséquence. A le voir mettre en pratique ses techniques à la manière d’une danse martiale aussi gracieuse que dangereuse, rien ne pouvait l’arrêter.

Le jeune chinois, lycéen trouvait refuge dans les arts du combat. La philosophie et l’harmonie entre le corps et l’esprit lui avaient été transmises par son père.
Wei était un jeune homme plutôt solitaire. Très poli, respectueux des autres et soigneux, il était apprécié pour sa discrétion. Il n’était pas le plus populaire de son lycée, mais pas catalogué parmi les rats de laboratoires.

Le lycéen ne parlait jamais de son talent pour les arts martiaux. Son père lui a enseigné son art à partir des quatre grands principes de la discipline :

Rester modeste en toute circonstance et n’utiliser ses mouvements qu’en cas d’urgence absolue

Pratiquer sa discipline sans relâche chaque jour sans négligence

Toujours rester calme pour prendre la bonne décision

Toujours faire ce que l’on considère comme bon sans hésitation.

Le père de Wei a disparu lorsqu’il avait 10 ans. Sa mère lui a dit qu’une maladie faisait rage en lui et qu’elle l’a emporté. Dévasté par la perte de son père et maître, Wei a décidé de perpétuer la boxe chinoise en son honneur.

Chaque soir après les cours, il se rendait au dojo afin de parfaire ses mouvements et de se vider l’esprit. Les mannequins de bois étaient en libre accès et les cours se tenaient après le départ de Wei.

18:30, il fallait rentrer. Le rituel du garçon était une mécanique bien huilée. Les cours la journée et boxe jusqu’en début de soirée. Sa mère était habituée et l’attendait pour servir le repas.

Quand Wei sortit de la salle ce soir là, le soleil se couchait sur Hong Kong dans sa bravoure coutumière. La fanfare des klaxons commencait. Tout le monde rentrait du travail et la chaleur du soleil laissait place à la chaleur étouffante des odeurs d’échappement.

Wei habitait dans une petite maison en périphérie de la ville. Maison somme toute standard, suffisamment grande pour s’isoler de la frénésie urbaine. Comme tous les soirs, le jeune lycéen prenait son bus jusqu’à la sortie de la ville et terminait le chemin à pied. Une pente ardue menait directement dans la zone exclusivement pavillonnaire. Il fallait ensuite traverser le parc pour arriver dans la rue du domicile familial.

Le lycéen s’engagea dans le parc pour terminer son parcours. Il entrevit un peu plus loin, derrière un arbre, une jeune fille entourée de deux garçons. Ils paraissaient plus âgés et leur taille semblait intimider la jeune fille. En s’approchant, il reconnut la jeune fille. C’était Xiumei, elle était dans sa classe. Wei ignorait qu’elle prenait le même chemin qu’elle.


- Allez, je suis sûr que ça te plairait !

- Non, s’il vous plaît, je ne veux pas d’ennuis..

Wei, bien que discret détestait l’injustice. La colère s’invitait à chaque fois. Ca n’allait pas manquer cette fois encore. Il s’approcha et saisit le maroufle par l’épaule. La brutalité de son empoignade fit perdre l’équilibre à l’agresseur.

- De quoi tu te mêles crétin ?! Lança l’avorton en se relevant et en époussiérant son survetement.

Wei ne dit mot et fixa l’homme droit dans les yeux. Son regard transperçait celui de son assaillant à la manière d’une lance pénétrant la garde ennemie.

L’autre agresseur resta immobile et assista à la scène, l’hésitation entre secourir son ami et fuir s’imposant.

- Tu t’en prends au mauvais gars, je vais te laisser la chance de te faire pardonner. Si tu me vides tes poches, je peux peut-être faire un geste..

L’agresseur bien qu’ayant chuté se servit de son mètre 85 pour tenter d’intimider Wei, de taille inférieure. Wei avait les poings serrés. Sa faiblesse allait prendre le dessus. Bien que le lycéen connaisse les grands principes de sa boxe, sa fougue d’adolescent entrait souvent en conflit.

- Alors, t’attends quoi ? Donne ce que t’as ! s’impatienta l’agresseur

L’homme tendit son bras afin de saisir Wei. Cependant, il n’eut pas le temps. Le lycéen d’un bras repoussa celui de son adversaire tandis qu’en même temps son autre bras lança à vive allure sa paume droite contre la poitrine de l’agresseur, le faisant quitter le sol et le propulsant contre son ami qui s’éffondra sous son poids.

- Argh…. Comment c’est possible ! On s’arrache….

L’agresseur se releva péniblement et partit en courant et haletant en compagnie de son acolyte.

- Tout va bien Xiumei ? Lança Wei

- ..Merci.. Merci beaucoup Wei.. Je ne savais pas que tu savais faire ça..

- Je t’en prie. Je n’aime pas me vanter ni raconter ma vie, voilà tout. Que s’est il passé ?

- Un garçon m’a demandé son chemin, il cherchait le bar le plus proche. Il m’a demandé de les accompagner, j’ai refusé..

- Voilà qui les dissuaderont de recommencer. Ca ira ?

- Oui, merci Wei… Ma maison est juste à la sortie du parc. Je devrais y arriver.

Xiumei défroissa son chemisier de lycéenne, replaca ses longs cheveux bruns derrière ses oreilles et reprit alors sa route, tout chamboulée sous l’oeil vigilant de Wei.

Le héros reprit son chemin vers sa maison comme si rien ne s’était passé.

Wei passa le portail grinçant de sa maison. Un jardin très bien entretenu habillait la petite maison. On pouvait y voir une toute petite mare avec des nénuphars sur le côté. Un cerisier se tenait fièrement de l’autre côté de l’allée, c’était un symbole de paix et de sécurité pour la famille.
Cependant, le jeune homme remarqua que la porte d’entrée était entrouverte et le verrou cassé. Quelque chose ne va pas.

Wei entra prudemment dans la maison.

- Maman ? Tu es là ? Maman ?…

Il entra alors dans le salon et découvrit sa mère allongée par terre, le visage tuméfié. Elle se tenait aux pieds d’un homme en costume noir.

- Dernière chance. Ou est il ?!

- He ! Laissez la tranquille !

Le sang de Wei ne fit qu’un tour. Il se jeta la tête la première vers l’homme en noir qui, manifestement, avait senti l’attaque arriver.

Il se retourna et asséna un violent coup de pied qui toucha Wei en plein visage. Il s’éffondra sur le coup.

L’homme en noir se retourna vers la mère de Wei.

- Tu sais ou il est. Tu sais aussi que je le trouverai, que tu me le dises ou non. Autant que ça se fasse sans souffrances.

La mère de Wei se retourna péniblement et lui cracha une grosse boule de sang en plein visage.

L’assaillant surpris voulut achever la femme mais n’eut pas le temps. Des sirènes de police se firent entendre.

- Hmmm.. Je trouverai ce que je suis venu chercher.

Il se dirigea vers Wei qui reprenait doucement connaissance.

- Quant à toi, je te conseille d’oublier ce qui s’est passé, ou tu cours aux devants de quelque chose qui te dépasse.

En partant, Wei remarqua que quelque chose tomba de la poche de l’homme en noir.

Le lycéen angoissé et blessé s’empressa de rejoindre sa mère.

- Maman ! Tu vas bien ? Qui était ce type ? Qu’est ce qu’il cherche ? Je vais le retrouver et….

- Wei…… Je suis désolée…. Haleta la mère

- De quoi ? Que se passe-t-il ?

- Ton père….

La mère blessée s’évanouit aussitôt. La police entra et pris la blessée en charge. Wei s’empressa de ramasser ce qui était tombé de la poche de l’agresseur. C’était une note : Tao Shen. Dernière localisation : Yokosuka, Japon.

- Hein ? Papa ?… Comment…

Wei retourna la note. Il s’agissait d’une photo de Shen. Son père était en vie. Pourquoi l’avoir caché ? L’idée de partir dès que possible à sa rencontre vint immédiatement dans la tête du garçon avant de vaciller à nouveau.

L'héritier du Wu Lin ShuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant