Myself and Her

1- Songes, histoire d'une vie.

J'ai essayé de me suicider un jour de décembre, un dimanche où ma famille m'avait laissé la maison entre mes mains. Je me souviens peu de ce moment même si les quelques réminiscences qui me restent sont dures à exprimer.

Ce soir-là et comme tous les autres soirs depuis quelques mois, dizaines de mois et années, la mort me semblait être la meilleure des solutions. Disons qu'à cette époque j'étais jeune, trop jeune pour me rendre compte de ce que mon cerveau pouvait penser à ma place.

C'est drôle, non ? Je n'avais pas même la force de contrôler mes propres pensées, mon propre esprit et les mouvements de mon corps, ce soir-là.

La dépression.

Trop de mots mis dessus mais incapable de l'expliquer. Incapable de la présenter parce que mêmes les scientifiques ne savent pas d'où ce truc-là sort. Et pourtant je peux le dire, j'ai eu une vie formidable. Des parents géniaux, une grande sœur géniale, des amis, des chats, une maison, assez d'argent pour me permettre d'acheter des trucs en douce sans l'accord de mes parents.

J'avais tout pour être heureuse.

Tout.

Absolument tout.

Bien que ma vie n'avait pas toujours été parfaite. Le harcèlement au collège pour cette stupide raison qu'est avoir un peu d'acné et des jolies formes, le début d'harcèlement au lycée pour la même cause, ex cetera, ex cetera.

Peu à peu j'essayais de mettre des termes sur ce sentiment étrange, sur cette impression bizarre que je ressentais que mon père résumait à être « normal », que tout le monde avait ça, et que je ne devais pas m'en soucier.

« Normal » au point d'en être arrivée à attendre que la fumée toxique remplisse mes poumons ?

Je m'en souviens encore. J'ai la gorge nouée. La fumée, beaucoup de fumée qui envahissait chaque centimètre de ma chambre, qui s'infiltrait dans les tissus du lit, de mes vêtements, bloquée par le scotch que j'avais mis sur les fenêtres.

Oh oui, je m'en souviens encore.

Mais il ne fallait pas s'en soucier. C'était ce que tout le monde disait.

Deux mois d'hôpital. Une semaine en réanimation. Deux semaines en pédiatrie et pour finir, un mois et demi en pédopsychiatrie. J'avais dix-sept ans.

J'étais jeune.

Si jeune.

Trop jeune.

Je savais que je me sentais mal dans ma peau depuis quelques temps. La joie de se comparer aux autres, ceux qui réussissent, ceux qui sont plus forts, ce qui sont plus, plus, oh, toujours plus que moi, que nous, que nous tous, ceux qu'on applaudit, ceux qu'on félicite, ceux qu'on aime, ceux qu'on chérit oh oui, tout le monde.

Sauf moi.

Trois lettres pour me représenter. Tellement plus pour eux, des mots, des phrases, des acclamations, des commentaires magnifiques sous leurs publications, des commentaires partout, « bravo », « t'es incroyable », « j'adore ce que tu fais », oui, tout ça, cela ne m'était jamais destiné.

Je les envie, je les envie tellement.

Alors j'ai essayé. J'ai écrit. J'ai dessiné. J'ai joué du piano. J'ai fait du sport, du basket, je courais, je marchais tout le temps. Mais je n'y étais jamais arrivée. Jamais. Jamais. Jamais.

Et encore aujourd'hui.

«Je n'ai même pas assez de valeur pour être l'ombre du personnage principal de ma propre vie. »

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« Bonjour, ceci est un message de l'auteure.

Je voulais vous transmettre à travers mes écrits la valeur de ma vision des choses. Étant diagnostiquée dépressive depuis 2020, je tenais à créer ce livre, Myself and Her, pour aider les personnes qui peuvent aussi s'identifier sur certains points, sur les miens ou sur d'autres que je ne pourrais peut-être pas exprimer.

Il est important d'en parler alors je vous en prie, exprimez-vous, n'importe où, n'importe quand. Je serais là au besoin, si vous le voulez.

Bien sûr, les personnes qui ne s'identifient pas à cela peuvent aussi le lire, mais attention car cela abordera des sujets difficiles (dépression, agressions sexuelles, harcèlement moral et physique).

Je ne tolèrerai aucun message de haine. Aucun. Que ce soit envers certains lecteurs comme envers moi.

Voilà.

Je vous remercie.

Léna. »