Chapitre 1

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Guadalajara, Mexique

JUANA

Après une violente dispute épuisante avec ma famille, mes émotions débordent et je ressens un besoin irrépressible de m'éloigner pour retrouver mon calme. Les mots acerbes
échangés, les regards chargés de reproches et l'opposition constante de mon père à chacune de mes décisions concernant ma passion ont motivé ma décision de quitter cette demeure. Depuis toujours, je rêve de devenir scénariste, de donner vie à des histoires captivantes sur grand écran. Cependant, mon père s'y oppose farouchement, étant attaché à une vision traditionnelle et pragmatique qui considère cette voie comme incertaine et sans avenir.

Dans un mélange de colère et de détermination, je prends mes clés et franchis le seuil de la porte, laissant derrière moi l'atmosphère pesante de la maison.

Adieu vie de merde, je ne te regretterai jamais.

L'air frais me frappe le visage, apportant avec lui un sentiment bienvenu de liberté. La nuit est tombée, et les étoiles scintillent timidement dans le ciel sombre, offrant un léger réconfort au milieu de ma tourmente intérieure.

Je me sens bien.

Parcourant les rues désertes d'un pas déterminé, je laisse mes pensées s'envoler dans l'obscurité de la nuit. Chacun de mes pas est un acte de résistance, une affirmation de mon identité face à une autorité étouffante. Je suis résolue à ce que mon père prenne conscience de ses erreurs, comprenne l'importance de respecter mes choix et mes aspirations.

Je fais la promesse solennelle d'aller jusqu'au bout de mes convictions, malgré les obstacles qui se dressent devant moi.

Au fur et à mesure que je m'enfonce dans le sentier recouvert de feuilles châtaignes, leur murmure sous mes pas crée une symphonie apaisante. Je me laisse guider par mes pas errants depuis plusieurs minutes, sans destination précise en tête. Soudain, mon attention est captivée par une scène à quelques mètres de moi : deux chats, agités et fébriles, se disputent farouchement un morceau de viande abandonné, négligemment déposé au pied d'une poubelle dont la teinte verdâtre témoigne de sa décrépitude. Une odeur nauséabonde émane de ce festin improvisé, ce qui me pousse instinctivement à pincer mon nez aquilin, mon visage se tordant de dégoût.

Je détourne finalement mon regard de cette scène brutale, reprenant ma marche solitaire à travers le paysage automnal.

Soudain, une pluie battante commence à tomber, me trempant jusqu'aux os en quelques secondes. Je continue à marcher, en espérant trouver un abri prochainement. C'est alors qu'une voiture s'arrête à ma gauche, mais je ne prête guère attention et continue mon chemin, cherchant désespérément un endroit sec où me réfugier.

La voiture s'arrête à côté de moi, créant une vague d'eau qui me trempe encore plus. La vitre du conducteur s'ouvre lentement, et je peux voir un homme d'âge moyen, avec un sourire amical.

- Hé, salut ! Monte avec nous, j'ai repéré un coin sympa où tu pourras te mettre à l'abri. Ça te tente ?

Dois-je monter ?

Avec cette pluie, je n'ai pas trop le choix.

Avec hésitation, je monte dans la voiture, je peux sentir l'odeur de cuir qui flotte dans l'habitacle. Un homme aux yeux bleus est également assis sur la banquette arrière. Il me regarde avec une expression qui semble indiquer qu'il m'attend depuis longtemps. Ses yeux bleus sont perçants, et je peux sentir son regard sur moi, comme s'il cherchait à percer mon âme. Sa posture est droite et confiante, et il paraît être à l'aise dans cette voiture, comme s'il la connaissait depuis longtemps. Je ne peux m'empêcher de me sentir un peu mal à l'aise sous son regard intense, mais je ne me pose pas plus de question. La voiture démarre, et nous roulons lentement dans la rue, suivant le tracé de la ville.

Be Silent ForeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant