En ce jour, tout le palais était en effervescence. Les domestiques allaient çà et là, telles des abeilles, s'attelant à mettre en place les derniers préparatifs pour ce soir. Alors que le monde semblait préparer une grande fête, l'humeur n'y était pas. Cette année, c'était le 50e anniversaire du prince héritier du pays avoisinant. Alors que ce genre d'événement devrait être synonyme de joie. Pour les humains d'Oolacile, c'était un triste jour qui leur rappelait leurs soumissions aux vampires. Comme le voulait la tradition, ils allaient devoir accueillir ces monstres, les nourrir et les laisser repartir avec l'un des joyaux du royaume.Aurélien II et Octave Ier de la maison Romanov, étaient deux frères qui régnaient ensemble sur l'ensemble du royaume. C'était la première fois dans l'histoire humaine, que deux rois dirigeaient le royaume sans chercher à prendre l'ascendant sur l'autre. Pourtant, tous les deux avaient des visions bien différentes pour le futur de leur peuple. Octave, le plus âgé, se distinguait de par sa diplomatie et sa capacité à charmer les gens. Il voulait un monde de paix et espéraient pouvoir donner plus de liberté à la population. Aurélien, ayant à peine atteint sa majorité, avait tout d'un grand chef militaire et son charisme inspirait les soldats. Il voulait ne plus vivre sous le joug des vampires, même s'il devait utiliser les armes. Malgré ses deux visions bien différentes, les deux monarques ne se disputaient que très rarement là-dessus. Lors de la mort de ses parents, Octave avait su prendre les rênes du pays très jeune, sans aucun régent. Il avait permis à son cadet de régner à ses côtés afin d'éviter une jalousie fratricide. Mais surtout, le brun voulait apprendre à son jeune frère le sens des responsabilités. Aurélien avait l'esprit d'un guerrier. Il était tout naturel qu'il montre une très forte hostilité envers les vampires. Ce n'est qu'en comprenant que la vie de milliers de personnes reposait entre ses mains, que ses ardeurs guerrières s'étaient calmés.
Octave se tenait sur la terrasse de sa chambre, une tasse de café à la main. La terrasse surplombait les jardins royaux. Tous les matins, lors de son réveil, le souverain avait le droit à cette vue magnifique : les plus belles fleurs du royaume décorant une grande fontaine de marbre blanc. Cette fontaine trônait au milieu d'arbres fruitiers. Un parfum délicat se diffusait dans l'air, et atteignait les narines d'Octave apaisant ses sens. Ce petit rituel allait lui manquer.
Aurélien entra dans la chambre de son frère pour le rejoindre sur le balcon. Un véritable colosse. Âgé de seulement vingt-et-un an, sa taille atteignait presque les deux mètres. Il avait une silhouette large et un corps athlétique, chose qu'il devait à son attrait pour les arts martiaux et l'escrime.
– C'est aujourd'hui qu'ils viennent garnir leur garde-manger, marmonna le blond.
— Tu sais que c'est le seul moyen d'assurer la paix, répondit calmement son aîné.
— Pour l'instant.
Un petit soupir traversa les lèvres d'Aurélien qui s'appuya contre la rambarde.
— C'est très certainement toi qu'ils vont choisir, Octave.. Tu es un bien meilleur dirigeant que moi, les gens t'aiment. Te prendre sera le meilleur moyen de nous fragiliser, de me fragiliser. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire sans toi ? Je pourrais.. je pourrais leur tendre une embuscade et ainsi nou...
Octave soupira bruyamment en attrapant l'avant-bras de son cadet pour l'interrompre. Il n'avait aucune envie de se disputer avec lui aujourd'hui.
— Nous avons déjà eu cette discussion, Aurélien.
— Mais tu te rends compte que.. tu seras une sorte d'otage politique ! S'exclama le blond en haussant la ton, reprenant son calme quels instants plus tard, résigné : J'espère que ce sera moi qu'ils vont choisir.
Un gloussement échappa à Octave qui se couvrit la bouche du bout des doigts pour se contenir.
— Je l'espère pas pour eux. Tu vas leur rendre la vie impossible.
Après un petit haussement d'épaule, le blond quitta la terrasse et marcha vers la porte. Arrivé au seuil, il tourna la talon et jeta une dague en argent sur le lit. Il arborait un sourire malicieux, ce qui inquiéta son aîné qui lui lançait, depuis la terrasse, un regard plein d'interrogation.
— J'ai ouï dire que l'héritier vampire était un dépravé. Si jamais il tente de te toucher, tu pourras lui trancher les couilles avec ça, déclara Aurélien en pointant la dague du doigt. J'en ai aussi une pour moi, au cas où.
Octave resta dans l'incompréhension pendant quelques instants avant d'éclater de rire en même temps qu'Aurélien. Puis, leur fou rire terminé, les deux frères se quittèrent pour se joindre aux préparatifs. Aurélien se chargea d'organiser la sécurité du palais. Durant les semaines précédentes, il s'était assuré de renforcer la sécurité du royaume. À un tel point que les tribunaux furent presque tous engorgés. Il y avait eu une grande opération de nettoyage, non seulement pour garantir la sécurité du peuple, mais aussi des invités ce soir. Octave quant à lui supervisait principalement la cour, là où les invités allaient être reçus. Un banquet était organisé en leur honneur. Tout cela constituait un budget monstrueux. Il avait fallu faire venir les meilleurs cuisiniers, décorateurs, mais aussi acheter de nouveaux meubles, refaire la salle du trône. Un budget que le brun aurait préféré dépenser dans la création d'écoles et d'hôpitaux.
Ce n'est qu'en fin de journée que le blond rejoignit son aîné, posté devant leurs trônes : deux chaises, richement décorées et collées l'une à l'autre. Une sculpture représentant l'emblème de la famille les surplombait. Il s'agissait d'un dragon noir taillé dans de l'obsidienne et aux yeux flamboyants de rubis. Les trônes étaient naturellement placés en évidence et en hauteur, de sorte à impressionner toute personne s'adressant aux deux souverains.
— Tu as fait un excellent travail. Tout est parfait, déclara le plus jeune en regardant autour de lui.
— Il faut bien, vu tout le monde que l'on va accueillir. Ne prends aucune arme sur toi, averti l'aîné en regardant durement son petit frère.
— Toutes ces mondanités me fatiguent, mais je ferais un effort. Je ne voudrais pas déclencher une guerre. Même si j'ai terriblement envie de leur montrer que nous ne sommes pas faibles, rétorqua le blond en levant les yeux vers leur emblème familial.
Un petit silence s'installa. Un silence rapidement brisé par Octave :
— Tu ferais mieux d'aller te changer. Hors de question que tu te présente en armure.
Malgré sa petite taille, le brun se mit à pousser son frère qui ne résista pas et se laissa sagement traîner vers la sortie.
— Peut-être que si nous sommes trop repoussants, ils nous laisseront tranquilles ! Argumenta le blond tout sourire.
— Que tu es exaspérant.. Je plains ta future femme !
— En ce moment, je suis un peu plus porté sur les hommes vois-tu..
— N-non, ne commence pas.. je ne veux rien savoir de ta vie sentimentale !
— Qui a parlé de sentiments ?
Octave écarquilla les yeux et poussa plus fort pour se débarrasser au plus vite de son frère trop sulfureux. Il le jeta à l'extérieur de la salle de trône, ne voulant pas en entendre davantage.
— Va te préparer !
— d'accord, d'accord..
Aurélien leva les mains en l'air signe qu'il se rendait. Puis, il esquissa un sourire en coin.
— « Que tu es pudique..! je plains ta future femme. »
Octave s'élança vers son petit frère pour le taper, mais ce dernier esquiva le coup et courut pour lui échapper. Au final, Aurélien écouta tout de même son grand frère et se rendit dans ses appartements pour s'apprêter. Le cœur n'y était pas, mais il n'avait pas d'autre choix.
Faites qu'on me choisisse.. Octave ne mérite pas ce cruel destin.. Pria Aurélien en se regardant dans la glace, une fois vêtu de ses plus belles parures.

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Le serment des éternels [MxM]
Fantasía[PUBLICATION LENTE] « Les vampires s'engageront à être les alliés des humains. En contre partie, le roi des vampire prendra pour époux un membre de la famille royale humaine. Tout les héritiers du trône à venir se verront accordé le même privilège à...