Le serment des éternels [MxM]

Chapitre 7

Octave ne savait plus vraiment où donner de la tête. Cette soirée était pour le moins qu'on puisse dire, mémorable. Lui comme son frère avait manqué de mourir. Ils n'auraient jamais soupçonné Théodore d'être derrière tout ça. Ce dernier était comme un troisième frère pour eux ; lui et Aurélien avaient fait l'école militaire ensemble et Octave les avait vu grandir ensemble. Il avait pratiquement élevé Théodore alors...

— Je ne comprends vraiment pas comment il a pu nous faire ça...

— Il avait peur, lui répondit Aurélien.

Aurélien s'approcha d'Octave et lui tendit une tisane à base de plantes exotiques. Octave prit la tasse dans ses mains et sentit les arômes avant de l'apporter à ses lèvres pour goûter. Aurélien esquissa un petit sourire en voyant les yeux de son frère s'écarquiller. Octave trempa à nouveau ses lèvres dans sa boisson, buvant plusieurs petites gorgées avant de relever la tête :

— C'est vraiment bon, qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il, curieux.

— Camille me l'a donné pour toi, déclara Aurélien en haussant les épaules. Il m'a dit qu'il en prenait pour réduire son stress durant sa période d'examens, expliqua-t-il.

— Camille ? Releva Octave.

Aurélien se racla la gorge, évitant un instant le regard de son frère qui le regardait avec un sourire jusqu'aux oreilles :

— Le prince Camille, se corrigea le blond, gêné.

Octave retint de justesse un rire puis resta silencieux, savourant à la fois sa victoire sur son frère et sa tisane qu'il sirotait tranquillement, accoudé à la balustrade. Dire que le matin même, il se tenait là, un café dans les mains et des doutes plein la tête. Ce soir, la seule différence était le contenu de sa tasse.

Il s'agissait sans doute de la dernière fois qu'il allait profiter de la vue depuis la terrasse de ses appartements ; il y avait la fontaine de marbre dans laquelle Aurélien barbotait, enfant, les fleurs que sa mère cueillait et glissait dans ses cheveux et les arbres que son père avait plantés de ses mains.

Quitter sa patrie pour un autre pays inconnu, quitter son quotidien paisible pour une vie nouvelle, quitter son frère et sa seule famille pour un mariage. Tant de doux souvenirs qu'il devait laisser derrière lui pour en créer d'autres. Il maudissait Mikaela de lui avoir imposé ce choix.

Rester ou partir.

Aurélien finit par s'éclaircir de nouveau la gorge, se reprenant du mieux qu'il pouvait. Il essayait de rester maître de lui-même, de masquer son embarras, d'étouffer son désir, de bâillonner ses sentiments comme un roi devrait. Seulement, à chaque fois qu'il repensait à Camille, à la malice dans son regard, à la douceur dans son touché, à la sensualité dans tous ses faits et gestes, il n'était plus que l'ombre d'un roi.

Aurélien avait conscience qu'il s'agissait certainement d'une simple histoire d'un soir. Camille devait sans doute le voir de cette manière et lui-même ne devrait pas espérer plus. Il avait toujours été un inconstant et n'avait jamais rien connu d'autre que les aventures frivoles et les conquêtes dérisoires ; les hommes et les femmes qui s'offraient à son bon vouloir sans qu'il n'ait vraiment à faire grand effort. Camille ne devrait pas être si différent des autres et pourtant...

— Dit moi, reprit Aurélien en essayant de rester concentré sur l'essentiel : où est-ce que j'en étais ?

— Mh, je ne sais plus, marmonna Octave en faisant mine de réfléchir. Ah si, ça me revient, tu étais en train de défendre ton meilleur ami qui nous a pratiquement tué tous les deux ce soir, annonça-t-il sur un ton sarcastique.