2. Prétentieuse

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Elle m'a lâchée. J'ai vraiment du mal à y croire. À une semaine des championnats du monde de danse sur glace à Londres, Joanne a décidé de me lâcher et de nous disqualifier. Tout ça pour quoi ? Pour aller s'envoyer en l'air avec sa meuf à l'autre bout du pays ? Quelle connasse !

On a travaillé ensemble pendant douze ans et me revoilà au point de départ. Douze ans de ma vie foutue en l'air. J'ai mal, je me sens trahi. Les projets pour lesquels on a consacré tellement d'heures d'entraînement, tellement d'énergie... Tout ça réduit au néant, en une phrase.

« Je m'en vais, Sam. » m'a-t-elle dit quelques jours à peine après avoir foulé le sol du palais des sports de Londres. Ni plus, ni moins.

Je vais vraiment en baver pour trouver une partenaire potable. J'en suis d'ailleurs au quatrième essai avec une danseuse différente mais rien à faire. Mary n'est pas précise dans les séries de pas donc c'est mort. Je suis probablement trop dur avec ces patineuses. Mais merde quoi ! Je suis un patineur de rang mondial, je peux pas me permettre une patineuse médiocre si je veux espérer aller aux Jeux Olympiques d'hiver.

Après qu'elle m'ai abandonné sans réelles raisons pour New-York, je ne pouvais pas rester à Portland. C'est là qu'on a bâti notre carrière. La sienne surtout. Me voilà maintenant à Denver depuis trois mois. Je me suis dit qu'en me rapprochant du centre olympique j'aurais plus de chance de trouver une nouvelle patineuse compétente. Tu parles.

C'est la première fois en douze ans que je me retrouve seul et c'est... bizarre. Comme s'il me manquait un membre.

Joanne me manque.

Je ne connais personne en dehors de ma mère et des patineuses de Denver. Celles avec qui j'ai travaillé jusqu'à maintenant sont médiocres mais il faut dire qu'elles sont un bon coup. Le sexe me permet de relâcher la pression que j'ai accumulée depuis le départ de Joanne et mon emménagement à Denver. Pas d'attache, juste du sexe, et deux êtres humains satisfaits à la fin. Pas de sentiments. Jamais.

Je suis assis dans le vestiaires des hommes, quand ma mère – qui n'est autre que ma coach – déboule, le visage sévère. J'ai 24 ans et j'ai toujours aussi peur quand elle m'engueule. La honte.

— Sam Richard Anderson, ce n'est pas comme ça que je t'ai élevé, s'énerve-t-elle en levant son index vers moi.

Elle s'assied près de moi et me tire l'oreille pour me réprimander.

— Sam, chéri je ne plaisante pas. Soit plus indulgent avec tes partenaires ! Tu ne peux pas retrouver douze ans de travail avec Joanne en trois mois, ça prend du temps.

— Aïe ! Maman arrête, tu me fais mal ! J'ai plus neuf ans ! protesté-je. J'y peux rien, regarde Mary, elle est pas précise. Et les trois autres d'avant savent à peine faire un twizzle correct.

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