1. Les championnes ne pleurent pas

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Mars 2022, Londres, Royaume-Uni


Un dernier conseil, un dernier geste affectueux de la part de mon entraîneur et me voilà lancée sur la glace. Le public est complètement déchaîné : la foule scande mon nom et agite le drapeau américain lorsque j'apparais sur la surface lisse. Mon cœur, lui, bat au rythme des applaudissements. L'air froid et l'adrénaline glissent le long de mes bras simplement recouverts par les manches transparentes de ma robe, provoquant une légère chair de poule. Je salue les juges et la foule avec un immense sourire, prête à conquérir le monde. Je m'immobilise au milieu de la piste et prend ma pose de départ tandis que la ferveur du public redescend. Bientôt, les premières notes de mon programme libre résonnent dans l'immense palais des sports de Londres.

Les championnats du monde séniors. Mes tout premiers, à 22 ans. Après plusieurs années de préparation, j'y suis enfin, avec une seule idée en tête : remporter la médaille d'or mondiale. Ce métal précieux que je veux voir autour de mon cou depuis tant d'années, en plus de l'or olympique.

Aujourd'hui est ma consécration. Après avoir remporté de nombreuses compétitions internationales de prestige, il est enfin temps pour moi de jouer dans la cour des grands. Les spots lumineux font scintiller les strass de ma robe verte et argentée qui volette sous mes figures.

Je ne pense plus à rien en dehors de ma chorégraphie. Les applaudissements du public au fur et à mesure que j'exécute mes pirouettes et mes sauts, me réchauffent le cœur et m'encouragent davantage à aller décrocher ma médaille.

Vient le saut dont je suis le plus fière : le quadruple axel. Aucune femme ne l'a encore tenté en compétition, et encore moins réceptionné. Je me focalise sur les conseils avisés de mon entraîneur : une puissante impulsion de la jambe droite pour prendre de la hauteur et de la rapidité. C'est un pari extrêmement risqué de par sa difficulté pourtant, je le réussis à chacun de mes entraînements et c'est mon plus gros atout dans cette compétition.

Un, deux, trois : saute !

Je prends mon élan et effectue quatre rotations et demie avant ma réception.

Mais rien ne se passe comme prévu.

Mon pied dérape et je chute lourdement. La dernière chose que je sens avant de sombrer dans un trou noir, c'est mon crâne qui se brise lorsqu'il entre en contact avec la glace.


***


De nombreux sons résonnent autour de moi. Les mêmes bips répétitifs et incessants qui accentuent un peu plus la douleur qui pulse dans mes tempes. Je veux ouvrir les yeux mais je n'y arrive pas. Intérieurement, j'angoisse. Je me sens prise au piège dans mon propre corps, dans une pièce sans issue dont les murs se referment sur moi. Qu'est-ce qui m'arrive ? Mes paupières sont lourdes, comme scellées avec de la colle. Tout mon corps semble lui aussi lesté par du plomb. Je lutte, mais chaque tentative rend la pression dans ma tête insupportable. Je geins de douleur, sans savoir si quelqu'un m'entend.

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