Ils étaient des dizaines, des centaines, ou bien des millions, mais rien n'importait plus que leur portée réelle sur mon monde. Ils étaient cauchemars, maladies, guerres et apocalypse. Ils avaient été créés dans l'unique but de nous effrayer, de nous faire suer, de faire ressurgir en nous le pire, le mal-être et l'inavouable. Ils avaient été créés pour nous anéantir, nous exterminer.
Mais dès que je posais les yeux sur eux, c'était mon propre reflet dans leur carrosserie rutilante qui venait à m'effrayer. Plus rien ne serait jamais comme avant, plus rien ne pourrait faire revenir les jours heureux.
— Il y avait des géants de fer qui nous méprisaient de toute leur hauteur, tel le Colosse de Rhodes à son apogée, ils étaient partout !
Refermant son livre avec ferveur, Kelly, bien décidé à maintenir le suspense à son paroxysme, scruta les réactions dans l'assemblée, mais ne récolta que quelques sourires en coin et des rires nerveux. Elle pouvait raconter ce qu'elle voulait, des choses insensées, ils la comprenaient. Kelly reposa alors son livre, son propre ouvrage, au-dessus de la pile branlante dans le coin de la pièce, et vint se réinstaller dans le fauteuil qu'elle occupait depuis le début de l'heure. Ou le début de la journée ?
C'était bien trop compliqué.
Elle vit passer Mathias, Louison, Aymeric et Rini, mais ne comprit pas où ils pouvaient bien aller. Et elle les vit revenir, le visage de Rini toujours aussi fermé, mais ceux de ses compères un peu plus souriants qu'à leurs habitudes.
— Hé ! Qu'avez-vous fait ?
Aymeric haussa les épaules, Louison nia comme une tarée. Pas comme celle qu'elle était, trop facile. Rien, rien. Ils n'avaient absolument rien fait bon dieu !
— Rini ! Rini, dis-moi !
— Rini elle va beaucoup mieux, laisse-la alors !
— Parce-que tu crois que c'est moi qui peux la dézinguer à nouveau ?!
— Oui ! Oui ! Toi ! Hurla finalement Louison. Toi et tes histoires à dormir dehors !
— Et oh ! T'es bien contente de les entendre mes histoires à crécher dehors quand t'es toute seule Louison !
Louison lui tira la langue et prit Rini sous son bras afin de la tirer en dehors du champ de vision de la rouquine. Celle-ci se mit à tirer la tronche, et ignora tout bonnement les appels de Mathias. Jusqu'à ce que celui-ci la bouscule volontairement afin de la tirer de sa bouderie infantile.
Parce-que Kelly n'était pas une tarée, non c'est trop compliqué, c'est bien plus facile de rester une enfant !
— Tu devrais aller t'excuser auprès des filles, ou leurs desserts risquent de te passer sous le nez un bon bout de temps.
Kelly est une enfant, et les enfants adorent les desserts.
— Quoi ? Elles refusent toujours de manger du sucre ?
— Seulement au diner !
Kelly grimaça. Imbéciles ! Elles n'étaient que des imbéciles !
— Bien plus facile de se priver de sucre que de sexe ! Hurla-t-elle.
Bien plus facile. Et puis vous avez le choix au moins. Kelly pensa alors au soldat, au vétéran, aux yeux trop bleus dans le fond de la salle de lecture l'épiant sous toutes les coutures.
Elle allait sûrement se priver de sucre elle aussi, pour compenser, afin d'éviter de trop y penser. Se priver de quelque chose pour oublier l'autre qui la bouffait de l'intérieur.
— Mathias, le sucre c'est fini. Elles ont raison les deux tarées.
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Le colosse de Rhodes rêvait de toucher les étoiles | JARHEAD ONE-SHOT
FanfictionRien n'arrivait assez tôt pour Swofford. Rater le coche, sa fenêtre de tir, perdre une occasion favorable de tirer. Feu, feu, feu... Pas de fin. Son histoire n'avait jamais trouvé sa fin et celle du vétéran non plus. Elle était resté dans le désert...