Chapitre 8 ─ Complices amphibies

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POV : Henry

Installé devant une tasse de thé déjà froide dans la bibliothèque du manoir, je feuilletais un livre déjà relu au moins une vingtaine de fois. Réciter les passages avant même de les avoir lus était la seule occupation que j'avais trouvé ce soir.

Honnêtement, depuis la signature du Serment Rouge, notre quotidien était passé de meurtres, combats, dénichage d'informations et espionnage à strictement rien. Arthur avait proposé d'adopter un chien tant il s'ennuyait. Idée très vite refusée par William qui jugeait un peu précipité de mettre une vie entre nos mains après en avoir pris autant.

Il avait tout de même réussi à intégrer des lapins dans la vie familiale pendant près d'une semaine avant que Nicholas ne suggère d'en faire un ragoût. Après une expression faussement choquée, Arthur avait décidé de les relâcher dans la forêt, essentiellement, car on avait voté à l'unanimité que ce serait à lui de nettoyer le manoir si on retrouvait à nouveau l'une de ces billes brunes à l'odeur douteuse dans nos vêtements.

Et depuis, c'était le retour de l'ennui pur et dur. Non pas que nous regrettions les années passées à assassiner les Élitiens, loin de là, mais il fallait avouer que rester cloîtré dans le manoir avec cinq frères devenait progressivement insupportable.

Bientôt il nous faudrait le quitter, puisque le Serment Rouge nous laissait juste quatre mois pour préparer le départ du royaume Astrien. Et même si les deux aînés recherchaient activement des solutions pour notre ─ ou "nos", dans la meilleure des options ─ futur logement, chacun appréhendait un peu la suite des événements.

Voilà plusieurs décennies que nous n'avions pas quitté le royaume Astrien, mais surtout, nous avions peur que, même éloignés du pays, les gens reconnaissent nos visages. Alistair avait suggéré de quitter le continent, de cette façon, nous pourrions nous déplacer librement sans craindre un mouvement de panique à chaque fois que nous baisserions nos capuches, mais, pour être honnête, l'idée, bien que la plus sûre, ne plaisait à aucun d'entre nous.

Et puis, pour quitter le continent, il fallait emprunter la voie maritime, et le seul port dans le royaume Astrien qui réalisait d'aussi longs trajets se trouvait à Soleil. Donc, soit nous empruntions le navire d'un royaume voisin ─ ce qui nécessiterait tout plein de documents difficiles à se procurer lorsqu'on était un criminel de guerre ─, soit nous nous rendions en plein cœur de la capitale pour tenter de négocier un trajet.

Deux options inenvisageables. William avait avoué amèrement regretté de ne pas avoir pensé à ce problème avant de négocier les clauses du Serment. Mais bon, c'était signé, et on trouverait bien un moyen. Le tout était d'éviter de se retrouver à vivre sous un pont.

Et pour le coup, même Arthur était d'accord, il fallait trouver une solution. Enfin, il avait beau être d'accord, il ne s'en préoccupait pas plus que ça. Trop occupé à se plaindre ou à se disputer avec Tybalt, il finissait souvent la semaine à errer quelque part dehors, loin du manoir.

Il fallait dire que ces dernières semaines avaient été éprouvantes pour la fratrie. L'épisode "Olivia" avait jeté un froid entre nous durant les premiers jours suivants son départ, puis la situation s'était calmée à l'arrivée du nouveau problème de déménagement. Mais Arthur et Tybalt ne s'entendaient plus. Certes, il n'y avait jamais eu de relation saine et paisible entre eux, mais elle s'était davantage détériorée après ça. Et ils s'étaient finalement lancés dans une guerre d'égo au grand dam de toute la fratrie qui n'osait pas s'en mêler.

On préférait les laisser régler leur histoire eux-mêmes, sans prendre le risque de jeter de l'huile sur le feu en prenant parti de l'un ou de l'autre. Chose qui arriverait forcément si on finissait par aborder le sujet avec eux.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 14, 2022 ⏰

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