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Vous me connaissez... enfin, vous allez me connaître.
Caractère bien trempé, et plutôt rentre-dedans.

Alors forcément, quand je reçois une demande d'ami chelou, sans photo de profil, avec trois amis en commun... je rentre dedans direct, sans filtre :
« On se connaît ? T'es qui ? »

Réponse :
« Doucement Princesse, y'a pas de quoi s'énerver. C'est Adel. »

Adel.
C'était lui.
Le surveillant qui avait signé mon mot, celui avec qui je discutais en récré, avec qui j'avais découvert une dizaine de connaissances en commun, celui qu'on retrouvait à chaque pause comme si c'était devenu une habitude.
Et oui... mon surnom, c'était « Princesse ».

Alors évidemment, je lui demande ce que c'est que ce compte féminin à la con.
Il m'explique, tranquille : il voulait garder l'anonymat, que c'était un vieux compte qu'il utilisait pour parler uniquement avec sa sœur. Rien de plus.
Il me demande aussi de ne rien dire, surtout pas qu'il avait un compte Facebook et qu'on se parlait en dehors du collège. Parce qu'à cette époque, ça pouvait lui coûter son taf et le diplôme qu'il préparait en parallèle.

Je le rassure direct. Je lui dis qu'il pouvait dormir tranquille, que ce qui se disait ici, restait ici. Peu importe ce qu'il se passerait.

Puis il m'annonce qu'il partait en congé.
J'vais pas vous mentir... ça m'a saoulée.
On avait pris nos petites habitudes, et l'idée qu'il soit pas là pendant une semaine, c'était relou. Clairement.

La semaine démarre sans lui, mais on se parle quand même un peu tous les jours.
Je vais pas vous mentir, je trouvais ça chelou. Je commençais à sentir qu'il se passait un truc pas net dans ma tête. Mes sentiments faisaient des allers-retours, et je me posais mille questions.
Est-ce qu'il était là parce qu'il était juste sympa et qu'on s'entendait bien, ou est-ce qu'il restait là parce que, quelque part, c'était un peu réciproque ?
J'étais perdue.

Cette semaine-là, on a passé nos soirées à parler, à gratter un peu plus dans le passé de l'autre, à se découvrir un peu plus chaque jour.

Et puis, on arrive au vendredi soir.
Le vendredi, c'était le jour où je partais chez mon père. Mes parents étaient séparés et, à cette époque, j'entretenais une relation plutôt bancale avec lui.
Zéro communication, zéro démonstration, rien. C'était froid. Mais j'y allais, parce que c'était mon père,  c'est tout.

Comme d'habitude, il nous prépare à manger à ma sœur, mon frère et moi. Et ensuite, il part chez sa « copine ».

Je me connecte sur Facebook.
Et là, je vois qu'Adel m'avait laissé plusieurs messages. Il se demandait où j'étais passée. J'avais dû partir en vitesse sans le prévenir.

Et puis vient ce message. Celui qui a tout changé :

« Princesse, tu dois être occupée. Je dois partir en urgence. Si je réponds pas, t'en fais pas. Si jamais t'as besoin de quoi que ce soit, je te laisse mon numéro (06...). N'hésite pas. Prends soin de toi. À très vite. »

Ce message-là, c'est celui qui a fait basculer notre relation.
Clairement.

-A la poursuite de mon destin-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant