Prologue

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D'aussi loin que je me souvienne, il a toujours été là saisissant mon estomac, broyant mes mots et m'étouffant, me procurant toujours plus fort ce long supplice de suffocation. Il pouvait naître de tout d'un regard trop insistant, d'un sourire, d'une intonation ,d'un geste. Il me hurlais tantôt de fuir ou de rester pétrifiée quelque fois il lui est arrivé de me réduire au silence et de me laisser tomber lâchement. Cette relation toxique entre lui et moi est aussi nécessaire que douloureuse. Elle fait fuir ma raison, mes sentiments mes envies, elle contrôle le moindre mot le moindre rire et sourire. Il est la je le sens dans un recoin de mon être, a l'affût du moindre prétexte pour me faire doucement plonger avec lui. Et quand des fois j'inspire et que je ne sens plus l'étaux de ses mains autour de mon cou il m'arrive naïvement de croire que je l'ai vaincu. Puis, de nouveau, il suffit d'une action, d'un sentiment, d'une défaite pour qu'il revienne plus là que jamais comme pour me rappeler que quoi qu'il ce passe je ne suis pas libre. Je ne suis pas libre de rire sans me sentir coupable, pas libre de courir sans manquer d'air, pas libre d'être moi sans perdre les autres, pas libre de vivre sans mourir, un petit peu plus chaque jour. Peut être que toi aussi tu connais ce réconfort subtil des larmes brûlantes qui dévalent tes joues devant un film, mais pas seulement par compassion, c'est cette vague immense et puissante qui te retourne l'estomac et te terrasse aussi salvateur que la torture, tu vie enfin un peu.

L'autre qui n'est pas moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant