TW: Sexe & violence.
De ce que j'avais compris, Sophie allait prendre ma place, surveillant mon frère lors de ses repas. Bien sûr, je m'étais vivement opposée, leur faisant bien comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un rendez-vous amoureux ou de quelque chose de romantique mais bien d'une sortie primordiale et dangereuse.
J'avais eu beau leur expliquer, mes mots n'avaient pas l'air de résonner dans leurs esprits d'adolescents en chaleur. J'avais l'impression d'être la grande méchante de l'histoire, celle qui se mettait en travers du chemin de leur grand amour digne des plus grandes tragédies shakespearienne.
Je ne pouvais rien faire d'autre qu'accepter étant donné que mes cris d'alertes étaient ignorés.
J'étais en colère, furieuse de voir tous mes efforts si malmenés par la personne pour qui j'avais fait toutes ses choses.
Je n'avais qu'une envie, attraper mon frère et le secouer dans tous les sens en lui rappelant que s'il en était là, c'était grâce à moi, mais je ne voulais pas être ce genre de personne.
C'était mon frère, c'était normal que je fasse ce genre de sacrifice, et puis c'était moi qui m'étais accrochée à lui, moi qui avais cherché un moyen de le sauver alors qu'il s'était déjà préparé à mourir. Je ne pouvais que m'en prendre à moi-même.
C'était comme si la Mort avait senti que mon frère lui avait échappé et lui chuchotait toutes les nuits à l'oreille des mots doux pour le faire flancher, pour qu'il se jette lui-même dans le vide. C'était dur à regarder, surtout que je ne pouvais rien y faire. Je n'allais tout de même pas attraper mon frère, l'attacher dans une cave et venir le nourrir jusqu'à la fin des temps. C'était ce que j'avais en tête, mais je ne pouvais pas le faire, même si j'en avais très, très envie.
J'ai noyé ma frustration et ma colère en lavant furieusement le sol du manoir de Carmilla, m'y rendant tous les jours à la même heure sans faute.
Quand j'étais avec elle, j'avais tendance à ne plus penser à tout cela. Quand je me trouvais aux côtés de la vampyr, je me surprenais à respirer un peu mieux, comme si être avec elle me déchargeait du poids du monde.
J'avais l'impression que le monde disparaissait quand je croisais son regard, que nous étions les deux seules âmes restantes dans ce monde. L'idée me plaisait presque trop, être seule, avec elle, rire à ses mots, admirer son corps de déesse et son esprit ancien.
J'aimais tout chez elle, même les côtés sombres que je ne pouvais pourtant pas accepter de voir sur mon frère. Perdais-je la tête ? Comment pouvais-je être attirée par elle ? C'était un monstre, une tueuse. Il y avait tout un tas de filles au village, des filles comme moi, mais alors pourquoi est-ce que c'était Carmilla qui avait retenu mon attention ? Qui hantait mes rêves les plus intimes ?
Je me surprenais à retenir ma respiration à chaque fois que nos corps se frôlaient, à me languir de ses regards et de ses sourires. J'étais folle, complètement folle mais je ne pouvais pas arrêter cette chose dans mon cœur d'enfler, surtout parce que je ne le voulais pas. C'était agréable, de ressentir autre chose que la peur et l'anxiété, agréable de sentir cette chaleur dans mon ventre et sur mes joues quand nos regards se croisaient. Je n'attendais même pas à ce qu'elle me retourne mes sentiments, j'étais tellement habituée à aimer en secret que je ne pouvais que me résoudre à ce que mon coup de cœur meurt étouffé dans ma poitrine.
Aujourd'hui, nous avions fini le grand nettoyage, le manoir brillait enfin de mille feux. On respirait mieux, je n'avais plus l'impression de plonger mon nez dans une pile de poussière, seuls les cadavres demeuraient dans le hall.
VOUS LISEZ
Vampyr
VampireLaura, vingt ans, n'a plus que son petit-frère, Maximilien, comme famille. Malheureusement, la mort ne semble pas vouloir épargner son entourage, son frère étant fragile de naissance. Si elle ne veut pas que son petit-frère meurt, elle va devoir de...