acte deux

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  Attelé au rivage de leur être, l'artiste sent ses jours s'amoindrir face au torrent de ses sentiments. Il émerge de ses nuits aux rêves ombrés de réel pour s'accrocher à ses éveils illusoires, et sentir un peu plus longtemps les lèvres d'un amant imaginaire contourner sa mâchoire.

À chaque aurore, quand le regard de sa muse se farde des soleils élévateurs, son cœur se troue d'un amour maudit. Puis chaque matin Hongjoong se crève les yeux pour devenir une vulgaire satire d'œdipe qui ne voulut jamais voir les vices, et pour ne jamais avilir la noblesse de ce corps inanimé (qui ne vit qu'à travers ses yeux).

Ah ! Artiste endeuillé ! Vois comme l'injuste Aphrodite trouble ta toile ! Poudrer tes lèvres de ces pigments égarés, d'astres morts qui se sont échoué à la beauté de ton fabuleux tableau ; ils n'amèneront jamais la vie que tu aurais souhaiter. Aucune déesse ne te couve dans ta misère, et la mère du désir déchaîne ces tourments car tu as toujours été indigne à prostituer ainsi tes émotions.

𝐋𝐄𝐒 𝐄̂𝐓𝐑𝐄𝐒, et leur souffles raisonnés (ah ! car ils sont les Lumières !)
Qui est-il, ce Seonghwa dont tu fait trembler les éloges ? Il n'existe que dans tes chimères lucides, et à travers ces desseins qui écrasent sa poitrine, et ces étoiles... des restes de ta réalité qui nuent ses cuisses...

𝐇𝐎𝐍𝐆𝐉𝐎𝐎𝐍𝐆, et le théâtre qui l'aurait fait passer pour Pygmalion
Allons, allons, gardez vos sottises et vos airs ébahis pour quand il vivra au-dessus de vous. Vous, foules incertaines, et vos idées sulfureuses qui s'ambrent de désillusions, ne rendront pas l'obscurantisme à mes songes ; je sais que Seonghwa, mon amant, vient du paradis ! Je sais qui il est, et qu'il est. Jamais vos figures brumeuses ne le rendront invisible.

𝐋𝐄𝐒 𝐄̂𝐓𝐑𝐄𝐒, foulent les sols de la révolte en des hurlements de détresse
Foutaises ! Tes fantômes ne vivent que sur tes paysages !

𝐇𝐎𝐍𝐆𝐉𝐎𝐎𝐍𝐆
Les foules ne parlent pas.

Sans une once de remords, la réalisation de ses paroles écorche les murs de l'atelier, les maux ricochent entre les rayons brouillés et toute la pièce souffre soudainement d'un long silence ; l'ange les enivre éternellement. Séraphin dans ses draps opalins, la muse se fige sur sa toile droite. L'empyrée jalouse cette magnificence ; mais les êtres ont plongé leurs têtes sans visage dans la cécité de leur athéisme, et voilà comment ils témoignent de l'artiste et son obsession folâtre.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 16, 2022 ⏰

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