Chapitre 4

395 16 1
                                    

Je sursaute à la voix de mon petit frère. Ce n'est que lui, donc c'est bon. Je m'assois sur l'herbe fraîche en invitant Armin à me suivre dans mon geste. 

Il s'exécute et j'attends qu'il prenne la parole, ce qu'il fait rapidement :

- Je savais que j'avais une sœur mais j'ai toujours cru qu'elle était morte. Je suis ravie que tu ne le sois pas.

- Merci, répondis-je en rigolant.

- Tu veux bien me raconter ce qu'il s'est passé ?

- Bien sûr.

Je regarde attentivement le ciel noir qui est rempli d'étoiles. C'est magnifique. Je commence donc mon long récit :

- Comme je te l'ai dit, je suis partie parce que grand-père s'épuisait à la tâche et qu'il ne pouvait même pas manger. Je me suis éclipsée une nuit comme celle-ci et je me suis dirigée vers le mur Rose. Malheureusement, je me suis faite attrapée par un soldat et j'avais oublié mes papiers. Il m'a balancé dans les bas-fonds pensant que je m'étais enfuie de là-bas. Je souris en me rappelant cet épisode de ma vie. J'ai passé un an à voler quand j'ai rencontré Livaï et sa clique. Je les ai espionnés pendant un an, les admirant de loin.

- Pourquoi ne pas avoir parlé avec eux ? Demande-t-il avec curiosité.

- Malgré qu'ils aient à peu près le même âge que moi, j'avais peur et j'étais très timide. Eux étaient forts et j'étais l'inverse. Bon, Livaï m'avait repéré depuis le début et quand il en a eu marre, il m'a attrapé et m'a demandé des explications avec sa sympathie habituelle.

Armin ricane doucement à l'entente de ma phrase. Je pense que Livaï ne changera jamais sur ce point.

- Grâce à Isabel et Farlan, j'ai réussi à m'incruster dans leur groupe sans que Livaï ne me fasse la peau. Pendant trois longues années, nous étions inséparables. Nous nous entraînons comme des fous avec un seul rêve commun, sortir de cet enfer qui étaient les bas-fonds.

- Qu'est-ce qu'il s'est produit au bout de trois ans ?

- Livaï, Isabel et Farlan ont disparu. Le lendemain de mes dix-neuf ans. Sans un mot, rien. Je me suis retrouvée à nouveau seule dans les bas-fonds. J'ai réussi à y sortir trois ans après grâce au juge Zackley.

Armin ingurgite toutes les informations que je viens de lui donner en hochant la tête, les sourcils froncés. Je fais pareil quand je réfléchis. 

Je souris en observant toujours le ciel jusqu'à ce que mon frère me pose une question qui m'oblige à le regarder :

- Quel était ta relation avec le Caporal Livaï ?

- Euh.. Comment t'expliquer cela ? Pour commencer, j'avais réussi à me faire accepter par lui au bout d'un an. À mes dix-huit ans, on a organisé une fête avec de l'alcool. J'étais tellement heureuse de cette soirée là. Ils avaient volé un gâteau et du vin au bar du coin. On a rigolé toute la nuit avant que Isabel et Farlan s'écroulent de fatigue. Je n'étais pas fatiguée, étant insomniaque, et j'ai longuement discuté avec Livaï. Ce soir-là, notre relation avait pris un tournant plus personnel que de l'amitié.

Il ouvre la bouche de surprise, comprenant où je veux en venir.

- On a continué pendant un an pile notre relation. Jusqu'à ce dernier soir. Je suis partie me coucher avec lui et le lendemain, ils avaient tous les trois disparus.

- Cela a dû être dur, murmure-t-il.

- En effet. Isabel et Farlan étaient mes meilleurs amis et Livaï.. C'était.. Un meilleur ami avec un plus si tu vois ce que je veux dire. Moi, je l'aimais mais dans ce monde, l'amour est comme interdit. Nous n'avons pas le droit d'aimer au risque de souffrir en voyant mourir celle ou celui qu'on aime plus que tout. Et j'avais franchi cette ligne avec ton Caporal. Il ne l'a jamais su. Pour lui, on s'amusait juste.

Je retourne à la contemplation des étoiles en soupirant.

- Je voulais m'échapper de mon passé mais c'est trop tard. Toi, Livaï et même Isabel et Farlan en une seule journée. Si j'avais imaginé cela en me levant ce matin, je serais certainement restée au lit.

Sans rien dire, Armin me prend dans ses bras. Je lui rends avec plaisir son étreinte en souriant doucement. 

C'est rare que je laisse quelqu'un me toucher mais je sais, au fond de moi, que j'avais envie de revoir mon frère. 

Ce dernier a tellement grandi mais il a gardé sa bouille toute mignonne. C'est déjà ça. 

Ensuite, il me raconte son histoire. Ses meilleurs amis, Eren et Mikasa, l'attaque de Shiganshina par le Colossal, sa fuite pour rejoindre le mur Rose, notre grand-père envoyé aux friches, son entraînement durant trois longues années pour enfin arriver à l'attaque de Trost. 

Il en a vécu des choses le petit frère. Normalement, les jeunes recrues ne devaient pas choisir de corps d'armées avant le mois prochain mais les commandants ont préféré accélérer au vu de la dernière attaque et du jeune Eren qui peut se transformer en titan. 

Ce qui fait qu'il est actuellement dans le bataillon d'exploration. Il me parle de ses craintes et je lui parle des miennes. On rattrape doucement ces treize années de séparation. 

On finit par se lever et aller se coucher. Sauf que je n'ai aucune idée d'où je dors. Merde. 

Bon, je retourne dans la cuisine et je tombe sur le Major Erwin en compagnie du Caporal Hanji. Ils sont avec Livaï, Isabel et Farlan. 

Je fais mon plus beau salut militaire que j'ai en stock et je me sers un verre d'eau rapidement. Isabel me saute sur mon dos et me demande :

- Où étais-tu ?

- Avec Armin, on discutait dehors.

- Tu dois être ravie d'avoir retrouvé ton petit frère dont tu nous parlais tant.

- En effet. Ça fait du bien de le revoir, répondis-je, un léger sourire sur les lèvres.

- Au fait !

Je sursaute au presque hurlement de mon ancienne meilleure amie et elle continue en disant :

- Bon anniversaire ! C'est aujourd'hui n'est-ce-pas ? Bon, il est minuit passé et j'aurais pu te le dire  tout à l'heure mais te voilà, donc j'en profite. Que dis-tu de le fêter ce soir ?

Je réfléchis et je dis d'une voix sombre :

- J'avais oublié que c'était aujourd'hui. C'est gentil mais ça fait des années que je ne l'ai pas fêté et je n'aime pas le faire.

Un silence s'installe dans la pièce et je secoue vivement la tête en buvant mon verre d'eau avant de faire un faux sourire à l'assemblée. 

Le Caporal Hanji prend la parole pour détendre l'atmosphère :

- Et dis nous Jade, as-tu des enfants et un mari ? Après tout, c'est de ton âge.

Je rigole doucement à sa phrase.

- Tu n'es pas si vieille que ça Caporal Hanji. Mais non. Je me concentre sur ma carrière. Et puis, une personne m'a dit une fois que l'amour dans ce monde n'avait pas lieu d'être et, même si je n'étais pas d'accord avec cette personne à ce moment-là, je le crois dorénavant.

Je crois que j'ai encore une fois laissé un vent froid dans la pièce. Je pose mes yeux sur Livaï qui a les yeux écarquillés. Forcément, cette phrase vient de lui.

- Mais tu n'as jamais voulu être mère ? Et je suppose que cette personne se trouve dans cette pièce et il ne faut pas l'écouter, c'est un gros naze, explique Hanji.

- Si je l'ai toujours rêvé. Comme du grand amour ou des conneries dans ce genre mais ce n'est pas la réalité des choses. Ce monde est cruel et nous ne pouvons rien espérer à part la liberté. D'ailleurs quand j'ai failli être mè..

Je m'arrête de suite en plaquant rapidement mes mains sur ma bouche. J'ai failli faire une bourde. 

- 1319 mots - 

QUAND LE PASSÉ VOUS RETROUVE ( LIVAÏ X OC )[ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant